Expatriés, vous vous êtes déjà retrouvé à devoir attendre longtemps, très longtemps, pour prendre un passage piéton dans une des nombreuses villes australiennes? Il n’est pas rare de devoir attendre jusqu’à deux minutes avant de pouvoir enfin traverser. Et attention ! Ne prenez pas trop votre temps, le feu vert ne dure que quelques secondes… Mais pourquoi donc les feux piétons sont plus longs en Australie qu’en France ?
En effet, un Parisien à Sydney deviendrait fou à force de devoir attendre aussi longtemps pour pouvoir traverser. À Paris, les piétons sont rois ! À Sydney, c’est priorité aux voitures ! Et si l’on vous disait que tout cela est lié à la société de consommation ?
Selon, Claudia Tazreiter, professeur de sociologie à l’université de NSW, « Si nous prenons l’exemple de Sydney, c’est une ville qui bouge beaucoup, très axée sur les voitures et qui fait beaucoup penser aux villes américaines, contrairement à Melbourne qui va avoir une influence plus européenne ».
Comme nous l’explique la sociologue, il y a un mélange entre une influence de l’époque post-industrielle américaine, avec la société de consommation, et une empreinte britannique. Ce juste mélange donne un cocktail offrant une société tournée davantage vers le « business » et moins vers la communauté. Un groupe plus individuel.
Pour Melanie White, professeur en sciences sociales, cette société individuelle tournée vers la consommation n’est pas le seul facteur. « Tout d’abord, les Australiens prêtent moins attention à l’environnement que les Européens ; ensuite, la perception de la marche à pied est différente, elle est perçue comme une vertu. Si vous prenez New York par exemple, là-bas aussi la culture de la marche est plus importante qu’à Sydney ».
D’où vient cette individualité?
L’Australie est un pays récent. Les premiers arrivants de l’époque étaient surtout des travailleurs qui ont apporté avec eux, leur volonté de développement économique. « Avec l’influence du changement climatique, on observe un flux de pensée en Europe tourné vers d’autres choses que le profit. Ici la société est assez individuelle et se base sur l’obtention des trois biens personnels que sont la voiture, la maison et les articles de luxe. » ajoute Claudia Tazreiter.
Un désir de changer ?
Peut-être mais pas tout de suite. Pour elle, malgré le fait que le maire procède à quelques changements et introduisent des politiques « amicales » tournées vers le social, les changements majeurs de type « piétonisation » ne sont pas d’actualité.
Et pour cause, malgré le développement timide du vélo, tout le monde n’est pas fan du concept car c’est de l’espace en moins pour les voitures. « Sydney reste tout de même un cas particulier en Australie car la ville est grande, les transports publics ne sont pas bons et les gens qui habitent loin doivent obligatoirement prendre leur voiture », explique Claudia Tazreiter. Elle poursuit : « À Paris le métro est bien meilleur mais c’est aussi parce qu’il existe depuis bien plus longtemps ».
Les deux sociologues se rejoignent quant aux questions environnementales. Pour elles, l’évolution des mentalités se fera avec la nouvelle génération. « C’est elle qui saura faire les bons choix. Les gens aujourd’hui sont malheureusement têtus et attachés à ce qu’ils ont ; le changement, ils n’en veulent pas trop » détaille Melanie White. Elle conclu : « Mais n’oublions pas un détail important. Les taxes me semblent moins élevées ici qu’en Europe par exemple. L’argent public n’est donc malheureusement pas dépensé dans les projets publics majeurs comme les transports publics ».
En conclusion, le temps d’attente au passage piéton serait dû à plusieurs facteurs : une société tournée vers la consommation, le profit, qui laisse moins de place au social. Maintenant, regardons le côté positif. Si demain vous vous énervez en attendant que le feu piéton passe au vert, consolez-vous en vous disant qu’au moins, vous en connaissez la cause !
Camille Marchais
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