D’abord entrepreneurs dans le Queensland, ce couple franco-australien a tout lâché pour partir sillonner les routes d’Australie et de France avec leurs deux garçons. Depuis deux ans, ils ont parcouru des milliers de kilomètres en caravane, partageant leur expérience sur les réseaux sociaux auprès des deux communautés. Ils viennent de remporter le prix « Sport, art et culture » avec le Courrier Australien.
« Au départ, ça devait juste être un projet de transition »
Avant la pandémie, le couple était à la tête de plusieurs entreprises qui se portaient très bien, explique Élodie : « On venait de décrocher un award. On avait des investissements en Australie, on était aussi sponsorisés par le gouvernement fédéral. Donc ça marchait plutôt bien. »
Mais comme beaucoup d’autres, leur business a été stoppé du jour au lendemain par le virus. Ils ont alors décidé de vendre leur maison et de retaper une caravane achetée au moment du confinement pour partir sur les routes d’Australie.
De Melbourne à Cap York, en passant par la Tasmanie, ils ont traversé le continent avant de partir en France pour un road-trip de six mois. Actuellement en Afrique du Sud, Élodie, Guillaume et leurs deux enfants n’ont pas assouvi leur faim de voyage. Ils nous partagent leur expérience et les raisons pour lesquelles ils ont choisi ce mode de vie :
« On est arrivés en Australie en 2011. Nos deux garçons sont tous les deux nés en Australie et on a la double nationalité. On a habité à Brisbane dans le Queensland pendant 10 ans, en travaillant dans le secteur de l’entrepreneuriat, particulièrement sur Brisbane mais quand même avec des projets sur toute l’Australie. Et puis en 2020, on a tout quitté et tout vendu pour partir pour cette nouvelle aventure. »
-Pourquoi avoir décidé de vous lancer là-dedans ?
« L’aventure avec la caravane n’a jamais été imaginée comme telle. C’est vraiment la période de Covid et de confinement qui nous a fait tout remettre en question. On s’est retrouvés sans business du jour au lendemain. Ce qui aurait pu être une période difficile a été une des meilleures périodes de notre vie. On a tout vendu mais on avait plus de maison parce que les propriétaires du terrain qu’on devait acheter au départ ont annulé la vente. On avait acheté cette caravane pendant le confinement, pour la retaper juste pour les vacances et les week-ends. Et on a décidé qu’on avait 6 semaines pour finir la caravane et partir sur les routes. Au départ, ça devait juste être un projet de transition pour quelques semaines de voyage. On est partis et on s’est retrouvés en Tasmanie en janvier 2021. Je pense que là on a eu un déclic. On avait tellement aimé la route entre le Queensland et la Tasmanie que le projet de voyage ne pouvait pas s’arrêter maintenant. Donc c’est arrivé spontanément. »
-Vous avez suivi quel itinéraire depuis votre départ ?
« On est d’abord montés très au Nord dans le Queensland mais il a fait très vite chaud. Donc on est redescendus à Brisbane en décembre 2020. Ensuite, courant décembre on est descendu NSW Victoria assez rapidement parce qu’on a été rattrapés par le lockdown avec le Covid. Donc on a très vite traversé ces deux Etats pour se retrouver, début janvier, en Tasmanie. On a fait janvier, février, début mars (9 semaines) en Tasmanie. Après, on est repassés par Melbourne et Victoria. On est partis en South Australia, où on a repassé 9 semaines. On a vraiment adoré. En avril, mai, c’était une période incroyable. En plus c’était un État que l’on ne connaissait pas du tout. Après on est montés direction Uluru. En juin/juillet, on a traversé du Sud au Nord, jusqu’à Darwin. De là, on est repartis direction le Queensland pour être en juillet/août 2021 dans le Nord Tropical Queensland. On est montés jusqu’à CapeYork. Après on est redescendus et c’est à cette période là, en octobre 2021 et après un an de voyage, que l’on est rentrés sur Brisbane. En octobre on a retraversé l’outback Queensland, puis en arrivant en WA fin octobre début novembre 2021, j’ai eu un appel de la France pour me prévenir que je venais de perdre mon grand père. Les frontières étaient encore fermées, on a eu une dérogation exceptionnelle pour sortir du pays. Donc en novembre 2021, on est partis en France pour quelques semaines. Et en fait on s’est fait bloquer pour une période de 6 mois. Donc très vite, on a décidé d’acheter un camping car et on a fait un Road trip de novembre 2021 à juin 2022. Ensuite, de juin à septembre, on a traversé tout le WA par la côte Ouest. On s’est arrêtés plusieurs semaines en ferme pour travailler. Et on est arrivés à Perth au mois d’octobre 2022. Et là, on décide de laisser la caravane pour partir en Afrique pour une durée indéterminée. »
-Ça vous apporte quoi une telle expérience ? Et à vos enfants ?
« Ça nous apporte tellement. Ça apporte une connaissance de sois même, des autres. On vit dans la caravane, dans 9 mètres carrés, à quatre. Donc ça apporte énormément de respect des uns envers les autres, de la patience, beaucoup de communication. Ça c’est pour le côté cercle familial. D’un point de vue voyage, les enfants apprennent énormément sur la route. Ils ont une connaissance géographique de l’Australie, de la France, une connaissance historique aussi parce qu’on fait beaucoup de visites. On s’intéresse énormément à la culture, aux traditions. On apprend énormément de choses. Parfois on demande si ça ne va pas entacher leur sociabilité. Mais pas du tout. Ils ont confiance en l’autre. Leur relation a énormément progressé. Après, ça demande aussi beaucoup de compromis tout ça. Même nous, on apprend énormément sur nous. On apprend à canaliser nos émotions. On dit souvent qu’on s’est replacés au cœur de notre vie. On fait ce qu’on aime, ce dont on a envie individuellement et en famille. Plus on voyage et plus on a envie de voyager et moins on se pose de limites. Quand on a commencé à faire 1 an et demi de Road trip en Australie, 6 mois en France et que maintenant on a un sac à dos en Afrique. Il n’y a plus vraiment de limites. On a envie de faire l’Afrique Australe autant qu’on peut. On a l’Amérique du Sud qui nous appelle aussi, l’Asie, des régions d’Europe, etc. Donc voilà, ça nous apporte une soif de voyages et j’espère qu’on va pouvoir l’assouvir le plus longtemps possible. »
-Qu’est ce qui vous a le plus marqué depuis votre départ ?
« C’est difficile de vous répondre car on a eu énormément d’expériences différentes. Des expériences familiales, physiques, des découvertes de territoires, des randonnées incroyables, etc. La rencontre avec la wildlife, faire du kayak avec les dauphins en South Australia, nager avec les sealions en South Australia (…) Tout ça, c’est ce qui s’est construit ces deux années. Tous ces souvenirs, toutes ces rencontres. Ce qui me marque surtout moi c’est que l’on donne l’impression de vivre une vie extraordinaire. Certes on vit une vie incroyable. Mais en fait, on a toujours voulu sortir des rangs. Ce voyage, très rapidement, c’était une envie de s’éloigner de la société. Mais on s’est vite rendu compte que, tu sors d’une boîte pour rentrer dans une autre boîte. En fait, la seule boîte dans laquelle tu es, c’est celle que tu veux bien te construire. Malgré 2 ans de voyage, malgré cette vie hors du commun, minimaliste et hors du consumérisme, en fait tu te fais très vite rattraper par une routine, par des règles de société auxquelles tu ne peux pas échapper. Ça nous a pris du temps pour juste assumer et accepter qu’il fallait juste être dans le moment présent et profiter de ce que l’on vit, de ce que l’ont fait, de la personne avec qui on parle. C’est ce côté là qui m’a marqué et j’ai l’impression que depuis 2 ans on a réussi à travailler là-dessus et à y échapper. »
Vous avez des conseils à donner à ceux qui aimeraient se lancer dans une expérience similaire ?
« Il faut juste faire ce que l’on a envie de faire. Si tu sens au fond de toi que c’est quelque chose que tu as envie de faire, vas y fonce ! L’argent reviendra, le temps ne reviendra pas. On ne sait pas de quoi demain est fait et il n’y a pas de moment parfait. Il faut juste se lancer. Nous quand on est partis, au départ on était pas très organisés et équipés. Par exemple un moment notre caravane a pris l’eau. Mais ça ne nous a pas gâché le voyage et ça ne nous a pas empêché de continuer. Il faut juste y aller et avoir confiance. Je pense que tous les gens que l’on a rencontré sur la route et qui ont un mode de vie similaire au nôtre, on a ce point commun là : on ne réfléchit pas à tout tout le temps. On est conscients qu’on a envie de faire quelque chose et on se donne les moyens de le faire. Personne ne pourra le faire pour toi, personne se pliera en quatre pour que tes rêves se réalisent. Il n’y a que toi qui peut le faire. Et les rêves ne sont pas juste là pour rester des rêves, ils sont fait pour être réalisés. C’est ça la beauté de ce genre d’expérience. »
-Comment vous partagez ça sur les réseaux sociaux ?
« On partage notre mode de vie, on partage le voyage. Notre communauté est rapidement devenue très française. Je crois que le fait d’être une famille française qui voyage en Australie. Ça a donné plus envie à d’autres familles françaises de nous suivre. On adore partager avec la communauté française l’Australie et ce que tu peux y faire. Aujourd’hui, on travaille avec des voyageurs qui viennent en Australie et on les aide à créer leur itinéraire. On partage énormément de conseils sur le voyage. On a une communauté australienne un peu moindre, mais qui est quand même là, sur les réseaux. C’est toujours un plaisir de faire le lien entre ces deux cultures. Depuis 6 mois, on fait des live quasiment toutes les semaines avec des français partout dans le monde qui vivent autrement. Donc ça peut être des familles nomades comme nous ou juste des familles qui sont parties en tour du monde et qui se sont données les moyens de réaliser un rêve. Ces lives sont vraiment riches d’enseignements et ce sont des rencontres toujours incroyables. »
-C’est une belle reconnaissance pour vous d’avoir gagné ce prix ?
« On est très fiers. On a passé les dernières années à travailler comme des dingues. On a eu nos succès et nos échecs. Suite au Covid on a revendu une entreprise, on en a perdu une. La startup qui faisait qu’on était reconnus en Australie n’a pas survécu au post Covid. Donc on a juste gardé une entreprise avec Guillaume. La toute première que l’on avait créé, qui est un traiding de pneumatique à l’international. Aujourd’hui c’est ça qui nous permet de vivre ce que l’on vit. Cette entreprise, c’est juste Guillaume, moi et une connexion 4G. Quand on a tout lâché, on s’est senti un petit peu en dehors du système un peu montré du doigt. Les gens se demandaient ce qu’on faisait dans notre caravane vintage a vivre en famille et sans maison. Mais on a réussi à travailler cette image grâce à Instagram. C’est encore à une très petite échelle, mais ça grossit de semaines en semaines. Gagner ce prix avec le Courrier Australien, c’est une reconnaissance pour ce que l’on fait, pour ce projet familial de longue durée.
-Que prévoyez-vous pour la suite ?
« Nous avons beaucoup de projets. On ne réfléchit pas au jour le jour mais quand même vraiment à court terme. Aujourd’hui on est en Afrique du Sud en famille et en sac à dos. On s’envole à la fin du mois pour un autre pays, toujours en Afrique australe. Donc aujourd’hui, c’est l’Afrique. On a des projets caritatifs et humanitaires qui vont bientôt voir le jour. On veut voyager et profiter de notre culture franco-australienne pour pouvoir faire du bien autour de nous. On veut profiter de cette communauté grandissante et de tous ces gens avec qui on peut collaborer aujourd’hui sur Instagram. Après l’Afrique, on rentrera en Australie récupérer la voiture et la caravane. Et pour 2023, qui sait ? On a des envies de voyage et je crois que c’est ce qui va rythmer notre vie familiale pour les prochaines années. Aujourd’hui, ce mode de vie nous plait à tous les 4. Ça plait beaucoup aux enfants. Ils sont très contents avec le système de l’école à la maison. Ils travaillent très bien comme ça. Tant que tout ça marche et que tout le monde est content, on continuera de voyager. Je pense que ce seront les enfants qui mettront certainement un terme avant nous à ce projet parce qu’ils ont 7 et 10 ans. On est à quelques années d’une pré adolescence et je pense qu’un moment ils voudront peut être découvrir autre chose. Donc on redeviendra sédentaires à un moment, mais on est incapables aujourd’hui de dire où. En attendant, on a plein d’envies et de projets. On verra lesquels arriveront avant les autres ! »
Si vous souhaitez suivre les aventures d’Elodie, Guillaume et de leurs enfants, accédez à la page Instagram de Fraussie Vanlife en cliquant sur ce lien.
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