Cette année, les Australiens ont connu l’une des pires sécheresses de tous les temps. On compte parmi ses plus grandes répercussions des feux de brousse et une vague de chaleur qui a vu des centaines de chauves-souris mourir de chaud. Des phénomènes traduits à l’écrit par un des examens les plus complets sur le climat australien et relaté dans un rapport « extrêmement alarmant » sur les dispositions que l’Australie doit prendre pour son futur.
Car l’Australie n’a pas toujours été exemplaire en matière de politique climatique. Le ministre libéral de l’Énergie de la NSW, Don Harwin, a procédé cette semaine à une rébellion extraordinaire. Il s’est servi d’un article d’opinion publié dans l’Australian Financial Review pour accuser le gouvernement Morrison d’être « déconnecté » de la politique climatique et énergétique.
Le changement climatique est certainement pris au sérieux par de nombreux Australiens, le rapport sur le climat de la nation de cette année montrant que le nombre d’Australiens préoccupés par ce phénomène avait atteint son plus haut niveau en cinq ans.
Le rapport publié par The Australia Institute a révélé que 73% des 1 756 Australiens interrogés étaient préoccupés par le changement climatique, contre 66% en 2017.
Alors, quelle est la réalité sur le changement climatique ? Voici quelques faits.
L’Australie a pris un degré en température moyenne…
Un nouveau rapport publié jeudi par le Bureau of Meteorology de l’Australie et le CSIRO, confirme que l’Australie a déjà pris 1°C depuis la tenue des premiers registres en 1910. Outre la flambée du nombre de jours de chaleur extrême, le degré supplémentaire contribue aussi à l’élévation du niveau de la mer, a déclaré Helen Cleugh, directrice du Climate Science Center du CSIRO.
… et en prendra sûrement 3° de plus !
Le rapport du GIEC est l’un des plus fiables de nos jours, car il a prend en compte 6000 études et implique 91 auteurs et éditeurs de revues de 40 pays. Il mentionne que les engagements pris par les pays du monde entier — y compris l’objectif de l’Australie de réduire les émissions de 26 à 28% par rapport aux niveaux de 2005 d’ici à 2030 — feraient monter les températures de 3°C d’ici la fin du siècle.
Les scientifiques et les activistes du climat ont appelé les pays à augmenter leurs promesses de réduction des émissions de dioxyde de carbone dès que possible. Les mesures prises au cours des 12 prochaines années jusqu’en 2030 seront essentielles pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° C.
L’Australie va perdre sa Grande Barrière de Corail
L’avenir est sombre pour l’une des plus grandes attractions touristiques d’Australie, estimée à 56 milliards de dollars pour le pays.
Le rapport du GIEC a révélé que si la Terre se réchauffait de 1,5°C, la plupart des récifs coralliens du monde seraient perdus au cours des 30 prochaines années, même si certains survivraient. La moitié des récifs coralliens du monde pourrait être sauvée si le réchauffement était limité à 1,2°C.
« Cela vaut la peine de se battre« , a déclaré le Dr Scott Heron, expert en récifs coralliens et conseiller de l’Australian Marine Conservation Society (AMCS). D’autant plus qu’un rapport de Deloitte Access Economics a révélé que la grande barrière de corail australienne abritait actuellement 64 000 emplois à temps plein !
L’Australie en proie à la sécheresse
La saison des incendies dure maintenant plusieurs mois de plus que dans certaines régions, a déclaré Karl Braganza, responsable de la surveillance du climat du Bureau de météorologie. Le rapport sur l’état du climat publié cette semaine indique que l’Australie devrait s’habituer à d’horribles saisons de feux de brousse qui font de plus en plus de dégâts pendant de plus longues périodes.
Helen Cleugh, de la CSIRO, a déclaré que la combinaison de précipitations réduites (20% depuis 1970) et de températures plus élevées entraînerait une sécheresse prolongée. Il n’y a pas que les personnes qui seront touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents. En janvier de cette année, des centaines de bébés chauves souris ont « bouilli vifs » lorsque la température a atteint 47,3°C dans l’ouest de Sydney !

Le niveau de la mer risque d’augmenter
Le GIEC a déclaré que le niveau de la mer devrait augmenter de 0,26 m à 0,77 m d’ici 2100 (par rapport à 1986-2005) si le réchauffement de la planète se faisait à 1,5°C. Il sera de 0,1 m plus élevé si les températures augmentent de 2°C.
Les cartes de Coastal Risk Australia montrent l’impact d’une élévation du niveau de la mer de 0,74 m avec de grandes zones de Bryon Bay, Cairns et Port Douglas sous l’eau. Une partie de la circonscription de Melbourne située dans le quartier de Southbank serait submergée, de même que le quartier de Woolloomooloo à Sydney et la banlieue est.
DES MESURES EXTRÊMES SONT NÉCESSAIRES
Il est possible que le monde continue de chauffer à 1,5°C, mais des mesures extrêmes seront nécessaires. Dans le monde entier, l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité devrait pratiquement être éliminée d’ici 2050 dans tous les scénarios modélisés par le GIEC.
Cela devrait également être combiné à d’autres mesures telles que l’élimination du dioxyde de carbone, des changements dans l’utilisation des terres agricoles et forestières, ainsi que la bioénergie avec captage et stockage du carbone. Les émissions de carbone devraient être réduites de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030. Cela permettrait aux émissions de carbone d’atteindre le « zéro net » d’ici 2050 environ.
Si on laissait les températures monter au-dessus de 1,5°C, il faudrait beaucoup plus d’efforts pour le réduire d’ici 2100. Des techniques pour éliminer le carbone de l’air devraient probablement être utilisées et leur efficacité n’a pas été prouvée à grande échelle. Certaines d’entre elles peuvent comporter des risques importants pour le développement durable, note le rapport.
Un rapport séparé sur The Economics Of 1.5C Climate Change a révélé que le monde devait agir maintenant s’il ne voulait pas se tourner vers des mesures risquées ou coûteuses pour bloquer la lumière du soleil.
Une nouvelle technologie « d’ingénierie climatique » pourrait éventuellement s’avérer nécessaire, notamment la « gestion du rayonnement solaire », qui consiste à dévier la lumière du soleil pour réduire le réchauffement. Les méthodes comprennent les injections d’aérosols stratosphériques, l’éclaircissement des nuages marins, les miroirs spatiaux et la peinture des toits en blanc.
Les injections d’aérosols consistent à pulvériser des aérosols dans la stratosphère, de sorte que les particules bloquent et réfléchissent les rayons du soleil, ce qui abaisse les températures. L’éclaircissement des nuages en mer fonctionne de la même manière et consiste à ensemencer les nuages avec une fine pulvérisation d’eau salée afin de favoriser la formation de micro-gouttelettes. Ces micro-gouttelettes dispersent le rayonnement entrant et font durer les nuages plus longtemps.
CE QUE FAIT L’AUSTRALIE
Malgré les avertissements selon lesquels l’électricité au charbon devrait être éliminée d’ici 2050, le gouvernement Morrison veut toujours que les contribuables soutiennent les nouveaux projets charbonniers dans le cadre de son programme d’investissement pour les nouvelles générations.
Les scientifiques accusent l’Australie et son gouvernement d’être « irresponsable à l’extrême« .
Cette semaine, M. Harwin a tenté de faire en sorte que les ministres de l’énergie des États et des territoires de l’ensemble de l’Australie discutent de la création d’une feuille de route pour une émission nette à zéro d’ici 2050 dans une politique énergétique nationale lors d’une réunion à Adélaïde.
Mais le ministre fédéral de l’Énergie, Angus Taylor, a refusé de l’ajouter à l’ordre du jour du Conseil des gouvernements australiens.
Source : News.com.au
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