Les autorités serbes ont renoncé à un projet d’exploitation d’une mine de lithium qui devait être réalisé par la compagnie Rio Tinto, a annoncé jeudi la Première ministre Ana Brnabic après des semaines de protestations d’écologistes.
Cette décision surprise du gouvernement serbe intervient à quelques mois d’élections législatives et présidentielle, probablement au printemps, l’administration du président Aleksandar Vucic cherchant à avoir le soutien des électeurs, l’opposition au projet étant aussi nourrie par un ressentiment rampant contre le gouvernement.
« Nous avons satisfait toutes les revendications des protestataires et mis un terme à Rio Tinto en Serbie », a déclaré Ana Brnabic lors d’une déclaration retransmise par la télévision d’Etat (RTS).
« Tout ce qui est lié au projet Jadar est terminé », a-t-elle ajouté, se référant au nom de la vallée située dans l’ouest de la Serbie où devait être exploité ce gisement.
Le géant minier anglo-australien Rio Tinto projetait d’exploiter une des plus importantes réserves de lithium d’Europe, située dans l’ouest de la Serbie, près de la ville de Loznica.
Le dossier est néanmoins devenu un des principaux sujets politiques dans le pays, où des milliers de personnes se sont jointes à des manifestations d’opposants à ce projet.
Les écologistes, comme les habitants de la région concernée, accusaient Rio Tinto et le président Vucic d’agir dans le plus grand secret et de refuser de publier les rapports d’impact environnemental. Ils craignaient que la région soit dévastée par l’extraction du métal.
Le régime du président Vucic est aussi accusé de fermer les yeux devant les dangers environnementaux que pourraient provoquer certains projets d’investisseurs étrangers.
– Des semaines de manifestations –
Des semaines durant, des milliers de manifestants ont bloqué une autoroute à Belgrade et les principaux axes routiers dans plusieurs villes de Serbie pour exiger que le gouvernement renonce à ce projet.
De vastes réserves de lithium, élément essentiel dans la composition des batteries de voitures électriques, ont été découvertes dans la région de la ville de Loznica (ouest).
Le géant minier anglo-australien a acheté des terres dans cette région et attendait d’obtenir le feu vert final des autorités pour commencer l’exploitation de cette mine.
Ces réserves ont été découvertes en 2004 et la société projetait d’investir 2,1 milliards d’euros.
Avec en ligne de mire les prochaines élections, M. Vucic a récemment tenté de calmer les esprits en promettant d’amender ou de retirer des lois accusées par les protestataires de favoriser le projet, et en soulignant que rien n’était joué.
En début de semaine, Ana Brnabic a déclaré que le gouvernement était prêt à faire face à une éventuelle plainte en justice de Rio Tinto en réaction à l’annulation du projet.
Jeudi, elle a souligné que les autorités serbes n’ont « jamais signé de contrat » avec Rio Tinto.
D’après Rio Tinto, le gisement est en mesure de produire assez de lithium pour alimenter plus d’un million de véhicules électriques par an.
Les constructeurs automobiles du monde entier sont engagés dans une course vers l’électrique et la demande « d’or blanc » devrait s’envoler.
La seule Union européenne estime que ses besoins en lithium seront multipliés par 18 en 2030.
Au cours des dernières années, Rio Tinto a été associé à des controverses. Plusieurs hauts responsables de la compagnie ont du démissionner après que leur entreprise a dynamité en 2020 un site vieux de 46.000 ans considéré comme sacré par la communauté aborigène en Australie.
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