En tant que principal ambassadeur de la République Française en Australie, le Consulat de France est un rouage essentiel dans la représentation des citoyens hexagonaux au sein de l’île-continent. L’éventail de ses missions est large, puisque le Consulat doit assurer concomitamment le rôle de mairie, de préfecture et d’organe de protection des Français d’Australie. Nicolas Croizer, Consul Général de France en Australie depuis 2015, a accepté de nous recevoir afin d’évoquer l’institution qu’il dirige. Comment protéger et administrer efficacement les ressortissants français dans un pays qui fait quinze fois la taille de la France ? Elements de réponse en quelques minutes.
Ci-dessous, l’interview accordée par Mr Croizer au Courrier Australien !
Bonjour, Monsieur Croizer. Depuis combien de temps êtes-vous Consul Général de France en Australie ?
Je suis consul depuis presque quatre ans. J’ai pris mes fonctions à la fin août de l’année 2015. Le mandat d’un consul général étant de trois à quatre ans, j’arriverai bientôt au terme de ma mission.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre mission ?
Elle est aussi vaste que la circonscription que l’on couvre ! La circonscription, c’est l’Australie, mais aussi la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Fidji. Le consulat général, c’est d’abord une sorte de mairie, de préfecture. Il est possible d’y déposer une demande de visa dans le cas des citoyens étrangers, mais aussi, pour nos concitoyens, de renouveler son passeport ou d’effectuer les démarches relatives à l’état civil. Il nous faut, enfin, assurer la protection des Français de l’étranger et de leur sécurité. En définitive, c’est une mission assez globale, avec le défi de la représentation de la France à l’étranger.
Cette mission comprend-t-elle également la promotion de la francophonie ?
Je pense qu’on est tous, dans nos différents métiers, promoteurs de la francophonie. Il est important de promouvoir le français, notamment lorsque l’on se déplace dans les écoles pour y mettre en avant l’apprentissage de la langue.
Est-ce que vous vous déplacez beaucoup dans le cadre de votre travail ?
Effectivement, il faut se déplacer. En effet, l’activité consulaire n’est pas qu’à Sydney. La communauté française tourne autour de 27 000 inscrits environ, est beaucoup plus large. Elle est très importante à Melbourne, à Brisbane, à Perth, à Cairns, en Tasmanie. Des Français sont présents partout. Pour moi, il s’agit donc de pouvoir aller à leur rencontre, mais aussi de soutenir le travail extraordinaire qui est effectué par nos consuls honoraires. C’est un travail d’équipe.
Les consuls honoraires, ce sont les représentants du consulat dans les autres villes ?
Ce sont des représentants de l’activité du Consulat Général. Ils ne peuvent pas tout faire, bien évidemment, parce qu’ils sont étrangers. Mais ils sont en première ligne pour structurer le fait français et la communauté sur place. Ils ont aussi des contacts quotidiens et importants avec l’ambassade, sur toutes les questions de rayonnement économique, culturel…
Combien de personnes travaillent pour le consulat ?
Le consulat à proprement parler, c’est une quinzaine d’agents pour une circonscription qui est grande comme quinze fois la France ! C’est vous dire le rapport de proportion. Aujourd’hui, on parvient davantage à dématérialiser certaines procédures. Cependant, il est toujours nécessaire de vérifier que les documents sont valables et de traiter le fait humain, notamment pour les situations d’urgence.
Combien de ressortissants français y-a-t-il en Australie à l’heure actuelle ?
On dénombre environ 60 000 Français enregistrés. Il y a aussi un peu de moins de 100 000 touristes de passage chaque année, sans compter les non-déclarés et les binationaux. J’encourage tout citoyen français à s’enregistrer auprès du consulat. La démarche peut être faite directement en ligne, sur le site service-public.fr. Cela nous permet d’avoir une photographie claire du nombre de ressortissants, mais aussi de les connaître pour être plus à même de les protéger.
Vous avez souligné la présence de risques. On sait que l’Australie est un environnement assez hostile pour le touriste non averti, vous arrive-t-il de fait de rencontrer des difficultés particulières lorsqu’il s’agit de préserver les ressortissants français ?
L’enjeu principal est la prévention. Il faut que l’expérience en Australie soit la plus bénéfique possible, et pour cela, des rudiments d’anglais, une bonne couverture d’assurance, et un peu d’argent sont indispensables. Lorsque l’on veut se rendre dans des endroits qui sont un peu isolés, il faut prendre le temps de prévenir sa famille, que ce soit par téléphone, par Facebook ou par divers médias sociaux. L’Australie n’est pas toujours couverte, notamment dans les territoires les plus reculés. C’est pour cela que l’on a souvent affaire à des Français de passage disparaissant de la couverture du réseau pendant quelques jours. Cela peut inquiéter les familles, et il faut le prendre en compte. On a des moyens d’intervenir, pour être en contact avec les familles et vérifier qu’il n’y a pas eu de nouvelles données. Lorsque le silence se fait plus persistent, on prend contact avec les autorités de police pour qu’elles puissent mener à bien la recherche. Mais cela doit être nécessaire et dûment justifié.
Quel bilan tirez-vous de ces quatre ans à la tête du Consulat Général ?
C’est absolument formidable de pouvoir mettre en œuvre le changement quant aux procédures administratives, l’adapter à la distance et de pouvoir travailler avec le concours des communautés françaises. Mais je ne suis pas seul, je suis entouré d’une équipe. Il y a aussi les volontaires, les associations comme French Assist… C’est sur cette solidarité que repose la réussite du dispositif. Ce réseau forme une « équipe de France » dont le but est de couvrir la plus large part du territoire.
Propos recueillis par Pierre-Alexandre Bigel
N’oubliez pas de suivre Le Courrier Australien sur Facebook et Instagram, et de vous abonner gratuitement à notre newsletter. Des idées, des commentaires ? Une coquille ou une inexactitude ? Contactez-nous à [email protected].
Discussion à ce sujet post