Créée en décembre 2018 par Cédric Ringenbach, La Fresque du Climat est une association qui vise à sensibiliser la population aux enjeux du réchauffement climatique. Laure Legros et Mylène Turban en font parties depuis maintenant 2 ans. Avec La Fresque du Climat, leur objectif est « d’embarquer un maximum de personnes et d’organisations dans la transition écologique, avec un atelier éducatif et ludique qui permet sur un temps très court (3h) de comprendre les causes et les conséquences du changement climatique » explique Laure. Grâce à cet engagement, elles viennent d’obtenir le « prix du développement durable ».
Après avoir découvert l’atelier, qui a déjà rassemblé quelques 525 000 participants à travers le monde, Laure et Mylène ont décidé d’importer le concept en Australie. A l’heure actuelle, plus de 700 personnes y ont participé et de nombreux animateurs ont été formés. Aux côtés de Mylène et Laure, les membres de l’association tentent de diffuser cet outil au maximum pour permettre à la population de mieux comprendre l’urgence de la situation climatique. Pour ce faire, La Fresque du Climat est, par exemple, présentée dans des écoles, des collectivités locales ou encore des entreprises.
Pendant 3h, les participants construisent la Fresque en passant par 3 grandes étapes :
-Une première partie où l’objectif est de relier les cartes du jeu aux causes et conséquences du réchauffement climatique présentées dans les rapports du GIEC.
-Une deuxième partie plus artistique, durant laquelle les participants donnent un titre à la Fresque et la décorent comme ils le souhaitent.
-Une dernière partie « débriefing » qui permet de discuter des différentes solutions possibles pour lutter contre le changement climatique.
« C’est cette génération de futurs décideurs et celles futures qui vont subir les effets, pour certains irréversibles, de nos décisions prises aujourd’hui. »
-Pourquoi avoir choisi l’Australie ?
Laure : « Je suis arrivée en Australie pour le stage de fin d’études de mon école de commerce. Une expérience qui devait durer 6 mois, et 12 ans plus tard je suis toujours là! »
Mylène : « Je suis arrivée à Sydney en février 2019 pour y faire un stage de fin d’études d’ingénieur. Je recherchais une expérience dans un pays anglophone ensoleillé et recommandé pour sa qualité de vie, Sydney est apparu dans le top. Aucun regret jusqu’ici ! »
-Quels sont les objectifs de La Fresque du Climat ?
Laure : « La Fresque du Climat a pour mission d’embarquer un maximum de personnes et d’organisations dans la transition écologique, avec un atelier éducatif et ludique qui permet sur un temps très court (3h) de comprendre les causes et les conséquences du changement climatique. J’ai décidé de m’investir dans ce projet en raison de l’impact profond qu’a eu sur moi l’atelier quand j’y ai participé pour la première fois il y a 3 ans. Je pensais être plutôt “écolo”, et faire déjà “les choses biens”. L’atelier a été une révélation, car j’ai réalisé qu’en fait je n’avais pas du tout conscience des enjeux et des ordres de grandeur. La Fresque était déjà très développée en France, mais il n’y avait pas de présence en Australie. J’avais décidé d’amorcer une transition professionnelle, et “importer” la Fresque en Australie était le projet parfait pour me lancer. Aujourd’hui je suis la co-référente pour la Fresque en Australie, et nous avons comme objectif de “fresquer” 5 000 personnes d’ici la fin de l’année prochaine ! »
Mylène : « J’ai participé à l’atelier de la fresque du climat en ligne en mars 2021. J’étais déjà alertée sur les enjeux du changement climatique mais je n’avais pas les bases scientifiques nécessaires pour en parler et pour me sentir plus impliquée. L’atelier fût une révélation. Il m’a d’abord bousculé et fait comprendre qu’il fallait agir vite peu importe la situation dans laquelle on est. Puis il m’a permis de trouver l’outil que je cherchais pour expliquer cet enjeu global au plus grand nombre. Je me suis donc formée rapidement à l’animation et j’ai rejoint Laure dans le développement de l’association en Australie. J’en ai aussi profité pour rediriger ma carrière dans le conseil aux entreprises dans ce domaine. »
-D’après vous, les initiatives en matière de développement durable, notamment au niveau de la sensibilisation, sont insuffisantes aujourd’hui ?
Laure : « Pour répondre, il suffit de regarder un chiffre : le pourcentage de gens dans chaque pays qui pensent que le réchauffement climatique est réel et dû aux activités humaines. En France comme en Australie, une (trop) grande partie de la population – 43% pour la France et 37% en Australie – pense toujours que le réchauffement climatique est en partie lié à des phénomènes naturels, malgré le fait qu’il y a un consensus absolu dans la communauté scientifique pour dire que les changements que nous commençons à entrevoir sont entièrement dûs aux activités humaines, et plus précisément à cause de notre addiction aux énergies fossiles. Cela montre bien qu’il y a un besoin réel et urgent de sensibiliser et d’éduquer sur la question, mais aussi de comprendre pourquoi nous en sommes ici aujourd’hui (défiance envers la science, effets des réseaux sociaux, responsabilité des médias, etc). »
Mylène : « En plus de ce que décrit Laure, j’ajouterai qu’en France comme en Australie, les formations en grandes écoles ne forment toujours pas suffisamment aux enjeux posés par le changement climatique et plus largement à la crise écologique et sociale en cours. Pourtant c’est cette génération de futurs décideurs et celles futures qui vont subir les effets, pour certains irréversibles, de nos décisions prises aujourd’hui. »
-Les incendies et inondations qui ont touché la France et l’Australie ces dernières années, ça soulève quelles questions ?
Mylène : « Bien que ces événements et leurs conséquences soient tragiques pour la société et surtout pour la biodiversité, ils ont, selon moi, permis d’ancrer un peu plus le sujet dans les conversations. Les gens commencent à comprendre que cela n’est plus qu’une catastrophe naturelle aléatoire, mais bien quelque chose qui peut empirer et se répéter si l’on n’agit pas rapidement. Cependant, les médias qui expliquent réellement la source du problème sont encore trop peu nombreux pour que les gens ne passent pas à l’actualité d’après. Il faut donc non seulement connecter ces événements à notre consommation effrénée d’énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz), mais aussi mettre en place des plans d’adaptation contre des conséquences inévitables (montée des eaux, augmentation de la température des océans, etc.) afin de limiter la casse. »
Laure : « Les catastrophes naturelles qui se multiplient et s’intensifient partout dans le monde révèlent une chose: que le changement climatique n’est plus une fiction du futur mais une réalité. Le changement climatique étant un problème cumulatif – le CO2 que nous émettons se dissipe dans l’atmosphère sur des échelles de temps qui nous dépassent complètement – les choses continueront de s’empirer tant que nous n’arriverons pas à stopper entièrement ce flux. La conséquence de cela est qu’il sera toujours temps d’agir pour éviter que les choses n’empirent. L’adaptation est également très importante, et négligée dans les stratégies climatiques. Nous devons devenir plus résiliants par rapport aux chocs à venir qui sont inévitables. »
-En dehors de La Fresque du Climat, êtes-vous engagées dans d’autres projets en lien avec le développement durable (personnellement ou par le biais d’autres associations) ?
Laure : « La lutte contre le changement climatique fait désormais partie intégrante de ma vie. Je considère que c’est une responsabilité que j’ai vis-à-vis de mon fils et des générations futures. Je m’investis donc au quotidien dans ma vie personnelle, dans mes relations (mes amis trouvent sans doute que je parle trop de climat, mais c’est parce que les autres n’en parlent pas assez ! ) et dans ma vie professionnelle. Je travaille pour une ONG qui s’appelle “WorkforClimate”, tout est dans le nom »
Mylène : « Oui c’est une partie intégrante de ma vie maintenant et c’est aussi ce qui guide mes décisions. Ayant vraiment accroché avec le modèle de sensibilisation des fresques, je me suis formée à l’animation de la fresque de l’eau et de l’économie circulaire que j’animent en ligne en français ou en anglais. Je fais aussi partie d’un jardin commun à Balgowlah où j’essaye de faire pousser de beaux légumes pour compléter une alimentation végétarienne. Enfin, j’ai récemment rejoins Regen Sydney afin de développer un modèle de régénération à l’échelle de la ville de Sydney. Au niveau professionnel, je travaille en tant que consultante technique chez Pangolin Associates afin d’aider les entreprises à mesurer, comprendre et réduire leur empreinte carbone. »
-Que signifie ce « prix du développement durable » pour vous ?
Mylène : « C’est une belle victoire qui remercie le travail de milliers d’animateurs de la fresque dans le monde. Nous espérons que cela nous donne plus de crédibilité en Australie afin de développer l’atelier au sein des écoles et instituts français également. »
Laure : « Je suis ravie que nous ayons gagné ce prix car cela nous donne une plateforme pour parler de la Fresque et du sujet du changement climatique. J’espère que notre message résonnera auprès de l’audience des Français d’Australie et au-delà. »
-Quel message souhaitez-vous faire passer aux lecteurs?
Mylène : « Tout le monde a un rôle à jouer et une raison de réduire ses impacts négatifs sur l’environnement, que ce soit pour avoir à manger dans les années à venir, un emploi stable, ou bien un monde pour ses enfants et futurs petits enfants. Trouvez cette raison et mettez vous en action. En attendant, je serai ravie de vous rencontrer sur les prochaines fresques ! »
Laure : « Collectivement, nous devons faire preuve de courage, de lucidité et d’humilité face au défi qui se dresse devant nous. Nous devons revoir notre rapport au monde, au vivant, au succès. Nous devons changer de logiciel. Et enfin, plutôt que d’entendre “merci, vous faites un super boulot”, j’aimerais entendre “Tu peux compter sur moi. Comment puis-je contribuer? ”. »
Si La Fresque du Climat vous intéresse, vous pouvez découvrir l’association et accéder à l’atelier via ce lien (atelier accessible en ligne ou en présentiel).
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