Le Courrier Australien a eu l’opportunité de retrouver l’ambassadeur de France en Australie, Christophe Penot, afin de faire le bilan de l’année 2017 et le point sur les perspectives prometteuses de 2018.
Que retenez-vous de 2017?
Il faut souligner que la France vit une période exceptionnelle dans la relation bilatérale avec l’Australie et que l’année 2017 y a contribué de manière particulièrement importante.
L’événement majeur de 2017 a été la visite de notre ministre des Affaire étrangères, Jean-Marc Ayrault qui a signé avec son homologue australienne Julie Bishop un accord de partenariat stratégique rehaussé entre la France et l’Australie. Je souligne aussi la visite importante du premier ministre australien Malcom Turnbull en juillet à Paris pour rencontrer le président Macron.
Cette année 2017 peut être considérée comme une année de consolidation de nos relations avec notamment la mise en place du contrat des sous-marins, de nombreuses visites dans le domaine de la défense et de la sécurité, la coopération exemplaire dans le Pacifique sud de nos deux marines avec, par exemple, l’arrestation de bateaux transportant de la drogue à destination de l’Australie ou le succès de l’accord à coopération FRANZ pour venir en aide au Vanuatu.
Cette année 2017 a aussi été très prolifique en termes de développement économique avec la visite d’une délégation du Medef en Australie, de l’European Business Council EABC à Paris et l’organisation de nombreux séminaires ou Business Forums.
J’applaudis enfin les différents succès de sociétés françaises qui ont bénéficié d’une très belle couverture médiatique. Je pense entre autres à Neoen, dans le domaine des énergies renouvelables en Australie du Sud, ou au rachat de la chaîne de distribution australienne Westfield par le groupe franco-européen (n°1 de l’immobilier commercial). Ces opérations contribuent à l’image positive de la France.
Quelles seront les prochaines étapes attendues en 2018 concernant le contrat des sous-marins ?
Nous allons entamer un processus assez long. Le programme des sous-marins se poursuit dans les délais impartis et l’installation du chantier à Adélaïde suit son cours.
La prochaine étape se déroulera au premier trimestre 2018, elle concerne la signature du contrat de conception qui va permettre de lancer la phase d’étude de réalisation du premier sous-marin. Ensuite, il faudra créer un écosystème, une chaîne industrielle, former du personnel,…
Il n’y aura rien de très visible pour le grand public avant la phase de construction. Quelques familles françaises sont déjà arrivées en Australie mais il faut rappeler que la quasi-totalité de la main d’œuvre sera australienne
L’Australie bénéficie en effet d’une cote d’attractivité importante auprès des Français…
C’est exact ! En 2017, plus de 20.000 Français ont visité l’Australie avec un Visa Vacances Travail (Working Holiday Visa), le nombre de Volontaires Internationaux en Entreprise (VIE) est également en constante augmentation, nous avons d’ailleurs prévu d’augmenter les quotas de VIE en Australie de 100 à 200 ! Mais cette attractivité est réciproque, la France comptabilise plus d’un million de touristes australiens. C’est énorme quand on sait qu’il y a environ 25 millions d’habitants en Australie.
Revenons à 2018, l’agenda « franco-australien » s’annonce intense…
En effet, le calendrier politique sera très chargé avec notamment les visites du secrétaire général des Affaires étrangères Maurice Gourdault-Montagne en février, de la ministre des Armées, Florence Parly, en mars et probablement en mai du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour renforcer notre coopération dans le domaine universitaire et développer nos échanges économiques puisqu’il sera accompagné par une délégation du Medef…
Je tiens aussi à évoquer les événements culturels qui mettront la France à l’honneur en Australie. Le Festival du film français de l’Alliance française qui débute en mars, l’exposition de « La dame à la licorne » à l’Art Gallery of New South Wales à partir du 10 février ou « Colours of Impressionnism » à l’Art Gallery of South Australia fin mars ainsi que la grande exposition Cartier à Canberra.
L’Australie est aujourd’hui l’un des partenaires les plus importants pour la France…
En effet, l’Australie est un des pays du monde en dehors de l’Europe avec qui nous avons la plus forte proximité. En plus de défendre les mêmes valeurs, nos activités communes sont de plus en plus nombreuses.
A travers ce contrat des sous-marins, nous établissons une vraie relation de confiance qui est très rare avec un pays non-européen. Il est la preuve d’une volonté politique de travailler ensemble. Il existe aussi beaucoup d’opportunités au niveau technologique pour nos entreprises leaders.
Qu’est-ce que la population française d’Australie peut attendre concrètement de 2018 ?
Le consulat général et les conseillers consulaires travaillent constamment à l’amélioration des services à la communauté française. Cependant, nous ne devons pas attendre de nouveautés majeures dans les prochains mois.
L’éducation est une priorité. Le dynamisme de notre réseau éducatif avec un nombre croissant d’écoles françaises en Australie est remarquable. 13 de nos établissements sont des structures australiennes ! C’est assez unique et intéressant car dans ce modèle, nous sommes gagnants-gagnants. En ce qui concerne les récentes discussions sur les réductions de budget accordé à l’AEFE, je ne suis pas inquiet. Le fait que les élus apportent un soutien fort à l’AEFE est fondamental.
Des évolutions attendues concernant le Visa 457 ?
L’introduction du 457 cristallise les incertitudes, puisqu’une entreprise qui recrute un expatrié qualifié n’aura pas de visibilité sur la durée de son séjour au-delà de 2 ans. Les chambres de commerce française et américaine se sont mobilisées pour expliquer que ce nouveau visa risquait d’être pénalisant pour nous… mais aussi pour les entreprises australiennes qui pourront paraître moins attractives. Nous continuons à mettre la pression sur ce point. Les Australiens doivent faire un premier bilan au premier trimestre.
A propos de la Chambre de Commerce, d’aucuns évoquent une fusion entre Business France et la FACCI. Est-ce un scénario envisagé ?
Team France continue sur la voie qui a été tracée par mon prédécesseur.
Tous les partenaires (les conseillers du commerce extérieur, l’ambassade, la Chambre de Commerce- Facci, Business France) travaillent en concertation afin de clarifier le rôle de chacun et éviter des concurrences inutiles.
La fusion entre Business France et Facci serait une illusion. Elle est impossible juridiquement car la Chambre de Commerce dispose d’un statut privé au contraire de Business France. La Chambre et Business France se concentrent sur ce qu’elles peuvent respectivement apporter aux entreprises en Australie et aux PME en France qui souhaitent s’établir ici.
Un dernier message à nos compatriotes?
Tous mes vœux aux compatriotes en Australie. Je leur souhaite beaucoup de réussite dans leurs activités personnelles et professionnelles et du bonheur. Je crois qu’ils peuvent être fiers de ce que la France fait dans ce pays. Nous construisons un vrai partenariat stratégique et avons acquis une relation de confiance forte.
C est aussi leur rôle au quotidien d’entretenir et de développer cette relation.
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