Alors qu’elle travaillait dans une grande entreprise française, Maïténa Hernandez a décidé de mettre de côté sa carrière de cadre pour créer sa propre entreprise à Brisbane. Depuis 2012, MylittleFrance vient en aide aux jeunes backpackers français fraîchement arrivés en Australie.
« Je vois les gens changer, au niveau de la langue déjà bien sûr, mais aussi en temps que personne »
De l’accueil à la recherche de travail et d’appartement, en passant par les démarches administratives et l’organisation de week-ends découverte, MylittleFrance propose de nombreux services adaptés à tous les projets et à tous les budgets. Les francophones qui souhaitent changer d’horizon peuvent ainsi s’installer en Australie plus sereinement et rencontrer facilement la communauté.

Le Courrier Australien vous présente les lauréats des « Français de l’année » 2022. Aujourd’hui, c’est Maïténa Hernandez qui nous parle de son parcours et de MylittleFrance :
-Quel a été votre parcours depuis votre arrivée en Australie jusqu’à la création de MylittleFrance ?
« Je suis arrivée en Australie en 2006. En France, je manageais des équipes de commerciaux pour une entreprise française qui a acheté un business ici en Australie. Je suis donc arrivée dans le Queensland avec mon conjoint et mon fils à Brisbane. Je suis restée 4 ans. Ensuite j’ai été mutée à Sydney où je suis devenue directrice commerciale. J’ai passé 2 ans à Sydney et je suis revenue dans le Queensland en 2012. C’est là que j’ai monté ma boîte. »
-Comment avez-vous eu cette idée ?
« L’idée est vraiment venue à moi naturellement. Quand je suis arrivée en Australie en 2006, le working holliday visa avait déjà pas mal de succès auprès des Français. J’avais beaucoup de messages perso de familles, connaissances, qui me demandaient des renseignements pour leur nièce, leur cousine, etc. Moi à ce moment-là je travaillais, j’avais un autre job donc je ne connaissais pas encore bien ce visa. Mais un jour j’ai un ami qui a un petit peu insisté pour que j’accueille sa nièce. Donc je l’ai fait et j’ai beaucoup aimé. C’était sympa, je l’ai accompagné dans ses débuts, ses démarches, sa recherche d’emploi, etc. Et puis plusieurs mois après j’ai eu son frère, ses copains, etc. Donc je me suis dit que ça marchait. Au départ, je faisais ça gratuitement. Mais c’est à ce moment là que MylittleFrance est née. J’ai commencé à proposer de vrais services, à essayer de mieux comprendre les besoins des backpackers, et puis l’entreprise a grandi au fil du temps ces dernières années. »
-Quels services propose MylittleFrance ?
« On a trois types de services. Un avec des packs arrivées, où on organise toutes les démarches administratives pour ceux qui débarquent, on les aide à trouver un logement, etc. Ces services là sont disponibles dans toute l’Australie. Ensuite, pour Brisbane, on offre des packs qui incluent l’aide à la recherche d’emploi, des coaching personnalisés sur un projet. On aide les backpackers à naviguer dans les options qui s’offrent à eux, notamment à trouver leur premier job. On a aussi plein de petits services additionnels du style des CV, des traductions, etc. Et on a également une petite compagnie de tourisme, pour organiser des tours en Australie adaptés pour les backpackers. On a notre propre véhicule, donc on fait nous même les tours à Brisbane. Ça se déroule souvent sur un ou deux jours. Donc en résumé les trois services que l’on propose sont les packs, les services annexes et les tours. Début 2023, des sessions sur l’emploi seront aussi disponibles pour tout le monde gratuitement. »
-Les francophones sont nombreux en Australie, c’est important pour vous que ce type d’expérience à l’étranger soit mis en avant pour les jeunes ?
« Ça fait 10 ans que j’accueille des backpackers. Certains restent 1 an, d’autres 3, 4 ou 5 ans parce qu’après ils basculent sur d’autres visas. Donc moi je suis aux premières loges pour les accueillir quand ils arrivent, et ensuite ils repassent me voir pendant leur aventure. Je vois les gens changer, au niveau de la langue déjà bien sûr, mais aussi changer en temps que personne. Voyager ça ouvre l’esprit, ça peut permettre de gagner de la confiance. Ce sont des bonnes expériences pour tout le monde. J’essaie d’organiser des animations, des webinards dans des grandes écoles, etc, pour en parler un maximum. N’importe quelle expérience à l’étranger, c’est top pour n’importe qui. Tu t’en rappelles toute ta vie, à tous les âges. J’ai des gens très jeunes, d’autres qui ont presque 35 ans et tout le monde apprend quelque chose, personnellement, professionnellement, etc. On organise beaucoup d’événements entre les backpackers pour les aider à rencontrer du monde. Par exemple, une fois par mois, on organise un barbecue. J’invite toute la communauté française dans la city de Brisbane. Au mois d’octobre on a eu 130 participants. Tous les nouveaux sont là, mais il y a aussi des anciens qui viennent. Les gens peuvent échanger et se transmettre les bons plans, etc. »
-Ces deux prix (« Femme de l’année » et « Prix de l’entrepreneuriat ») que tu as reçu signifient quoi pour vous?
« Pour moi d’abord c’est une petite revanche. Parce que j’ai eu deux années compliquées quand même avec le Covid. Que l’année 2022 se termine avec des frontières reouvertes, des backpackers qui reviennent et des récompenses, c’est une très bonne nouvelle. Ça montre que l’entreprise se remet de la pandémie et ça permet d’avoir un peu d’éclairage en faisant parler de ce que l’on fait avec MylittleFrance. Donc c’est une grosse opportunité que je saisie avec grand plaisir. Ça montre aussi que ma communauté était derrière moi. Je me suis vraiment sentie soutenue. Toutes les personnes qui ont voté pour moi ce sont des gens que j’ai rencontré ces 10 dernières années, donc ça montre qu’on les a marqué. Ça rassure, on se dit que l’on a bien fait son job ! »
-Comment avez-vous géré la période de pandémie avec MylittleFrance ?
« Le Covid a évidemment été un drame puisque l’on dépend à 100% des arrivées internationales, donc mon business s’est arrêté du jour au lendemain. On avait aucune vision sur la durée de la situation, sur ce qu’il allait se passer, c’était vraiment l’inconnu. Les premiers mois, j’ai quand même été bien occupée parce qu’il y avait beaucoup de jeunes qui étaient en panique. On a posé notre cerveau d’entrepreneur pour avoir une démarche qui visait vraiment à aider la communauté. Il y a des gens qui ne trouvaient plus de logement. Donc moi j’ai fait chambre d’hôte gratuite. J’ai accueilli des gens parce que plus personne ne voulait d’eux alors que pour certains ça faisait moins de deux semaines qu’ils étaient arrivés sur le sol australien. Ensuite, il y a beaucoup de jeunes qui sont partis en panique et qui ont abandonné leurs voitures, etc. On s’est retrouvés avec 25/30 voitures que l’on penser avoir pour un mois ou deux… mais on les a gardé pendant 2 ans ! Donc j’ai surtout fait du volontariat pour la communauté pendant les 2/3 premiers mois du Covid. J’ai été très occupée. Ensuite, quand tout a commencé à rentrer dans l’ordre, j’ai décidé de faire mon propre working holliday visa en faisant tous les jobs que les backpackers font en working holliday. Je suis partie sur les routes et j’ai travaillé dans des fermes, en resto, etc, j’ai fait à peu près 12 emplois de backpackers pendant 2 ans. C’était une expérience de dingue !
Aujourd’hui la situation est vraiment rentrée dans l’ordre ?
« Les backpackers reviennent bien oui. On a eu la bonne nouvelle de l’ouverture des frontières en décembre, il y a bientôt un an déjà. On a eu nos premiers clients à partir de janvier. De janvier à juin c’est arrivé au compte goute, donc ça nous a permis de nous remettre sur pied. Là, au mois de septembre, j’ai eu ma plus grosse arrivée depuis ces 10 dernières années. Septembre, octobre, novembre, c’était énorme. J’ai été très occupée, mais le nombre de working holliday visa en Australie est encore loin de celui qu’on atteignait avant la pandémie. On a l’impression qu’il y a eu beaucoup d’arrivées, mais par rapport aux chiffres pré-pandémie, on est encore loin. »
-Quels sont vos projets pour la suite ?
« On a prévu de poursuivre les projets sur lesquels on travaille actuellement avec MylittleFrance. On refait notre site internet, on va continuer à développer notre compagnie de tours qui marche très bien ! D’ailleurs nous allons certainement avoir besoin de recruter. C’est une petite société qui est entrain de beaucoup changer ! On ne va pas s’ennuyer. On a beaucoup de challenge à venir, on va essayer de continuer à se développer, à rendre service aux gens en s’adaptant encore mieux à leurs besoins. Par exemple le logement, c’est un nouveau problème de taille. Aujourd’hui, on trouve du travail à nos clients mais les logements c’est de plus en plus compliqué. Avant le Covid, c’était plutôt l’inverse. C’était assez difficile de trouver un job, alors que beaucoup de logements étaient abordables. Mais je crois que c’est comme ça partout. Par exemple en mars, je réservais des auberges à 25$ la nuit, aujourd’hui ça me coute 42$. On doit tout le temps réajuster nos prix pendant l’année, renégocier aves les auberges, etc. Donc il y a du travail !
Pour plus d’informations (contact, différents services proposés, etc), rendez-vous sur le site internet de MylittleFrance accessible via ce lien.
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