Du 3 au 20 août prochains, le célèbre Melbourne International Film Festival revient en ville pour une 66ème édition toujours aussi riche et variée. 68 pays seront représentés à travers 358 films sélectionnés. De nombreuses conférences, expériences de réalité virtuelle et discussions seront également au rendez-vous. Au total, 18 salles permettront aux spectateurs d’en prendre plein les yeux.
Dans ce tourbillon de possibilités, la Française Chloé Brugale, qui dirige une maison de production à Melbourne, nous livre un éclairage forcément subjectif. Elle nous parle de son expérience passée au MIFF et nous dévoile la liste de ses envies pour ce cru 2017, une sélection à suivre.
« Pour moi, le MIFF est le festival le plus important d’Australie. Non seulement sa sélection combine le meilleur de l’année écoulée, partout dans le monde en matière de cinéma, mais il propose aussi un marché du film qui attire de nombreux professionnels. » Néanmoins, impossible de le comparer à Cannes qui draine toutes les plus grandes stars. Le MIFF est moins spectaculaire… mais beaucoup plus accessible. Une différence notable et appréciable. A Melbourne, tout le monde peut profiter du programme. On peut acheter un pass illimité ou pour 10 séances. « L’atmosphère est particulière. Quand j’emmène mon fils, par exemple, il sait que ce moment est spécial. »
Lorsqu’elle travaillait au MIFF, Chloé était en charge de la programmation famille et jeune public, ainsi que des courts-métrages. « A l’époque, outre la directrice artistique Michelle Carey, nous étions plusieurs à nous repartir le travail, selon les spécialités de chacun, mais avec une ligne forte chaque année. Documentaires, séries, cinéma de genre, animation… étaient ainsi répartis en fonction des penchants et expertises. » Chloé imagine que l’organisation doit être similaire aujourd’hui. Toujours avec l’aide de bénévoles et avec un gros travail de logistique assuré par une personne dédiée.
Il y a bien sûr une cérémonie d’ouverture puis de clôture, mais le MIFF ne remet de prix… qu’aux « shorts » (courts-métrages). Une particularité, mais aussi un tremplin. Non seulement il y a de l’argent en jeu, mais le film peut aussi, s’il est primé à Melbourne, être retenu pour les Oscars. En effet, il faut être récompensé par un festival « accrédité » pour avoir une chance d’être sélectionné. Pas facile de sortir du lot !
Cette année, comment Chloé a-t-elle accueilli le programme ? « Toujours avec le même plaisir et la même excitation. Il y a tellement de choses qui me donnent envie. » Elle présente deux films, via la maison de production qu’elle dirige aujourd’hui, mais elle en visionnera une dizaine qu’elle a déjà choisis par ailleurs. « Dans mes critères de sélection, explique-t-elle, je retiens d’abord ceux qui ont peu de chances d’être distribués ici. » Pas les têtes d’affiche donc, même le dernier Terrence Malick ou Robin Campillo. « Ensuite, j’essaie de varier les provenances. » Voir dix films européens serait réducteur par exemple.
Pour nous, elle accepte néanmoins de livrer son best-off, même si elle ne garantit pas qu’il plaise à tout le monde. A défaut de suivre ses conseils, elle recommande le système d’aide au choix du site du MIFF. Etonne-moi, fais-moi peur, choque-moi, aide-moi à apprendre… le cinéma répond à toutes ces injonctions et bien d’autres encore. Le MIFF vous le prouvera. Toute sa force réside-là.
Le mini-programme de Chloé Brugale
1-Félicité d’Alain Gomis
« Un film franco-sénégalais, Grand Prix du Jury au festival de Berlin. Le réalisateur a été comparé aux frères Dardenne que j’aime beaucoup. L’histoire raconte le parcours d’une mère qui doit trouver comment financer l’opération de son fils. J’attends un beau portrait de femme et une bande-son exceptionnelle. »
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2 – The Giant de Johannes Nyholm
« Le premier long-métrage d’un réalisateur dont je connais bien les premières œuvres puisque je les ai sélectionnées pour le MIFF justement, il y a quelques années. Johannes Nyholm a un humour particulier, complètement déjanté, et il utilise des techniques cinématographiques variées. »
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3- The graduation (Le Concours en version originale) de Claire Simon
« Un documentaire sur cette grande école de cinéma qu’est la FEMIS. Je suis infiniment curieuse de voir les coulisses de cette institution française d’où sont sortis certains de nos meilleurs réalisateurs.«
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4- Ivan Tsarevitch et la princesse changeante de Michel Ocelot
« On réduit souvent le réalisateur à Kirikou et ce n’est pas lui rendre justice que d’oublier ses autres films. Avec mon fils, j’irai donc son dernier long-métrage, qui est un peu dans la lignée de « Princes et Princesses ». Un jour, il pourrait aussi être programmé dans le cadre de la French Bilingual Association dont je suis membre… A suivre ! »
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Arena Media, la société de production que dirige Chloé Brugale présente aussi deux films. Ellipsis raconte les déambulations et les rencontres sur 24 heures d’un jeune couple dans le Sydney authentique. Une comédie romantique élaborée de façon collective par le réalisateur David Wenham (vu dans Lord of the rings, Lion et 300) et son équipe, dans le cadre surprenant d’un workshop. Petit budget pour un joli résultat. Vous pourrez également voir Balibo (de Robert Conolly), film d’ouverture du MIFF 2009 qui retrace les derniers jours de cinq journalistes australiens alors qu’ils enquêtaient sur les événements survenus juste avant l’invasion indonésienne du Timor oriental. Les reporters, officiellement « disparus », ont plus vraisemblablement été assassinés ; c’est la thèse du film qui a beaucoup ému les familles endeuillées et le grand public à l’époque de sa sortie. Il est diffusé cette année dans le cadre d’une rétrospective. |
Le Melbourne International Film Festival du 3 au 20 août 2017 – Toutes les informations sont ici.
Photo en tête d’article : extrait de The Giant de Johannes Nyholm
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