Le courant est passé naturellement entre lui et Jean-François Ponthieux, le fondateur du festival chic qui célèbre la musique frenchy dans toute sa diversité en Australie depuis 2012. Un truc fou et « organique » plaisante Féfé, le chanteur français d’origine nigérienne. Depuis, l’artiste est invité régulièrement au festival So Frenchy So Chic. Dans un mois, il chantera donc à Melbourne et Sydney, après avoir inauguré les débuts du festival à Adélaïde. L’occasion de parler de son tout nouvel album.
Le titre de votre troisième opus est Mauve, cela veut-il dire que vous ne voyez jamais la vie en rose ?
Pas du tout. Simplement, la vie en rose va de paire avec la vie en bleu, comme le yin et le yang. J’ai vécu toute mon enfance dans une cité et c’était ça, pour moi, la vie en rose. En grandissant, j’ai pris des coups : un ami est décédé, j’ai monté un groupe qui n’a pas marché. J’ai connu le bleu (enfin, le blues) à ce moment-là. Finalement la vie, c’est un peu tout ça, c’est ce que j’ai voulu dire avec ce titre.
A travers cet album, vous avez dit que vous vouliez « retrouver vos racines africaines » : ces retrouvailles ont-elles eu lieu ?
En effet, j’ai voulu faire un retour aux sources en partant à la recherche du peuple Yoruba dont je suis issu. Je cherchais une espèce de rythme originel… que je n’ai pas trouvé. En revanche, j’ai trouvé un état d’esprit, une lucidité par rapport au monde, une façon d’affronter la vie. En Afrique, ils sont au fait de tout ce qui se passe dans le monde alors qu’en France, où on reste englué dans toutes sortes de choses.
Vous êtes aussi allé au Brésil, comment ça s’est passé là-bas ?
Je me souviens surtout d’une journée que j’ai passée dans un ghetto, une journée folle et peut-être l’une des plus belles de ma vie. Le soir, j’ai assisté à un coucher de soleil incroyable avec un ciel mauve… j’avais trouvé mon titre.
Et vous vous êtes trouvé vous-même ?
Oui. Quand je cherchais mes racines africaines, j’avais un regard de colon. J’imaginais des tam-tams partout. On m’a dit : « Eh oh ! ça, c’était hier et là on est déjà demain. » Finalement, je me suis aperçu que ce que je cherchais était déjà en moi et que c’était un état d’esprit. D’une certaine façon, je me suis réconcilié avec moi-même. Tous ces voyages pour ça… (rires).
Vous écrivez vos textes, est-ce compliqué de chanter en français pour un public anglais ?
A un concert ici, une femme m’a dit « Je ne comprends pas vos paroles, mais je ressens votre énergie ». Pour moi, c’est ça la musique, c’est de l’énergie. Après, j’ai eu la chance de vivre un an en Angleterre et de m’immerger dans la langue. Mais je refuse d’opposer texte et musique. C’est vrai que les anglo-saxons mise sur le « groove » et qu’on a une tradition de chanson à texte en France. Pour moi, les deux sont importants.
Vous êtes venu en Australie pour la première fois en 2010, vous connaissez bien le public des villes où vous allez jouer, vous pouvez m’en dire un mot ?
Oui, je les connais, mais je ne veux surtout pas les comparer (n’insistez pas). Je peux juste évoquer celui d’Adélaïde puisque c’est la première fois que j’y vais avec So Frenchy So Chic : il est ouvert, curieux et on va faire la fête. De façon générale, j’aime beaucoup la fraîcheur des Australiens, j’ai l’impression qu’on passe les lois plus vite et que les gens sont plus détendus, plus posés. Il n’y a pas de stress.
Vous-même, vous écoutez des groupes australiens ?
Là tout de suite, je dirais INXS ou Hilltop Hoods (groupe de hip hop ndlr.), mais je vous avoue que je n’écoute pas la radio. C’est le bouche-à-oreille qui me fait découvrir des artistes, mais j’aimerais bien avoir des projets ici pourquoi pas ? En attendant, je reste fidèle à So French So Chic, c’est un festival génial et pas cliché. On est loin du béret et du camembert.
Valentine Sabouraud
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So Frenchy So Chic 2018 avec Féfé notamment :
12 janvier – PINKY FLAT, Adelaide Centre’s French Festival
14 janvier — WERRIBEE PARK, Melbourne
20 janvier — BICENTENNIAL PARK Glebe, Sydney
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