Dans le monde : sur quatre suicides, trois touchent des hommes… voilà.
Le sujet est grave, mais pas question de jouer la carte du mélo. La Fondation Movember a choisi de traiter les sujets sensibles de ces messieurs avec un brin de folie pileuse, façon Tom Selleck ou pourquoi pas Salvador Dali. Ainsi, chaque mois de novembre, on se laisse pousser la moustache pour évoquer les cancers masculins et les difficultés spécifiques qu’ils peuvent rencontrer. Lancement du grand temps fort de l’année : aujourd’hui… dans 21 pays. A Melbourne, ça se passait ce matin à la State Library.
L’équipe est arrivée tôt pour placer de grandes pancartes sur les bancs qui bordent l’allée devant la bibliothèque historique. On y lit des affirmations dont le verbe au présent a été raturé – rectifié au passé : « Sam s’entrainer s’entrainait pour courir le marathon à la fin de l’année. » A côté, on a posé une paire de baskets, bien inutiles désormais. La mort (par cancer ou suicide) est passée par-là. On doit en parler, il faut en parler.
Une attitude fun et légère
Ryan Kieran travaille chez Movember. Il arbore une superbe moustache de mousquetaire « âgée de 365 jours ». Il va la raser tout à l’heure pour remettre les compteurs à zéro et recommencer à la faire pousser. Il a découvert le principe devant sa télévision, au détour d’une publicité. Il s’est dit pourquoi pas ? Au départ, il s’agissait surtout de rigoler. Mais deux de ses amis se sont suicidés. « Depuis, avec des copains, on se laisse pousser la moustache chaque année pour leur rendre hommage… et récolter des fonds. » Charlotte Webb, responsable de la collecte, renchérit : « Souvent les personnes se lancent le défi de façon complètement inopinée. Décalée même ! Mais c’est ok. Si nous réussissons à mobiliser autant, c’est aussi grâce à cette attitude fun et décontractée. »
Mâles en souffrance
Pourtant les chiffres du suicide sont lourds et très majoritairement masculin. Il tue 6 hommes par jour en Australie. L’association fait un gros travail de prévention et d’accompagnement de ces mâles en difficulté. « Nous allons partout où ils sont : au travail, dans les écoles, sur les terrains de sports », détaille charlotte. Sans être experte dans le domaine, elle sait qu’on n’aide pas un homme comme on aide une femme. Les causes, les leviers, le soutien… tout cela diffère. Le principe, chez Movember, c’est de reproduire à large échelle une petite initiative locale qui a très bien fonctionné.
Autre sujet important pour Movember… peut-être même le tout premier : les cancers de la prostate et des testicules. Ok, pas très sexy mais justement. Parce qu’ils peuvent être mal vécus et que leurs conséquences sont parfois dévastatrices (incontinence, sexualité), il est essentiel de bouger. Les fonds récoltés depuis 2003 ont très largement été investis dans la recherche et dans des solutions pour améliorer la qualité de vie des anciens cancéreux.
Avec les Mo sistas
Charlotte, qui a rejoint l’association il y a 18 mois, a été bluffée par le travail de Movember. Pas facile en effet de mobiliser ces messieurs, mais ça marche ! Depuis 2003, plus de 5 millions de personnes ont joué le jeu et se sont lancés dans le moustache-challenge. Dire que l’histoire est née dans un bar de Fitzroy (à Melbourne !) quand une poignée de copains évoquaient les modes tombées en désuétude qu’il faudrait remettre au goût du jour. Ils ont élu la moustache de Tom Selleck et voilà. La bonne cause raccrochée au look a fait le reste.
Et qu’en disent les femmes ? Elles sont bien sûr en première ligne aussi. On les appelle les Mo sistas. Elles peuvent accueillir des événements, participer à des challenges sportifs… Elles ont les moyens de faire beaucoup, mais peut-être pas de se faire pousser la moustache : un poil trop challenging. Dommage, celle de Freddy Mercury est à la mode cette année, c’est Ryan qui le dit et on va observer ça de près.
Valentine Sabouraud
Pour en savoir plus, vous impliquer ou donner, c’est ici.
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