Entretien avec Les Murray, LE journaliste sportif qui a marqué l’histoire du football australien (soccer comme ils disent ici).
Quel bilan tirez-vous du parcours de l’Australie en Coupe du monde au Brésil?
Malgré les trois défaites face au Chili, aux Pays-Bas et l’Espagne, les Socceroos ont montré un beau visage au monde entier. Il faut savoir que le coach actuel Ange Postecoglou n’est entré en fonction qu’au mois de novembre et n’a dès lors eu que quelques mois pour mettre sur pied une équipe compétitive. L’Australie, qualifiée par la petite porte pour le Mondial, était dans un triste état. L’ancien sélectionneur allemand Osieck s’est contenté de baser son équipe sur les anciennes gloires de l’épopée de 2006 sans préparer la nouvelle génération. Aujourd’hui, de nombreux jeunes joueurs ont une expérience inestimable en Coupe du monde. C’est de bon augure pour l’avenir de cette équipe.
L’équipe autralienne a en quelque sorte fait du sur place ces dernières année… La nomination d’un coach australien était-elle la solution?
La nationalité du coach m’importe peu mais il fallait quelqu’un qui comprenne la mentalité australienne basée sur le courage, la volonté et surtout la certitude que rien n’est impossible peu importe l’adversaire. L’équipe australienne ne sait pratiquer qu’un jeu offensif, jouer pour la gagne. Les deux derniers sélectionneurs (Verbeek et Osieck) n’ont jamais compris cela et ont forcé l’équipe à jouer contre nature. Un jeu défensif marqué par un trop grand respect de l’adversaire. Ange Postecoglou est ’homme idéal pour reconstruire une équipe jeune, attractive et ambitieuse.
La prochaine échéance, c’est la Coupe d’Asie des Nations en janvier 2015 en Australie. Cela pourait être un événement crucial dans l’évolution du soccer australien?
En effet, les attentes son énormes ici. Même si je pense que la compétition vient peut-être un peu trop tôt pour notre équipe, nous sommes capables de remporter ce tournoi de haut niveau. Les équipes asiatiques ont peut-être raté leur mondial brésilien mais elles vont revenir très rapidement dans le gratin mondial. Une bonne prestation, et donc au moins une finale, va inciter les jeunes australiens à se mettre à la pratique du football.
Les Australiens sont conscients que le foot est le sport le plus important au monde (ndlr: l’émission sportive de SBS s’appelle d’ailleurs The World Game). Nous souhaitons apprendre des autres pour réussir et devenir une nation qui compte dans le monde du football.
Quel est le niveau de votre championnat, la Hyundai A League?
Il ne peut actuellement pas rivaliser avec les nations européennes et même asiatiques. Il faut savoir que même si le championnat est en constante progression, les salaires sont limités ici et tant que cette règle est imposée par la Fédération, nous n’aurons pas les moyens de conserver ou attirer des joueurs de grand calibres. Aujourd’hui, nous attirons des anciennes gloires comme Del Piero, Ono, Heskey ou Gallas,… mais ce n’est pas suffisant. Une éclaircie pourrait venir de Melbourne. Les propriétaires de Manchester City ont décidé d’investir dans le club de Melbourne City (anciennement Melbourne Hearts) et d’attirer des joueurs comme David Villa ou Damien Duff. Cela prouve que le championnat australien est intéressant à leurs yeux.
Justement, l’apprentissage doit-il passer par une expatriation de vos jeunes talents?
Actuellement c’est une nécessité. Les joueurs australiens doivent espérer jouer rapidement dans l’un des grands championnats européens pour acquérir de l’expérience à un haut niveau. Même si physiquement, mentalement et techniquement nos joueurs sont parés, ils doivent grandir tactiquement. Le championnat belge, même si il ne fait pas partie du top 5 européen, peut être une étape intéressante. La Belgique a toujours été une terre d’accueil pour nos joueurs avec Okon, Vidmar, Farina dans le passé ou Ryan et Troisi aujourd’hui.
DH.be – François Vantomme
Discussion à ce sujet post