Un suspect était en fuite vendredi soir après l’explosion d’un colis piégé qui a fait une dizaine de blessés légers dans une rue très fréquentée de Lyon, à deux jours des élections européennes .
« Le suspect est toujours recherché pour le moment », a annoncé dans la soirée la garde des Sceaux Nicole Belloubet, jugeant qu’il était « trop tôt » pour évoquer « un acte terroriste ».
La section antiterroriste du parquet de Paris, saisie de l’enquête, a « ouvert une enquête pour association de malfaiteurs terroriste mais il faut attendre les résultats de cette enquête qui est actuellement en cours (…) Au vu des résultats, on pourra effectivement qualifier cette enquête », a déclaré la ministre à BFMTV.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et le procureur de Paris, Rémy Heitz, se sont brièvement rendus sur les lieux dans la soirée sans faire de déclaration devant la presse.
La police a lancé un appel à témoins en diffusant la photographie du suspect, capté par une caméra de vidéosurveillance municipale. Elle montre un homme « porteur d’un haut sombre à manches longues » et « d’un bermuda clair », poussant un vélo noir.
Selon une source proche du dossier, il est âgé d’une trentaine d’années. Aucune piste n’est pour l’heure privilégiée quant à son profil et ses motivations.
Un sac ou colis qui contenait des vis, clous ou boulons a été déposé devant une boulangerie de la rue Victor Hugo, artère piétonne et commerçante proche de la place Bellecour au cœur de la ville. L’explosion s’est produite vers 17H30.
Selon un dernier bilan, 13 personnes – 9 femmes dont une enfant de dix ans et 4 hommes – ont été touchées par l’explosion, 11 ayant été hospitalisées. Toutes ne sont blessées que légèrement.
Le maire de Lyon et ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui se trouvait vendredi dans l’avion au retour d’un voyage au Japon, doit s’exprimer samedi matin.
– « Un grand boum » –
Après l’explosion, la rue a été rapidement évacuée et bouclée par les forces de l’ordre.
Le ministère de l’Intérieur a parallèlement décidé de renforcer la sécurité des sites accueillant du public et des événements sportifs, culturels et religieux.
Le plan Vigipirate avait été ramené au niveau « Sécurité renforcée – Risque attentat » sur tout le territoire, signe d’une menace terroriste persistante après la fusillade de Strasbourg qui avait fait quatre morts, une victime en état de mort cérébrale et 11 blessés en décembre dernier.
« Ça a explosé et j’ai cru que c’était un accident de voiture (…) Il y avait des bouts de fils électriques autour de moi, des piles et des bouts de carton et de plastique. Les vitres étaient explosées », a témoigné Eva, une lycéenne de 17 ans encore sous le coup de l’émotion, qui se trouvait à 15 mètres du lieu de l’explosion.
« J’étais en train de travailler, de servir les gens, et d’un coup on entend un grand boum. Du coup, on descend voir pour voir ce que c’était. On pensait que c’était par rapport aux travaux », a ajouté Omar Ghezza, boulanger dans un commerce voisin.
– « Attaque » –
Cette explosion s’est produite alors que la France métropolitaine s’apprête à voter dimanche pour élire ses députés au Parlement européen. Le scrutin a commencé dans plusieurs États membres depuis jeudi, dont le Royaume-Uni.
Lors d’une interview avec un Youtubeur à propos de ces élections, Emmanuel Macron a déclaré qu’il y avait « eu une attaque à Lyon (…) il ne m’appartient pas d’en faire le bilan, mais a priori, aujourd’hui, à ce stade, il n’y a pas de victime. Il y a des blessés, donc je veux avoir évidemment une pensée pour les blessés, leurs familles ».
Dans un tweet envoyé plus tard dans la soirée, le chef de l’Etat n’a plus évoqué d' »attaque », se contentant de déplorer « la violence qui s’est abattue » sur les Lyonnais.
De son côté, le Premier ministre Edouard Philippe a annulé sa participation au dernier meeting de campagne de la majorité prévu à Paris.
« Toute la lumière devra être faite sur les circonstances de cet attentat terroriste », a déclaré Marine Le Pen. « Une nouvelle attaque ignoble sur notre sol qui rappelle la menace qui pèse sur le quotidien des Français et notre modèle démocratique », a réagi Nicolas Dupont-Aignan.
Le pays n’avait plus connu d’attaque au colis piégé depuis décembre 2007, lorsqu’une explosion dans un cabinet d’avocats – dont les raisons sont à ce jour restées inexpliquées – avait fait un mort et un blessé.
Source: AFP
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