Éliminé du circuit élite mardi, le surfeur américain Kelly Slater, 52 ans, a évoqué la fin imminente de sa carrière légendaire, après trois décennies au sommet marquées par onze titres de champion du monde.
« Tout a une fin », a déclaré Slater après son élimination face au N.1 mondial, son compatriote Griffin Colapinto, à Margaret River, au sud de Perth (ouest de l’Australie).
Souvent comparé à Pelé en football ou à Jordan au basket, le Floridien a continué à affronter les meilleurs mondiaux, pour certains deux fois moins âgés que lui, jusqu’à ce que son corps le lâche pour de bon à 52 ans.
Evoquant son sentiment après plusieurs compétitions ratées depuis le début de la saison, visiblement ému, il est encore revenu sur le sujet mardi: « Ca ressemble à la fin (…). Si tu ne t’adaptes pas, tu ne peux pas survivre. Je n’ai pas été totalement motivé pour être à 100% comme tout le monde le fait maintenant ».
Il avait déjà plusieurs fois fait référence à sa retraite, mais sans jamais encore l’annoncer officiellement. En délicatesse avec sa hanche depuis près de deux ans, il s’est incliné au premier tour des phases finales des quatre compétitions auxquelles il a pris part cette année.
– Pas de JO –
Ses résultats (32ème sur 34 au classement général) ont été biens trop justes pour lui permettre de survivre à l’impitoyable « cut » de mi-saison du Championship Tour (CT), qui élimine les 12 derniers du classement général pour le reste de l’année.
« Ca a été une vie incroyable, riche en souvenirs », a estimé Slater, qui a toutefois annoncé qu’il avait demandé une « wild card » pour une compétition du circuit mondial qui aura lieu l’été prochain aux Fidji.
« Ca a représenté tellement d’émotions, pendant si longtemps. Tout n’a pas été rose, mais ça a été les meilleurs moments de ma vie », a poursuivi Slater, qui a été porté par deux proches, en signe d’hommage, à sa sortie de l’eau après son élimination et acclamé par le public présent.
Bousculé par la jeune concurrence au sein de l’équipe américaine, le Floridien n’aura pas non plus réussi à se qualifier pour les JO-2024, qu’il avait érigés en dernier défi d’envergure pour achever sa carrière hors du commun.
Mais même sans un titre olympique, le palmarès du « King » donne le tournis. Il est onze fois champion du monde, à la fois le plus jeune – à 20 ans en 1992 – et le plus vieux de l’histoire – à 39 ans en 2011 -, et détenteur de 56 victoires en compétition.
« Personne ne s’en rapproche et personne ne dominera aussi longtemps à l’avenir. C’est le plus grand », affirme sans détour auprès de l’AFP Tom Carroll, double champion du monde (1983, 1984), témoin privilégié de l’ascension de Slater au sommet.
– « Le talent à l’état pur » –
Sa longévité s’explique notamment par une facilité déconcertante sur l’eau. « Il a des attributs naturels : son corps est très souple et il est extrêmement créatif. Il a apporté une spontanéité et une sophistication jamais vues », décrit Carroll.
« Kelly, c’est le talent à l’état pur », résume le Français Jérémy Florès, longtemps adversaire de l’Américain sur le CT et désormais coach de l’équipe de France.
Connu pour son hygiène de vie rigoureuse et son obsession pour la nutrition, Slater a également fait preuve toute sa carrière d’un esprit de compétition acharné, illustré dans les années 2000 par ses duels haletants avec l’Hawaïen Andy Irons, décédé en 2010.
« Techniquement, il était au-dessus car il réussissait à transformer des vagues moyennes en gros scores. Mais stratégiquement, c’était juste incroyable. Pendant une série, il pouvait te déstabiliser en te lâchant seulement trois mots », raconte Florès.
Sur des spots de tubes, comme à Teahupoo (Tahiti) et Pipeline (Hawai), il pouvait encore rivaliser avec la jeune génération, capable d’enchaîner les sauts au dessus de l’eau dans de petites et moyennes conditions.
Mais après avoir annoncé début mars attendre un enfant avec sa compagne Kalani Miller, l’Américain semblait fin prêt à ranger ses planches et à poser ses valises pour s’en occuper à plein temps.
Après sa défaite mardi, il a simplement évoqué au micro de l’organisation « le début de quelque chose d’autre ». « Le début du reste de (sa) vie ».
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