La reine Elizabeth II va devenir début septembre la souveraine britannique au règne le plus long, un record qu’elle compte fêter sans faste, en se consacrant à ses engagements publics.
Le 9 septembre, elle dépassera les 63 ans et 216 jours sur le trône de sa trisaïeule, la reine-impératrice Victoria, au pouvoir entre 1837 et 1901, à environ 16H30 GMT.
L’heure exacte a été difficile à définir car son père le roi George VI est décédé dans son sommeil, à une heure non connue.
C’est sans chichi ni cérémonie que la souveraine compte fêter ce record. Elle sera en Ecosse, son lieu de villégiature estival habituel, où elle inaugurera une nouvelle ligne de chemin de fer.
Une activité à l’image d’un règne dont la maîtrise de soi et le sens du devoir ont constitué les maîtres-mots. Un style hérité de son père et son grand-père George V.
Pour l’historien David Starkey, la reine a « établi un record d’intégrité irréprochable », et elle est « immensément respectée ».
« Elle tient son rôle avec une certaine dignité. Dans cette ère de déballage émotionnel, elle a régné de manière… légèrement désuète », estime-t-il.
– Changements sociaux –
Andrew Gimson, qui a récemment publié une histoire des monarques britanniques depuis 1066, constate qu' »il est inhabituel d’être couronné jeune et de vivre très longtemps ».
En général, « soit le roi ou la reine n’est pas couronné jeune soit ils le sont mais meurent également jeunes », dit-il à l’AFP.
Selon lui, le règne d’Elizabeth II « sera vu comme un accomplissement incroyable, pour être parvenu à rester si solidement sur le trône tout au long d’une période marquée par tant de changements sociaux et économiques majeurs ».
Tandis que le règne de Victoria a vu le rayonnement britannique atteindre son zénith avec un empire mondial et une expansion industrielle triomphale, celui d’Elizabeth a été largement celui de la contraction et du rétrécissement de l’horizon du pays.
Il a été marqué par la reconstruction de l’après Seconde Guerre mondiale, le démantèlement de l’empire et le rapprochement avec l’Europe, un effondrement économique dans les années 1970 et une croissance retrouvée dans les années 1980, les « troubles » en Irlande du Nord, l’émergence d’une société moins révérencieuse et une immigration de masse qui ont changé le visage du pays.
Dans les années 1990, la reine a affronté une crise grave avec les divorces de trois de ses quatre enfants et une incompréhension totale des Britanniques face à son absence de réaction face à la mort de la princesse Diana, en décalage avec l’immense émotion populaire. Mais elle a su regagner leurs faveurs.
Le record qu’elle établit signifie aussi qu’il y a maintenant quatre générations qui cohabitent au sein de la famille régnante, une première depuis Victoria.
– ‘Gentillesse et humour’ –
Le fils aîné de la reine, le prince Charles, 66 ans, détient aussi un record national: celui de l’héritier en devenir à l’attente la plus longue. Il occupe en effet ce titre depuis ses trois ans.
Derrière lui figurent son fils aîné, le prince William, puis le fils aîné de celui-ci, le prince George, âgé de deux ans.
Pour Judith Rowbotham, chercheuse attachée à l’université de Plymouth, la reine « a été si longtemps sur le trône qu’il est difficile d’imaginer le pays sans elle ».
Dans la préface de « Elizabeth II: The Steadfast », une nouvelle biographie de la reine écrite par l’ancien ministre des Affaires étrangères Douglas Hurd, William présente sa grand-mère comme « un modèle de vie au service » du peuple.
Sur une note plus personnelle, il salue « sa gentillesse » et « son sens de l’humour ».
Outre le Royaume-Uni, la reine est le monarque de 15 pays dont le Canada, l’Australie et la Jamaïque.
Bien qu’elle soit la souveraine la plus âgée au monde depuis la mort en janvier à 90 ans du roi Abdallah d’Arabie saoudite, ce n’est pas elle qui a le record du règne le plus long au niveau mondial.
Il est détenu par le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej, âgé de 87 ans, qui est monté sur le trône en 1946.
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