Les ministres des Affaires étrangères du « Quad » -Etats-Unis, Inde, Australie et Japon- se rencontrent vendredi à Melbourne, cimentant une alliance mise en place pour contrer la poussée de la Chine dans la région Asie-Pacifique.
– Des racines post-tsunami de 2004 –
Les quatre pays se sont réunis une première fois après le séisme, suivi d’un tsunami, du 26 janvier 2004 en Indonésie, avant de former, trois ans plus tard, le Dialogue quadrilatéral sur la sécurité.
Le premier acte important du Quad fut un exercice naval commun dans le cadre des exercices bilatéraux Malabar existant entre les États-Unis et l’Inde.
Mais l’année suivante, le Premier ministre australien de l’époque, Kevin Rudd, s’est mis en retrait de l’alliance, ne voulant pas apparaître dans un groupe perçu comme mettant ouvertement au défi la Chine, devenue un important partenaire économique de l’Australie.
– Le retour de l’Australie –
Une décennie plus tard, de violents affrontements à la frontière entre la Chine et l’Inde ont poussé à la reconstitution de l’alliance en sommeil, avec un plus fort engagement de Canberra.
Les quatre pays ont participé aux exercices Malabar de 2020, faisant apparaître le groupe de plus en plus comme une alliance militaire.
– La marque de Biden –
Après une administration Trump qui s’est contentée de soutenir le Quad, son successeur Joe Biden est allé plus loin, en organisant le premier sommet, virtuel, des dirigeants du Quad en mars 2021, avant une rencontre en personne en septembre dernier à Washington.
Cette formation est un exemple de la nouvelle stratégie de Washington consistant à construire des coalitions de pays et d’institutions autour de besoins communs spécifiques plutôt que des alliances militaires traditionnelles.
– Courtiser l’Inde –
Pour les Etats-Unis, l’Australie et le Japon, le Quad est un instrument pour courtiser l’Inde, traditionnellement attachée à son statut de puissance non-alignée dans les batailles de super-puissances.
Les combats meurtriers à sa frontière avec la Chine en 2019 pourraient l’avoir fait évoluer.
L’Inde est « le membre crucial, critique du Quad », expliquait en novembre Kurt Campbell, responsable de la sécurité nationale en région Asie-Pacifique à la Maison Blanche.
Dans son plan stratégique pour la région, les Etats-Unis ont cessé de parler d' »Asie-Pacifique » pour se référer à l' »Indo-Pacifique ».
– Vaccins et changement climatique –
Le Quad est plus qu’une affaire de défense, assurent les quatre pays. Les membres du Quad veulent développer des actions de « soft-power » qui, venant de pays démocratiques, contrasteraient avec la Chine autoritaire.
Le Covid-19 a offert au groupe une nouvelle raison d’être. C’est dans le cadre du Quad que les quatre pays ont promis la distribution de 1,3 milliard de doses de vaccins, dont 485 millions ont déjà été livrées.
D’autres questions son abordées: le transport maritime dit propre, la lutte contre le réchauffement climatique et la mise en place d’une infrastructure informatique et Internet plus sûre.
– Et ensuite? –
La réunion de Melbourne doit établir l’ordre du jour du prochain sommet des dirigeants du Quad, qui se tiendra au Japon, peut-être en mai.
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