Un même événement, deux dates : le premier dimanche de septembre, l’Australie fête les papas quand en France, ils sont honorés le 3ème dimanche de juin. Le Courrier Australien fait le point sur les origines et les formes de la fête des pères dans ces deux pays.
Une institutrice déterminée
L’origine de la fête des pères est très ancienne : on en trouve déjà la trace au Moyen-Âge. À l’époque, cette fête revêtait un caractère religieux. Elle était célébrée le 19 mars, jour de la Saint-Joseph, pour honorer le père adoptif de Jésus Christ et par extension tous les patriarches. Mais ce n’est qu’au début du XXème siècle que la fête des pères prend sa forme actuelle… aux Etats-Unis.
En décembre 1907, un accident dans une mine de Monongah (Virginie Occidentale) fait 361 morts donc 250 pères de famille, laissant près de 1000 enfants orphelins. Sous l’impulsion d’une jeune femme, Mme Clayton, qui venait elle aussi de perdre son père, un service religieux baptisé « Fathers’ Day » est organisé en leur mémoire le 5 juillet 1908 dans la ville voisine de Fairmont. C’est la première fois que l’on célèbre les papas ; mais cette cérémonie n’est pas reconduite les années suivantes.

C’est la raison pour laquelle on attribue plutôt l’origine de la fête des pères à Sonora Smart Dodd. En 1910, cette institutrice américaine assiste à un sermon d’une certaine Anna Jarvis : celle-ci plaide ardemment pour l’instauration officielle d’une fête des mères — elle parviendra d’ailleurs à ses fins en 1914. Sonora Smart Dodd, qui a perdu sa mère très jeune, a l’idée d’une fête qui honorerait les pères. A commencer par le sien : vétéran de la guerre, ce veuf a élevé seul ses six enfants, un fait très inhabituel à l’époque.
Mme Dodd contacte le pasteur de sa paroisse pour un service religieux spécial et lui propose la date du 5 juin, date anniversaire de son père. Le pasteur souhaitant avoir plus de temps pour se préparer, c’est finalement à la date du 19 juin 1910 (3èmedimanche de juin) qu’est célébrée la première fête des pères à Spokane (Washington).
Le succès de cette nouvelle fête est loin d’être immédiat et cette célébration tombe plus ou moins dans l’oubli. Dans les années 30, Mme Dodd comprend que la seule manière de la pérenniser est de rendre cette fête commerciale. Avec l’appui de grandes marques de vêtements masculins et de tabac, elle parvient à ancrer la fête des pères dans les traditions. La société américaine résiste d’abord à son caractère mercantile ; les journaux redoublent de cynisme pour tenter de désamorcer le phénomène. Le Congrès américain refuse d’ailleurs à plusieurs reprises d’officialiser la fête des pères. C’est finalement Richard Nixon qui l’inscrit au calendrier des fêtes nationales, en 1972.
En Australie, une date (presque) unique
En Australie, la fête des pères est mentionnée pour la première fois le 4 septembre 1936, dans le Newcastle Sun. L’article proposait un rassemblement au Baptist Tabernacle pour la fête des pères, dont on espérait qu’elle deviendrait aussi populaire que la fête des mères. Elle devient particulièrement populaire pendant la Seconde guerre mondiale, lorsque de nombreux pères de famille combattent en France loin des leurs.
Pourquoi l’Australie est-elle le seul pays, avec la Nouvelle-Zélande, à célébrer la fête des pères en septembre quand la plupart des pays le font en mars (en Italie, Espagne, Portugal), mai (en Allemagne) ou juin (aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France…) ? Probablement pour des raisons commerciales, pensent les historiens : le mois de septembre est à mi-chemin entre les nombreuses fêtes australiennes de l’automne — Pâques, ANZAC Day, l’anniversaire de la Reine, la fête des mères — et Noël. De plus, le premier dimanche de septembre marque le début du printemps : la période se prête bien aux cadeaux « masculins » tels qu’articles de pêche, de sport ou accessoires de camping.
On estime que l’Australie compte environ 4,6 millions de pères de famille. Ceux-ci sont fêtés dans l’intimité de leur famille mais aussi honorés publiquement. Dans le Victoria par exemple, 32 communes décernent le prix du « Local Community Father of the Year ». Au moins trois états (NSW, Victoria et Queensland) distinguent également un « Father of the Year ».

Au niveau fédéral, le Father’s Day Council et le Shepherd Centre décernent chaque année un « Australia Father of the Year Award » à un père de famille qui s’est illustré par son engagement personnel ou professionnel en faveur du développement de la nation. Depuis sa création en 1998, le prix a été attribué à des personnalités aussi diverses que des hommes politiques, des sportifs, des médecins, des artistes…
En 2017, c’est Mike Baird, ancien Premier ministre du NSW et père de trois enfants, qui a été récompensé. Celui-ci avait démissionné en 2017 après trois ans en poste, en invoquant des raisons familiales parmi lesquelles le harcèlement de ses enfants du fait de ses positions politiques.
En France, une origine 100% commerciale

En France, il n’est question de fête des pères que beaucoup plus tard. On doit son apparition à une marque bretonne de briquets : Flaminaire. Marcel Quercia, son directeur, souhaite augmenter ses ventes de briquets à gaz, particulièrement basses au mois de juin. On est en 1950 et la fête des mères est officialisée depuis 1929 : il décide alors d’importer en France la fête des pères américaine, dans une opération purement commerciale. Il demande ainsi à une centaine de ses clients buralistes situés
dans les plus grandes villes de France d’afficher sur leur devanture le slogan suivant : « Nos papas nous l’ont dit, pour la fête des pères, ils désirent tous un Flaminaire. » Et ça fonctionne ! Il faut dire qu’à l’époque, 72% des hommes étaient des fumeurs réguliers. Le briquet était donc un objet indispensable du quotidien et les petits garçons économisaient volontiers pour l’offrir à leur papa.
La fête des pères est officialisée par décret dès 1952, en conservant la date du 3èmedimanche de juin sur le modèle américain. Contrairement à l’Australie, la célébration de la fête des pères reste dans la sphère privée.
Elle est cependant moins célébrée que la fête des mères : un sondage de 2016 montre que plus de 80% des Français adultes marquent cette dernière, alors qu’ils ne sont que 66% à fêter leur papa.
Sources: lefigaro.fr, news.com.au, abc.net.au
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