L’auteur d’origine iranienne de la prise d’otages de Sydney était un personnage complexe, secret, qui n’hésitait pas à se livrer à des revendications grandiloquentes, a témoigné lundi un enquêteur.
La prise d’otages dans un café de Sydney en décembre s’était achevée par la mort de deux otages ainsi que de l’auteur des faits, Man Haron Monis.
Fin janvier, le coroner de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, un haut fonctionnaire chargé d’enquêter en cas de décès violent ou suspect, avait lancé des investigations sur la prise d’otages.
A la reprise de l’audience lundi, le coroner Michael Barnes a expliqué qu’il allait explorer le passé du religieux autoproclamé pour tenter de déterminer si le drame aurait pu être évité.
« Monis était-il un loup solitaire inspiré par le groupe Etat islamique (EI) pour commettre un acte terroriste ou s’agissait-il d’un déséquilibré qui voulait se venger d’un grief privé d’une manière publique? », a-t-il demandé.
L’enquête doit tenter d’établir si Monis aurait pu être expulsé ou arrêté et si le siège aurait pu se terminer sans victimes.
Au moment de la prise d’otages, Monis était en liberté sous contrôle judiciaire alors qu’il était inculpé de complicité de meurtre ainsi que de multiples délits à caractère sexuel.
Il avait aussi posté sur internet des propos semblant prêter allégeance au groupe extrémiste EI dans le mois ayant précédé le drame.
Le gérant du café, Tori Johnson, avait été abattu par Monis tandis que Katrina Dawson, une avocate mère de trois enfants, avait été tuée par le ricochet d’une balle tirée par la police.
Les enquêteurs ont expliqué à l’audience que Monis était né dans une famille iranienne modeste mais avait reçu une bonne éducation. Après son mariage, il avait vécu confortablement à Téhéran.
Son degré d’éducation aurait pu lui permettre d’être fonctionnaire, Monis se vantait d’avoir des contacts de haut niveau mais rien ne montre qu’il ait choisi cette voie, a expliqué Jeremy Gormly, le conseil du coroner.
« Comme nous allons le voir, M. Monis était coutumier des revendications grandiloquentes, mais il semblerait qu’il y ait eu un brin de vérité dans son passé », a dit M. Gormly.
Après son arrivée en Australie en 1996 à l’âge de 31 ans, Monis a changé plusieurs fois de nom. « Il avait un comportement opaque à bien des égards », a-t-il souligné. Mais en même temps, il remplissait ses déclarations de revenus, signalait ses changements d’adresse et avait même rempli une déclaration d’intention de manifester destinée à la police.
Ce contraste « entre respect de la loi et illégalité » est un fil conducteur de sa conduite en Australie. « M. Monis semble avoir mené une vie relativement isolée », a-t-il ajouté.
L’auteur de la prises d’otages souffrait de troubles psychiques mais qui semblent avoir été « modestes », a-t-il encore déclaré.
L’enquête du coroner, qui donnera lieu à des audiences multiples, ne doit pas s’achever avant 2016.
©AFP
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