A Sydney, deux compagnies de théâtre s’adressent aux francophones et aux francophiles : Le Petit Théâtre de Sydney et Dram’in French. Un bon moyen d’apprendre le français pour certains, ou garder un lien avec ses origines pour d’autres.
«Le théâtre n’est pas le pays du réel. […] C’est le pays du vrai : il y a des cœurs humains dans les coulisses, des cœurs humains dans la salle, des cœurs humains sur la scène.» En 1833, Victor Hugo écrivait Tas de Pierre III et ces quelques lignes. Tout comme lui, bon nombre d’auteurs ont comparé le sixième art à la vie réelle. A l’époque, on l’utilisait souvent à des fins critiques envers les mœurs dans lesquelles le peuple vivait. Mais aujourd’hui, là où la société contemporaine nous invite à une perpétuelle réflexion sur les rapports humains, les normes et les codes sociaux, le théâtre reflète une ouverture sur le monde par la découverte de nouvelles cultures, ou encore une manière de conserver ses liens avec ses propres racines, ses propres origines.
Francophones et francophiles
Ceci prend plus particulièrement sens en Australie, où les expatriés et étrangers sont nombreux. À Sydney, il existe de nombreuses compagnies de théâtre. Parmi celles-ci, deux sont françaises : le Petit Théâtre de Sydney et Dram’in French. La France possède un héritage théâtral important qui lui confère ainsi une reconnaissance sur la scène mondiale. Ainsi, ces deux compagnies s’adressent aux francophones, bien sûr, mais aussi aux francophiles.
Le marché théâtral sydneyite a profondément changé lors de ces dernières décennies, comme l’explique Michael Grainger, président du Petit Théâtre. «Il y a une trentaine d’années, le théâtre français n’avait pas forcément sa place, car il n’y avait pas autant d’expatriés qu’aujourd’hui.» Il poursuit : «Désormais, ce théâtre peut compter sur deux clients-consommateurs importants qui sont d’une part, le jeune cadre francophone expatrié, et d’autre part, la personne étrangère plus âgée qui a appris la langue française une fois dans sa vie.»
«C’est un excellent moyen d’apprendre le français», déclare Jean-Yves Brignon, directeur de Dram’in French et également intervenant au Lycée Condorcet. « Avec l’ambition de faire découvrir des auteurs français aux acteurs et au public, on offre ainsi une politique de culture qui n’est autre qu’une démarche de cultiver.»
Trouver son aise
Alors comment se positionnent les non-francophones lorsqu’ils font face aux premières répliques françaises ? Comment les metteurs en scène travaillent avec eux afin de franchir cette barrière de la langue ?Jean-Yves Brignon explique qu’il faut simplement que «les acteurs aient confiance en eux-mêmes». Il essaye ainsi dès les premiers jours de créer un lien avec les acteurs et instaure progressivement une dynamique théâtrale en «gardant toujours à l’esprit l’objectif final qu’est la représentation en public».
Ce professeur de théâtre reconnaît avoir différentes approches. «Les adultes recherchent simplement un plaisir d’apprendre et de converser. Ils commencent à jouer quand ils sont libérés. Les émotions et les expressions viennent ensuite naturellement. Pour les enfants, c’est différent puisqu’ils ont une démarche inconsciente face au théâtre. Ce n’est qu’une fois qu’ils se rendent compte que ce n’est qu’un « gros mensonge » et qu’ils peuvent s’exprimer également avec leur corps qu’ils jouent. Au fond d’eux-mêmes, ils aiment jouer des personnages très différents de leur propre personnalité.»
«Ce n’est pas un exercice facile pour nous», avoue Michael Grainger, pur anglophone et qui se prête également à l’exercice d’acteur. «On apprend le texte au mot près. Donc si notre partenaire n’est pas précis dans sa réplique, cela est perturbant pour nous.» D’autres contraintes doivent également être prises en compte par les acteurs. «On se doit d’avoir le bon timing avec les sous-titres», poursuit-il. «Les réactions de l’audience demandent une concentration supplémentaire car les réactions du public changent selon si elle est majoritairement francophone ou, à l’inverse, majoritairement anglophone».
Il est évidemment possible d’intégrer ses deux compagnies. Rendez-vous donc sur leur page web respective ou leur Facebook. Le Prix? Pour le Petit Théâtre de Sydney, l’adhésion à l’atelier 2016 coûtait $490 pour les membres et $520 pour les non membres. L’adhésion actuelle s’élève à $25 par an. Pour ce qui concerne Dram’in French, qui organisera une session d’inscription fin août, le montant s’élève à $450 pour deux heures de cours chaque semaine pendant 16 semaines.
Joffrey Tridon
Discussion à ce sujet post