Aujourd’hui, les électeurs de Nouvelle-Galles du Sud sont appelés aux urnes. Cette élection d’État a pour objet le renouvellement des 93 sièges de l’Assemblée Législative locale, ainsi que 21 des 42 sièges du Conseil Législatif, équivalent du Sénat. Ces élections représentent l’ultime échéance avant les élections fédérales, qui devraient avoir lieu avant mai. Natanael Bloch, expert en communication politique, apporte un éclairage concernant les enjeux politiques de ce scrutin à l’échelon local et national.
Les élections au Parlement de Nouvelle-Galles du Sud ont lieu aujourd’hui. Quels sont les principaux enjeux de ces élections ? Quels sont les sujets qui font le plus débat ?
Il y a trois sujets principaux. Le premier, c’est celui de la ruralité, étroitement lié à la question de l’accès à des services tels que les hôpitaux et les écoles. Cela permet de mettre la focale non pas seulement sur Sydney, mais également sur les régions plus reculées de l’État. Le deuxième point, c’est celui des transports et la mobilité. Par exemple, comment fluidifier le trafic routier ? Le troisième point, c’est la question de l’emploi et du chômage. La Nouvelle-Galles du Sud donne vraiment l’impression de tirer l’Australie vers le haut, parce qu’on y trouve le taux de chômage le plus bas du pays. Il est donc difficile pour l’opposition travailliste de trouver des terrains de différenciation sur ce sujet.
Michael Daley, chef de file de l’ALP en Nouvelle-Galles du Sud, a axé sa campagne sur une plus juste allocation de l’argent public. Pensez-vous que le Labor puisse reprendre le pouvoir en Nouvelle-Galles du Sud ?
C’est en tout cas ce qu’ils souhaitent faire. Les derniers sondages donnent une très faible avance pour le Parti Libéral de Gladys Berejiklian. Et même si les élections fédérales n’ont rien à voir avec les élections de demain, les Travaillistes pourraient bénéficier des sondages qui leur sont favorables à l’échelon national. La question est la suivante : les Libéraux, qui sont en déliquescence à Canberra, parviendront-ils à garder Sydney ? Si l’État passe sous la bannière travailliste, il y aura cinq États travaillistes contre deux États libéraux, en mettant de côté Canberra et l’Australian Capital Territory. Je crois donc que les travaillistes misent beaucoup sur le contexte fédéral pour renverser la vapeur en Nouvelle-Galles du Sud.
Selon vous, quel est le facteur déterminant de cette élection ?
L’élément qui est important, c’est la longévité de la Première Ministre, Gladys Berejiklian. Si elle remportait un troisième mandat d’affilée demain, ce serait une première dans une élection d’État depuis 1971. On a donc un élément probatoire historique assez unique. Par ailleurs, les Libéraux ont perdu deux by-elections ( élections législatives partielles, ndlr ) en Nouvelle-Galles du Sud, en 2016 et 2018. Leur majorité ne tient qu’à six sièges. Autant dire que tous les signaux ne sont pas au vert pour les Liberals.
Peut-on se retrouver dans une situation où aucun parti ne disposerait de la majorité, comme au niveau fédéral ?
L’un des deux sièges perdus par les Libéraux lors des by-elections a été remporté par un candidat du parti Shooters, Fishers and Farmers. Il sera donc peut-être nécessaire de créer une coalition avec l’un des « petits partis ». Et si les travaillistes remportent ces élections, ils ne les remporteront pas haut la main. Il reste donc à savoir qui, parmi les partis minoritaires, pourra en profiter.
On se dirige donc vers un résultat assez incertain…
Effectivement, c’est serré. Après, il faut dire que le Parti Libéral a sorti l’artillerie lourde. Il n’y a qu’à voir la campagne de Gladys Berejiklian, soutenue par Scott Morrison et John Howard… Ce qui est intéressant, c’est que c’est aussi le dernier « test » électoral avant les fédérales. Ça donne le ton. Cependant, les élections d’État et les élections fédérales sont deux exercices complètement différents. Il n’y a pas de lien, comme en France entre les présidentielles et les législatives : on peut avoir une majorité au niveau fédéral, et des États qui soient d’une autre couleur politique. L’élection de demain, est une élection d’État, avec des problématiques d’État. En attendant la grande messe des élections fédérales…
Propos recueillis par Pierre-Alexandre Bigel
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