Reporté par deux fois, le procès d’un braquage de convoi de fonds en Suisse en 2017, avec un butin record de 40 millions de francs suisses, doit s’ouvrir lundi matin devant la cour d’assises à Lyon, dans l’est de la France, en l’absence de trois des six accusés, toujours recherchés.
L’année dernière à la même époque, la cour avait décidé de renvoyer les débats du fait de l’absence de la moitié des accusés, qui avaient été tous arrêtés en flagrant délit en 2017 peu après le braquage commis dans le canton de Vaud et ensuite placés sous contrôle judiciaire.
Joints par l’AFP la semaine dernière, leurs avocats se disaient sans nouvelles des trois accusés manquants considérés comme « délibérément en fuite » et sous mandat d’arrêt.
Le procès avait déjà été renvoyé une première fois en 2021, un des prévenus ayant contracté le Covid.
Les six accusés, âgés de 39 ans à 54 ans et originaires pour la plupart de la région lyonnaise, avaient été interpellés dans une villa de Haute-Savoie (à l’est de Lyon), quelques heures après l’attaque nocturne d’un fourgon de transport de fonds de la société Loomis (constituée partie civile), entre Genève et Lausanne, le 24 mai 2017.
Après l’attaque menée au fusil d’assaut, les convoyeurs avaient été menacés et ligotés, puis emmenés dans les coffres de deux voitures. Le fourgon et une des deux voitures avaient été retrouvés incendiés en France. Un des convoyeurs avait été aspergé d’un produit javellisé pour faire disparaître des traces compromettantes.
Les six malfaiteurs avaient été arrêtés en possession du butin, constitué de billets de banque de différentes devises entassés dans des sacs, de quatre lingots d’or, ainsi que plusieurs milliers de pierres précieuses, pour une valeur totale évaluée à plus de 40 millions de francs suisses (soit quelque 42,3 millions d’euros au cours actuel).
Des condamnations pour « brigandage »
Ils encourent une peine maximale de trente ans de réclusion criminelle pour vol à main armée en bande organisée, et la réclusion criminelle à perpétuité pour ceux en état de récidive légale.
Deux d’entre eux ont été précédemment condamnés à Genève, en Suisse, en 2013 à des peines de cinq et sept ans d’emprisonnement pour « brigandage ». Un troisième a déjà été condamné pour des faits similaires en France.
Cette affaire s’inscrit dans une série de spectaculaires attaques de convoyeurs de transport de fonds imputées au banditisme lyonnais et perpétrées en Suisse.
Au cours des huit dernières années, au moins huit braquages ou tentatives ont été commis dans différents cantons suisses. Souvent, les malfaiteurs ont bénéficié de renseignements sur le parcours et les systèmes de sécurité des fourgons circulant la nuit, ouvrant un débat en Suisse sur les mesures de sécurité à mettre en oeuvre.
La semaine dernière, un homme qui avait participé en 2018 au braquage d’un fourgon blindé en Suisse avec prise d’otage de la fille d’un des convoyeurs a été condamné à 12 ans de prison par la cour d’assises à Lyon. L’affaire impliquant un ancien convoyeur avait déjà été jugée en mars 2023, débouchant sur plusieurs condamnations. Le cas jugé récemment avait été disjoint en raison de l’état de santé du prévenu.
Pour le braquage du canton de Vaud en Suisse, c’est un renseignement sur les projets d’un malfaiteur de la région lyonnaise connu pour des vols à main armée en Suisse qui a mis la police sur la piste.
La bande a pu être arrêtée rapidement après l’attaque, des recoupements menés par la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la police judiciaire de Lyon ayant permis de les localiser dans une villa de Chavanod, près d’Annecy en France, identifiée comme une base potentielle de repli.
Outre le butin, plusieurs armes avaient été retrouvées sur place, dont cinq fusils d’assaut et différents accessoires utilisés pour le braquage. Des empreintes d’ADN de plusieurs suspects avaient été relevées sur les objets saisis.
Le procès doit se dérouler pendant six jours, du lundi 22 au lundi 29 janvier.
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