Le projet de fusion de Renault avec Fiat Chrysler et son impact sur les emplois suscitaient lundi de fortes inquiétudes à la CGT du groupe au losange, tandis que la CFDT promettait de « veiller à préserver » les effectifs.
En matière de fusion, ce sont « les salariés qui paient le prix fort » car « on sait que lorsqu’on parle de synergies », d' »économies d’échelle », cela conduit à « la suppression des doublons », à des « suppressions d’emplois » et « cela concerne à la fois les salariés de Renault et ceux de Fiat », a déclaré Fabien Gâche, délégué central CGT du constructeur automobile français, lors d’une conférence de presse.
Le constructeur italo-américain Fiat Chrysler (FCA) a affirmé lundi dans un communiqué que la fusion n’entraînerait aucune fermeture de sites de production. Il a aussi estimé à 5 milliards d’euros les synergies annuelles pouvant être générées par ce rapprochement, notamment grâce à des économies sur les achats ou la recherche et développement. Au total, 8,7 millions de véhicules seraient vendus chaque année par le groupe fusionné, classé troisième constructeur automobile mondial.
Au-delà de Renault, « il est évident que la suppression des doublons aura des conséquences sur toute la filière automobile française », dont les salariés « sont impactés par la stratégie des donneurs d’ordre », a ajouté M. Gâche, en notant qu’il était « trop tôt pour estimer le nombre d’emplois menacés » par ce projet.
Evoquant l’Alliance scellée depuis 1999 par Renault avec le groupe japonais Nissan, le syndicaliste CGT a dénoncé « les prises de participation capitalistiques » qui « n’ont pas d’impact positif sur les volumes de production et donc sur l’emploi en France ». De 2005 à fin 2018, les ventes de la « gamme historique » de Renault ont baissé « de 13% », souligne la CGT. Le deuxième syndicat du groupe relève aussi que, sur la même période, « plus de 22.000 emplois » ont été supprimés en France.
« Beaucoup de questions » quant à l’emploi
Autre analyse pour la CFDT Renault, qui juge que ce mariage « à 50% – 50% » avec FCA est « une opportunité pour Renault et l’Alliance » (avec les japonais Nissan et Mitsubishi), dans une industrie automobile gourmande en investissements.
« Les synergies de nos deux groupes avec l’Alliance nous positionneront parmi les meilleurs constructeurs mondiaux », estime le troisième syndicat du constructeur français.
Mais « beaucoup de questions restent en suspens », retient toutefois dans un communiqué la CFDT Renault, qui promet d’être « attentive ».
Le syndicat « veillera tout particulièrement à préserver l’emploi, notamment dans les sites de production et dans l’ingénierie en France ». Il souhaite aussi une gouvernance d’entreprise qui « intègre les partenaires sociaux ».
« Les salariés ont besoin de rêver et de se motiver sur un projet industriel et technologique, et non sur un projet capitalistique », a estimé sur Twitter Franck Daoût, délégué central CFDT, en plaidant pour un « renforcement de l’activité en France » et pour « la préservation de l’équilibre de l’Alliance » avec Nissan et Mitsubishi.
Si l’emploi préoccupe la CGT, le syndicat s’inquiète également du poids réservé dans le groupe fusionné à l’Etat français, actuellement premier actionnaire de Renault, dont il possède 15% du capital.
Cette part descendrait logiquement à 7,5% dans le nouvel ensemble. Pour la CGT, l’Etat doit conserver « une minorité de blocage » au sein de la future entité, afin de « faire prévaloir les intérêts français ». Le syndicat, qui craint que l’actionnaire italien ne choisisse « de privilégier sa base nationale », a demandé lundi matin un rendez-vous avec le gouvernement.
Au programme aussi pour la CGT: une réunion « dans les 15 jours » avec « tous les syndicats Renault et Fiat » en Europe.
Source : AFP
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