Dans le cadre des élections 2021 des Conseillers des Français de l’Etranger en Australie, Le Courrier Australien a rencontré toutes les têtes de liste et leur a posé 6 questions identiques afin de garantir une neutralité légitime. Vous trouverez ci-dessous l’entretien avec Jean-Philippe Grange, Tête de liste de « Ensemble, Citoyens et Solidaires ! »
Pouvez-vous en quelques mots vous présenter, expliquer votre motivation et la démarche derrière votre candidature et celle de votre équipe ?
Je m’appelle Jean-Philippe Grange. Originaire de Grenoble, j’ai 52 ans et je vis en Australie avec ma famille depuis 1998. Consultant en commerce international, je fais partie des conseillers des Français de l’Etranger élus en 2014 à l’issue de la réforme de la représentation des Français établis hors de France qui a créé les conseils consulaires. Je suis membre de l’Assemblée des Français de l’Etranger, instance représentative des 3,5 millions de français vivant hors de France et qui travaille sur leurs problématiques.
Je suis engagé dans l’association Français du Monde depuis 1998. Présente dans le monde entier avec une centaine de sections et reconnue d’utilité publique, son siège est situé à Paris et j’ai l’honneur d’être l’un des membres de son Conseil d’Administration depuis 2019.
Je suis aussi trésorier de l’association French Assist NSW dont le rôle, en coopération avec le Consulat Général, est d’aider au cas par cas et de façon ponctuelle les Français d’Australie dans le besoin, en les accompagnant pour faire face à leurs situations d’urgence, de détresse ou d’isolement.
J’ai à cœur de poursuivre ce travail de terrain et j’ai contribué à mettre en place, en 2019, un nouveau « collectif » au service de la communauté française, sur la base des valeurs pour lesquelles je me suis toujours engagé : justice sociale, équité, solidarité. L’aboutissement de cette démarche, c’est « Ensemble, Citoyens et Solidaires ! », la liste que nous avons le plaisir de conduire avec ma colistière Caroline Brunel, parent d’élèves au lycée Condorcet de Sydney, consultante en marketing établie en Australie depuis 2005.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos colistières et vos colistiers ?
Notre démarche de rassemblement a donné naissance à une équipe emprunte d’une grande diversité quant au profil, parcours et sensibilité des personnes qui la compose. Binationaux et résidents permanents vivant de longue date dans la circonscription, nous formons un groupe intergénérationnel, expérimenté et disponible, doté d’une solide expérience de ce que représente aujourd’hui l’expatriation ou l’établissement sur le long terme dans un pays comme l’Australie. Nous vivons au quotidien – depuis plusieurs décennies pour certains d’entre nous – ce que signifie « une vie entre la France et son pays de résidence », dans les bons moments comme dans les passages plus difficiles, comme nous les vivons actuellement.
Nous sommes entrepreneurs, consultant.e.s, enseignantes, avocat, retraités… et sommes impliqués à des titres divers sur un grand nombre de sujets : le développement de l’entreprenariat français en Australie, le développement durable, l’égalité femme – homme, notamment dans le monde de l’entreprise, les droits de l’homme, le droit du travail, l’enseignement français et à la langue française à l’étranger, l’égalité des droits et la lutte contre les discriminations, les personnes ayant choisi de prendre leur retraite à l’étranger, le volontariat International en Entreprise, l’accueil des jeunes français, en particulier sur visas étudiant et Vacances-travail, le handicap et les besoins particuliers des Français de la circonscription.
C’est je crois l’une des forces de cette équipe : par nos histoires, nos expériences professionnelles, nos engagements associatifs ou politiques, mais aussi à travers nos passions, nos engagements, nos mobilisations, nous contribuons toutes et tous à un collectif expérimenté, réellement au service de nos concitoyens.
Etes-vous engagé politiquement et est-ce le cas des membres de votre équipe ?
Nous formons une équipe rassemblée autour de valeurs progressistes et qui inscrit son action dans une démarche humaniste, solidaire et écologiste. Notre démarche affiche clairement ses positions et ses soutiens, dont les noms apparaitront d’ailleurs sur nos bulletins de vote : l’association Français du Monde et Europe Écologie – Les Verts.
Je note que ce n’est pas le cas des quatre autres listes en présence. Elles ont toutes des affiliations politiques, au demeurant souvent assez proches, mais elles ne les laissent pas paraitre, pour l’instant au moins….
Français du monde rassemble depuis 1980 tous les Français qui, hors de France, partagent les idéaux et les valeurs de justice sociale, de pluralisme, de tolérance, de démocratie, de solidarité. Elle ne dépend d’aucun parti politique mais revendique son appartenance à la grande famille de la gauche. Nous sommes très fiers, avec Caroline et toute l’équipe, d’enrichir cette diversité avec le mouvement écologiste. Les choses sont posées : faite nous confiance pour faire entendre une autre voix au conseil consulaire.
J’ajoute que le degré d’implication politique de notre équipe est très divers et que les engagements de terrain ont toujours été plus importantes pour nous que l’appartenance à telle ou telle organisation.
La politique est à la base du fonctionnement de notre démocratie. Les élections consulaires sont des élections locales, à l’image des élections municipales : les élu.e.s consulaires voteront aux élections sénatoriales pour des représentants qui voteront les lois et les budgets de l’Etat dont dépendent les niveaux de services au public, les moyens de fonctionnement, la protection ou non des biens communs, etc. Je pense que nos concitoyens souhaitent la transparence !
Quelles sont vos priorités, vos principaux thèmes de campagne et qu’est-ce qui vous distingue des autres listes en présence ?
Nous aurons l’occasion d’exprimer pendant cette campagne les valeurs communes qui nous animent et nous concernent directement, toutes et tous, Français qui vivons à l’étranger :
- Lutte contre les inégalités et les discriminations, notamment entre les femmes et hommes,
- Actions locales pour la protection de l’environnement, la lutte contre l’effondrement de la biodiversité, l’accélération de la transformation écologique de l’économie et la préservation des biens communs,
- Défense des services publics consulaires, de l’action et de la protection sociale,
- Défense et promotion de l’enseignement français et à la langue française pour nos enfants, y compris pour ceux qui ne sont pas scolarisés dans un établissement français,
- Fiscalité plus juste pour les Français non-résidents hors UE.
Nous déclinerons les thèmes qui nous sont chers, à l’écoute de nos concitoyens dont les préoccupations sont au cœur de notre démarche :
- Étudier, se former, faire reconnaître son diplôme, travailler, entreprendre en Australie
- S’épanouir en expatriation, dans une démarche individuelle ou en famille,
- Se sensibiliser à l’éco-citoyenneté et à la nécessité d’une transformation de nos modes de vie, notamment par la promotion des principes de l’économie sociale et solidaire,
- Créer, animer et développer une association, notamment en matière de solidarité et de défense de l’environnement,
- Rester en contact avec son pays d’origine,
- Faire face à des difficultés financières ou administratives en s’appuyant sur un réseau de contacts solidaires,
- Lutter contre l’isolement, notamment comme retraités vivant à l’étranger.
Je parlais de notre positionnement qui se distingue clairement des quatre autres listes, qui peineront peut-être à se différencier entre elles. Sur la base des valeurs que nous défendons, nous démontrerons que notre approche sur chacune de ces problématiques est bien différente sur le fond !
Quelle sera votre priorité si vous êtes élus ?
Continuez notre travail de terrain ! Il nous faudra approfondir les consultations de nos concitoyens, être toujours plus à leur écoute, faire remonter les besoins, les questions parfois techniques qu’ils peuvent avoir pour résoudre leurs difficultés. Et puis faire des efforts croissants d’information sur tous les sujets qui les concernent : fiscalité, assurance maladie, droit social et familial, recherche d’emploi, création d’activités indépendantes, mais aussi questions liées aux versements des pensions de retraite, aux problématiques de retour en France… La liste est longue. Face aux difficultés financières, administratives ou personnelles, nos concitoyens pourront compter sur un réseau de contacts solidaires !
Mais chronologiquement il y a aussi une priorité : après le scrutin, il faudra élire un ou une présidente du conseil consulaire. Ce sera une première ! Jusqu’à présent, en fonction des pays, ambassadeurs ou consuls généraux présidaient le conseil consulaire. Au-delà du symbole, nous réfléchirons – à notre modeste place mais en réseaux avec d’autres elu.e.s à travers le monde – à ce que pourraient être de nouvelles mesures de décentralisation des pouvoirs en faveur des élus locaux des Français de l’Etranger. On doit pouvoir aller plus loin dans la mise en œuvre de mesures concrètes, pour aider nos concitoyens et accompagner l’administration dans son travail. Plus de décisions devraient pouvoir être prises localement, y compris en matière budgétaires sur certains sujets comme l’appui aux associations. C’est un beau chantier de démocratie locale, qui doit s’accompagner d’un surcroit de visibilité des élu.e.s dans les ambassades et les consulats, pour que les conseillers des Français de l’Etranger, « vos représentants », soient de véritables élus locaux.
Si vous pouviez changer une seule chose ou obtenir une décision importante pour les Français vivant hors de France, et en particulier dans votre circonscription, quelle serait-elle ?
J’ai envie de dire spontanément : obtenir un retour à une pleine liberté de circulation permettant les retrouvailles familiales et amicales tant attendues ! Malheureusement personne n’a de baguette magique et il faut rester patient, même si beaucoup de choses pourraient être dites sur la gestion de la pandémie en France, en particulier avec notre regard de Français vivant en Australie…
Mais je répondrais plutôt ceci. Nous sommes, selon les dernières estimations, près de 3,5 millions de Françaises et de Français qui résidons à l’étranger et jouons un rôle singulier dans le rayonnement de la France dans le monde. L’année écoulée a été difficile et la pandémie de COVID-19 aura vraisemblablement un impact qui devrait être limité grâce à la résilience de nos compatriotes. Le nombre de personnes inscrites auprès de leurs consulats a augmenté de 81% au cours des 20 dernières années.
Aux côtés de l’éducation en français et de l’influence économique de nos entreprises et entrepreneurs dans toute leur diversité – l’action diplomatique et consulaire est un pilier central de la présence française à l’étranger, avec des personnels d’une grande qualité. Or le Quai d’Orsay a vu ses effectifs baisser régulièrement depuis 30 ans.
Je suis conscient de l’impact le plus souvent positif de la dématérialisation, mais si je pouvais obtenir une décision importante, ce serait non seulement de stopper cette tendance au désengagement budgétaire progressif de la Nation pour les Français de l’étranger, mais de renforcer ce que l’on appelle l’action extérieure de l’Etat, au service de ses 3,5 millions d’ambassadeurs !
Présentation de la liste « Ensemble, Citoyens et Solidaires ! » et ses colistiers
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