Deux décennies après d’intenses brutalités policières à l’encontre de la communauté LGBTQ+ australienne lors du premier Mardi Gras de Sydney en 1978, la police a commencé à participer au défilé en signe de solidarité.
Cependant, lundi, la police à été vivement encouragée à ne pas défiler à la suite d’allégations selon lesquelles un policier aurait assassiné deux hommes : Jesse Baird, avec qui le policier avait déjà eu une relation, et Luke Davies, le partenaire de la première victime.
Les défenseurs des droits de l’homme, qui militent depuis longtemps pour l’absence de la police lors du défilé, soutiennent que les allégations de harcèlement et de meurtre du couple ont été la goutte de trop.
Vendredi dernier, le lendemain du jour où la police a révélé qu’elle avait de sérieuses inquiétudes quant à l’endroit où se trouvaient Davies et Baird après que leurs effets personnels ont été retrouvés couverts de sang dans une benne à ordures de la banlieue est de Sydney, le sénateur Beau Lamarre a été inculpé pour les meurtres.
Selon la police, le couple a été tué lundi dernier par Lamarre au domicile de Baird, à l’aide de l’arme de poing qui lui a été attribuée par les forces de l’ordre. Lamarre aurait loué une camionnette blanche pour se débarrasser des corps, qui ont maintenant été retrouvés.
L’affaire, qui s’est déroulée à quelques jours de Mardi Gras, a profondément choqué la communauté LGBTQ+.
« Il est presque impossible de décrire le sentiment de la communauté en ce moment, c’est une quantité écrasante de chagrin et de colère », a déclaré Charlie Humphries, de Pride in Protest, à la presse mardi.
Lundi, Karen Webb, commissaire de police de la Nouvelle-Galles du Sud, a qualifié l’affaire de « crime passionnel ». Elle s’est ensuite excusée après que ces commentaires eurent suscité de vives critiques, expliquant qu’ils visaient à distinguer l’affaire d’un crime de haine à l’encontre des homosexuels. Cependant, Evan Zijl, membre de Pride in Protest, a affirmé :
« Le commentaire suggère qu’il y a une incompréhension fondamentale de la part de la police sur la façon dont les relations dans la violence domestique fonctionnent »
Justin Ellis, criminologue à l’université de Newcastle qui s’est intéressé aux crimes de haine contre les homosexuels, a déclaré que la décision de ne pas inviter la police après les meurtres présumés ne pouvait être considérée en dehors d’un contexte plus général. Selon lui, un certain nombre d’autres problèmes ont semé le mécontentement vis à vis de la police.
Une étude a révélé que la police n’avait pas enquêté correctement sur les crimes de haine commis à l’encontre des homosexuels en Nouvelle-Galles du Sud entre 1970 et 2010, et qu’elle devait rétablir la confiance avec la communauté LGBTQ+. La police doit encore s’engager à mettre en œuvre les recommandations du rapport, mais dimanche, dans une déclaration à plusieurs médias, M. Webb a présenté ses excuses pour la conduite de cette dernière lors de l’enquête sur les décès.
Certains, comme Diana Fieldes, 78er (terme utilisé pour désigner les manifestants du premier Mardi Gras), se sont montrés méfiants quant au moment choisi pour présenter ces excuses : « Ils n’ont pas présenté d’excuses lorsque le rapport a été publié à la fin de l’année dernière.”
Le premier ministre de l’État, Chris Minns, a soutenu le défilé de la police, déclarant que ne pas le faire serait un pas en arrière. Alex Greenwich, député indépendant de Sydney et membre de la communauté LGBTQ+, a déclaré qu’il respectait la décision du conseil d’administration du Mardi Gras, ajoutant qu’elle n’aurait pas été prise à la légère, mais qu’il pensait également que la police devait défiler.
La police fédérale australienne a publié un communiqué mardi en fin de journée indiquant que ses agents ne participeraient pas à la parade :
« Cette décision n’a pas été prise à la légère, mais nous sommes conscients de ce que certains membres de la communauté pensent de l’uniforme bleu.”
Michael Gardiner, officier de police du Queensland, dont la femme l’a emmené à sa première parade du Mardi Gras en 2004, quelques jours après qu’il lui ait révélé son homosexualité, craint que la décision du Mardi Gras ne punisse injustement « ceux qui travaillent dur pour faire changer les choses ».
Discussion à ce sujet post