Isabelle Boreham fait partie de ces français arrivés en Australie pour y passer des vacances et qui n’en est jamais repartie. 33 ans plus tard, cette parisienne formée aux Beaux-Arts s’inspire encore quotidiennement de la faune et la flore australienne pour ses créations. Celles-ci, déclinées sur papier et tissu, ont d’ailleurs trouvé leur place dans les plus prestigieux gift stores d’Australie : à Sydney au Royal Botanic Garden et à l’Opéra ; à Canberra au National Museum of Australia, à l’Arboretum et à Parliament House.
Isabelle revient pour nous sur son parcours australien et son travail.
« A 24 ans, j’avais déjà travaillé en Angleterre et aux Etats-Unis et j’avais envie de voir du pays. Lorsque je suis arrivée en Australie, au départ pour quelques mois, je m’y suis tout de suite sentie bien. Comme à l’époque, le pays manquait de dessinateurs, j’ai pu trouver facilement du travail dans un studio de Sydney — il n’y en avait que deux ou trois à l’époque — qui m’a sponsorisée pour l’obtention d’un visa de travail. Officiellement, afin de correspondre aux listes de professions en demande de l’immigration, c’était pour dessiner des chaussures ! » En fait, Isabelle crée des motifs pour des textiles destinés à la décoration ou à la mode. « Les projets étaient variés, l’environnement très stimulant » se souvient-elle.
De Billabong aux JO
Isabelle monte ensuite son propre studio avec une autre Française. Parmi ses clients, Gordon Merchant, fondateur de Billabong : Isabelle dessine ainsi les tissus des premières collections de surfwear et swimwear de cette célébrissime marque australienne !
Quelques années plus tard, Isabelle est recrutée par la société Bonds : la marque a obtenu un accord de licence de trois ans auprès du CIO pour les JO de Sydney. « C’était un travail totalement différent, avec un cadre très précis. Je travaillais directement avec le Comité Olympique qui était basé à Sydney et c’était passionnant. C’est dans ce cadre que j’ai dessiné les uniformes des porteurs de la flamme olympique ! » se souvient-elle avec fierté.
Le bush comme source d’inspiration
Dans les années 2008, le milieu de la mode en Australie est secoué par une forte crise. Implantation de magasins européens, importations, vente en ligne… Isabelle n’est pas épargnée et perd son emploi. Elle décide alors de monter sa propre activité et crée La Source Australia en 2010. Après des années de travail créatif, certes, mais encadré, Isabelle se trouve face à un nouveau challenge : développer son propre projet. « Je passais alors beaucoup de temps dans notre propriété de 40 hectares de bush au sud-ouest de Sydney. C’est en observant mon environnement, la flore, la faune qui me fascine depuis mon arrivée dans ce pays, que j’ai trouvé l’inspiration. »
Très sensible au chant des oiseaux australiens, elle avoue : « Les Kookaburas, par exemple, vivent en couple. Ils ont certainement plein de choses à se dire ! » Les créations d’Isabelle représentent toujours des endroits qu’elle connaît, parmi lesquels les plus emblématiques d’Australie : Opéra de Sydney,J’imagine souvent qu’ils se racontent des histoires. Les
Parliament Hill de Canberra… et même Tour Eiffel de Paris ! Elle les anime ensuite par la présence d’un ou deux oiseaux natifs qui se regardent et dont on peut aisément imaginer l’échange. Ces scènes colorées et pleines de vie, elle les compose à partir d’esquisses faites sur place ou de photos, en mixant différents médias : dessin, peinture, thé… L’ensemble, frais et naïf, n’est pas sans rappeler le style du Douanier Rousseau : « Il fait partie de mes influences, reconnaît Isabelle, avec Turner pour les textures des ciels et la volonté de créer une ambiance. »
Une activité éthique et durable
Les créations d’Isabelle sont ensuite déclinées sur plusieurs supports : des impressions d’art en édition limitée (200 exemplaires) numérotées et signés, des cartes cadeaux, des calendriers, des torchons et sacs en tissu…Après avoir été témoin de nombreuses délocalisations, Isabelle a opté pour une activité « éthique et durable » : la plupart de ses produits portent le label « Made in Australia ». Dans les faits, Isabelle va encore plus loin : « Je travaille en circuit court. J’imprime une partie de mes éditions d’art dans mon studio ; pour les autres supports, je confie l’impression à de petites imprimeries familiales de Sydney. Et je livre moi-même les différents points de vente. » Isabelle veille à ce que les encres utilisées soient les moins polluantes possibles, utilise du papier recyclé et apte à être archivé et des enveloppes issues d’une usine de recyclage de Sydney. Papier, coton, lin : tous les matériaux sont naturels. « Je ne veux surtout pas que mes produits polluent la
planète lorsque les gens s’en débarrasseront. »
Une affaire de famille
En 2013, Mélanie Beresford, peintre et fille cadette d’Isabelle, cherche un emploi. Isabelle lui ouvre grand les portes de La Source Australia. « Nous travaillons ensemble deux à trois jours par semaine dans notre studio, principalement sur de
grosses commandes » Que pense-t-elle de ce travail en famille ? « C’est très agréable car ma fille apporte un regard neuf et m’aide sur de gros projets » — Isabelle est notamment sollicitée pour la création de grands tapis aux motifs floraux typiquement australiens, qui orneront des halls d’hôtel. « Et maintenant, on peut même dire que trois générations collaborent au sein de La Source : ma petite-fille a deux ans et participe à sa manière. Par exemple, c’est en pensant à elle que nous avons créé une toise ! »
Avec l’inspiration inépuisable du bush et trois générations de femmes aux commandes, La Source Australia n’a pas fini de couler…
Karine Arguillère
La Source est présente sur le site de vente en ligne The French Market. Vous pouvez retrouver une sélection des produits proposés ici.
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