Emmanuel Macron a fait entrer dimanche au gouvernement trois trentenaires choisis parmi ses plus fidèles soldats, ses conseillers Sibeth Ndiaye et Cédric O, ainsi que la députée Amélie de Montchalin, resserrant les rangs autour de lui pendant cette période de crise. Des choix qui suscitent la polémique.
Choix surprise, Sibeth Ndiaye, sa conseillère presse réputée pour son franc-parler, est nommée à 39 ans au poste stratégique de porte-parole du gouvernement, à la place de Benjamin Griveaux, parti faire campagne pour la mairie de Paris.
Amélie de Montchalin, 33 ans, l’une des porte-voix les plus virulentes de la Macronie à l’Assemblée, est récompensée par le poste de secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, remplaçant Nathalie Loiseau désormais tête de liste LREM aux européennes.
Enfin Cédric O, conseiller de l’ombre du chef de l’Etat pour le numérique et ex-trésorier de sa campagne, devient à 36 ans secrétaire d’Etat au Numérique, le poste auparavant occupé par Mounir Mahjoubi, qui lui aussi brigue la mairie de Paris.
Cette annonce faite un dimanche soir -timing insolite pour un remaniement- permettra d’avoir un gouvernement au complet dès ce lundi, jour avancé du conseil des ministres.
« Vous informer et expliquer ce que fait le gouvernement pour votre quotidien: c’est mon nouveau job (…) Je vous dis à demain pour mon premier compte-rendu du Conseil des ministres », a tweeté Sibeth Ndiaye dans la soirée.
Le casting de ce remaniement « est le choix de la reconnaissance du travail accompli », a expliqué un conseiller de l’exécutif.
Pour Amélie de Montchalin, celui du rôle clé qu’elle a joué au sein du groupe majoritaire à l’Assemblée et sur les questions budgétaires.
A l’Elysée, Sibeth Ndiaye et Cédric O ont démontré qu’ils avaient « la vision politique et la compétence pour prendre des responsabilités plus dans la lumière », souligne ce conseiller.
Un autre conseiller de l’Elysée, Clément Beaune, avait d’ailleurs été initialement donné favori pour les Affaires européennes.
Cette nomination, « je la vis comme une immense aventure, comme un immense défi », s’est réjouie sur BFMTV Mme de Montchalin. « Il faut beaucoup de pugnacité et beaucoup d’énergie pour travailler sur les dossiers européens ».
Cédric O a lui exprimé à l’AFP sa « fierté » d’avoir été nommé, avec l’ambition d' »obtenir des résultats rapides » dans le secteur stratégique des technologies numériques, l’une des priorités affichées du président Macron.
– « Technos » –
Mais l’opposition a immédiatement a critiqué des choix « consanguins » de fidèles de la Macronie, y voyant la preuve que le chef de l’Etat était isolé et n’avait d’autre choix que de puiser dans son carré de fidèles.
« Pour son remaniement, Macron choisit deux conseillers sur trois postes. Encore un peu plus techno, encore plus éloigné du peuple, tel est le destin de ce gouvernement », a réagi Valérie Debord, porte-parole LR, sur Twitter avec le mot-clé « le roiestseul ».
« On a l’impression qu’il y a un grand coup de vent et monsieur Macron prend dans sa garde rapprochée », a renchéri le député apparenté RN, Gilbert Collard.
« Cette mauvaise habitude de nommer ministres des conseillers de l’Elysée … Comment affaiblir chaque jour davantage la légitimation électorale, ne rien comprendre à la crise de connexion avec les Français et éviter toute contradiction », a également dénoncé la sénatrice socialiste Marie-Pierre de La Gontrie.
Le choix de Sibeth Ndiaye est celui qui suscite le plus de controverses. « Les donneurs de leçons macroniens, autoproclamés pourfendeurs de #FakeNews, viennent donc de nommer comme porte-parole du gouvernement une menteuse professionnelle : ça doit être ça le en même temps », a attaqué Jordan Bardella (RN).
« Donc celle qui avait dit +la meuf est dead+ en parlant de Simone Veil est nommée porte-parole du gouvernement », a tweeté Lidya Guirous, porte-parole de LR, en faisant référence à l’expression polémique prêtée à Sibeth Ndiaye lors du décès de Simone Veil.
Il s’agit de la première expérience gouvernementale pour chacun des trois entrants, dont deux n’ont jamais été élus.
Au total, 10 membres du gouvernement ont quitté leurs fonctions depuis le début du quinquennat, une concentration de départs inédite en début de mandat. Parmi eux, on compte trois ministres d’Etat, François Bayrou, Nicolas Hulot et Gérard Collomb.
Source: AFP
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