Le chef de l’opposition conservatrice australienne Peter Dutton, qui avait proposé une version allégée du programme de Donald Trump, qualifié de « grand penseur », a perdu son siège de parlementaire samedi, lors d’une soirée marquée par la défaite de son camp face aux travaillistes.
Ce double échec porte un coup à celui qui tentait de ravir le poste de Premier ministre au travailliste Anthony Albanese, et interrompt soudainement une carrière parlementaire commencée en 2001.
Ancien ministre de l’Intérieur ou encore de la Défense, d’origine modeste, M. Dutton est le premier chef de l’opposition à perdre son siège – dans la circonscription de Dickson (est) au profit de la travailliste Ali France – lors d’une élection au niveau fédéral.
« Nous n’avons pas fait assez bien lors de cette campagne – cela est évident ce soir, et j’en assume l’entière responsabilité », a déclaré Peter Dutton face à ses partisans réunis à Brisbane, dans l’est du pays océanien.
Sans mandat, l’ancien policier se retrouve éjecté du Parlement et de la charge de chef de l’opposition officielle.
Une défaite qui a déclenché des élans de joie chez les soutiens d’Anthony Albanese, réunis au siège de campagne du Parti travailliste à Sydney, où ils ont scandé le surnom de leur champion, « Albo, Albo, Albo! ».
Il a été reproché à M. Dutton de s’être inspiré de Donald Trump lors de sa campagne, en proposant de supprimer des milliers d’emplois de fonctionnaires.
Il disait vouloir réduire l’immigration, s’attaquer à la délinquance et se débarrasser d’une interdiction du nucléaire civil dans le pays tout en se détournant des énergies renouvelables.
– Trump, « un grand penseur » –
Il a également déclaré ne pas vouloir se montrer au côté du drapeau aborigène – un emblème officiel, au côté du drapeau national australien – s’il était élu.
« Nous ne pouvons pas donner le meilleur de nous-mêmes si nous séparons les gens entre différents groupes », s’est-il justifié.
Anthony Albanese l’a accusé d' »attiser les divisions (et) d’essayer de monter les Australiens les uns contre les autres ».
Par ailleurs, au début de l’année, M. Dutton avait salué en Donald Trump un « grand penseur ». Il a ensuite opéré un changement de ton lorsque le président des Etats-Unis a décidé d’imposer à l’Australie une surtaxe douanière de 10%, promettant de défendre les intérêts du pays océanien.
Toutefois, ses propositions, une version « allégée » du programme de Donald Trump, ont rebuté des électeurs, analyse Henry Maher, professeur de sciences politiques à l’université de Sydney.
« Bien sûr, il y a d’autres préoccupations – le coût de la vie, la défense, la santé et tout le reste », explique-t-il à l’AFP. « Mais si on veut comprendre pourquoi une bonne partie de l’électorat a changé (d’avis) durant la campagne électorale ces derniers mois, je pense que c’est la principale raison ».
Son abandon d’une proposition éphémère d’interdiction du télétravail pour les fonctionnaires, comme d’autres revirements, a également conduit ses détracteurs à s’interroger sur sa capacité à gouverner.
« Ils n’ont pas passé une seule semaine de cette campagne sans faire volte-face », a jugé M. Albanese, dont le camp a remporté les législatives pour la deuxième fois consécutive.
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