Le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez est parvenu jeudi à faire adopter au Parlement un paquet de mesures anti-inflation, malgré le vote défavorable des indépendantistes catalans pour protester contre l’espionnage présumé de certains de leurs membres.
La décision in extremis du parti séparatiste basque EH Bildu de voter ces mesures a permis de compenser le vote défavorable du parti indépendantiste catalan ERC, qui a reproché à l’exécutif « de ne pas assumer la responsabilité de l’espionnage dans l’affaire Pegasus » pour justifier sa position.
ERC est un allié habituel au Parlement du gouvernement minoritaire du socialiste Pedro Sanchez.
Craignant de voir ces mesures rejetées, M. Sanchez a reporté sine die des déplacements prévus en Moldavie et en Pologne afin de rester à Madrid où il a assisté au vote.
Adopté à une très courte majorité (176 voix pour, 172 contre, 1 abstention), ce paquet de 6 milliards d’euros d’aides directes, destinées à faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, comprend des subventions sur les carburants, une hausse du revenu minimum vital, et la prolongation de baisses d’impôts destinées à alléger les factures d’électricité.
En vigueur depuis le 1er avril, il devait être validé par le Parlement sous peine de rester lettre morte. Les députés pourront toutefois désormais l’amender s’ils le souhaitent.
M. Sanchez s’est félicité de l’approbation de ces mesures.
« L’intérêt général a prévalu face à la politique politicienne de certains qui ont privilégié l’intérêt de leur parti au bien de tous », a-t-il déclaré à la presse.
Un scandale d’espionnage présumé a éclaté la semaine dernière après la publication d’un rapport de l’organisation canadienne Citizen Lab affirmant que plus de 60 indépendantistes catalans, dont de hauts dirigeants du mouvement, avaient été espionnés entre 2017 et 2020 avec le logiciel israélien Pegasus.
Une fois installé dans un téléphone portable, Pegasus permet d’accéder aux messageries, aux données, ou d’activer l’appareil à distance à des fins de captation de son ou d’image.
Les indépendantistes accusent les services secrets espagnols d’être derrière cet espionnage, ce que le gouvernement espagnol n’a ni démenti ni confirmé.
S’exprimant mercredi pour la première fois sur ce sujet, M. Sanchez a promis de « rendre des comptes » tout en défendant l’action des services de renseignement qui agissent toujours, selon lui, « scrupuleusement et avec rigueur, dans le cadre de la loi ».
La Catalogne est le théâtre depuis plusieurs années d’une crise politique entre les indépendantistes, qui contrôlent l’exécutif et le parlement régional, et le gouvernement central.
En octobre 2017, les séparatistes avaient organisé un référendum d’autodétermination malgré son interdiction par la justice et déclaré unilatéralement l’indépendance de la région.
Les tensions s’étaient considérablement apaisées depuis la reprise en 2020 du dialogue entre les indépendantistes et le gouvernement de Pedro Sanchez qui a gracié l’an dernier neuf indépendantistes au nom de la « réconciliation ».
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