Pour sa vingt-neuvième édition, l’Alliance Française French Film Festival vous propose une programmation riche et bigarrée, avec une cinquantaine de long-métrages, documentaires, et même une série (Paris etc. de Zabou Breitman, notre interview ici). Pour vous aider à faire votre choix, la rédaction partage avec vous ses gros coups de coeur sans spoiler et en toute subjectivité. Des options à suivre ou à challenger en réservant dès aujourd’hui vos places à Sydney, puis Melbourne, Canberra, Brisbane, Perth, Hobart et Adélaïde, Parramatta et Casula au cours du mois à venir (cf. dates en fin d’article). Enjoy !
120 battements par minute, rage de vivre contagieuse
Paris, début des années 1990 : le SIDA se propage et tue depuis plus de dix ans, dans l’indifférence générale. A Paris, les militants d’Act Up tentent de faire bouger les choses : il faut sensibiliser, alerter les médias, dénoncer l’immobilisme politique et se battre pour le développement de traitements contre le VIH. Ce combat, c’est à la fois tout le propos et une simple toile de fond de 120 BPM. A coup sûr, vous en apprendrez beaucoup sur Act Up, ses actions et ses divisions ; mais le film de Robin Campillo n’est pas un documentaire. Act Up, c’est avant tout des hommes et des femmes, homos ou hétéros, jeunes ou moins jeunes, malades ou séronégatifs. Condamnés ou non, tous ont peur. Peur de la maladie, de l’inconnu, de la mort, aussi. Mais qu’à cela ne tienne. Le film embaume la fureur de vivre, l’envie de « faire comme si » et de lutter ensemble contre la maladie pour oublier la sienne. En réunions, on s’interpelle, on s’engueule ; en boîte, on danse et on danse encore. Les corps souffrent, mais se regardent, se touchent, s’embrassent et s’enlacent. Peu à peu, le film bascule dans l’intime, autour des figures de Nathan (Arnaud Valois), nouveau venu à Act Up, et Sean (Nahuel Perez Biscayart), la maladie dans le sang et la rage au ventre. Campillo filme leur amour éphémère comme il filme leur combat, dans un esthétisme crû et cruel. Parfaitement rythmé, porté par une bande-originale enivrante, le grand prix du dernier Festival de Cannes prend à la gorge. 120 BPM est un film beau et important, pétrifiant d’intensité et d’humanité.
Tom Val
120 battements par minute de Robin Campillo avec Arnaud Valois, Nahuel Pérez Biscayart, Adèle Haenel
Au-revoir là-haut, la Grande Guerre en clair-obscur
Dans le fracas d’un ultime assaut lancé à quelques heures (!) de l’armistice, deux soldats vont se lier d’amitié après s’être mutuellement sauvé la vie. L’un (Albert) est modeste comptable ; l’autre (Edouard) est un artiste fantasque et meurtri, fils mal aimé d’un père richissime. Ensemble, ils vont tenter de survivre jusqu’à la mise en place d’un plan audacieux, un coup de poker comme un énorme pied de nez à tous ceux qui ont aimé et profité de la guerre. Hélas, la belle arnaque va se corser avec l’intervention d’un méchant très méchant, la présence d’une orpheline très maline et un tourbillon de sentiments contradictoires qui vont entraîner les protagonistes un peu trop loin. Avec cette adaptation du roman éponyme de Pierre Lemaitre, Albert Dupontel nous propose une lecture caustique, amère mais aussi tendre et souvent drôle de l’après-guerre. Surtout, il nous offre un cadeau merveilleux : celui de redonner vie à la magie du cinéma avec une pléiade d’acteurs magnifiques pris de folie douce, des costumes superbes dont une série de masques extravagants et poétiques imaginés par Cécile Kretschmar, tout cela dans une ambiance onirique en clair-obscur qu’embrument soudain une fumée de cigarette et le souffle d’une explosion… Bref, Au revoir là-haut est un film qui, s’il évoque la guerre de 14-18, traite davantage de 7ème art, de celui pour qui rien n’est impossible : ni les coïncidences, ni les audaces, ni les excès et encore moins l’amour. On y va pour croire, réapprendre la fraternité, l’acception de soi et le pardon. Une belle leçon !
Valentine Sabouraud
Au revoir là-haut (See you up there) de Albert Dupontel, avec lui-même ainsi que Nahuel Perez Biscayart, Laurent Laffite et Niels Arestrup
Notez que cette critique est absolument détachée du livre de Lemaître, puisque son auteure ne l’a pas encore lu. Peut-être une chance pour cette œuvre uniquement visionnée d’un point de vue de cinéphile.
Barbara, le film qui (en)chante
Ceux qui attendent un biopic en seront pour leurs frais. Ceux qui espèrent un documentaire aussi. Le film de Mathieu Almaric ne ressemble à rien de connu, mais il réussit néanmoins le pari de l’incarnation avec une évocation intensément physique de celle qui fut l’une des plus grandes chanteuses françaises, la Dame en noir, auteure de pépites étincelantes : Il pleut sur Nantes, Le mal de vivre, Göttingen, Dis quand reviendras-tu, Pierre… Jeanne Balibar, joue Brigitte, une actrice qui interprète le rôle de Barbara dans un film en plein tournage. De son côté, Mathieu Almaric endosse le rôle du réalisateur dans le film que lui-même réalise. Vous suivez ? C’est un film dans le film ! Mais attention, l’actrice se confond parfois avec son sujet et, soudain, on ne sait qui du réalisateur ou du spectateur en est le plus troublé. Objet cinéphile au refrain entêtant, ce portrait en pointillé semble pourtant percer (un peu) le mystère d’une vie que l’on s’imagine faite de doutes et de passion, de tyrannie et d’excentricités, de douleurs et de renaissances… Les amoureux de la chanteuse aimeront aussi le spectacle de la femme au piano se balançant sur sa chaise à bascule ou se regardant dans le miroir. Des images qui ont la beauté fugace d’instants volés.
Valentine Sabouraud
Barbara de Mathieu Amalric avec Jeanne Balibar, Mathieu Amalric, Vincent Peirani
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Alliance Française French Film Festival : Sydney (27/02 au 27/03), Melbourne (28/02 au 27/03), Canberra (01/03 au 28/03), Brisbane (08/03 au 04/04), Perth (14/03 au 04/04), Hobart (15/04 au 24/04), Adélaïde (22/03 au 15/04), Parramatta et Casula (05/04 au 08/04). Pour en savoir plus, cliquez ici.
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