La seule agence de presse nationale australienne, Australian Associated Press, va mettre un terme à ses activités en juin, après 85 ans de présence dans le paysage médiatique national, faute de rentabilité.
Tout un symbole ! La principale raison invoquée par les dirigeants : l’émergence des réseaux sociaux. Les médias n’hésitent plus à intégrer, voire à fonder leur contenu sur des publications de la population sur les réseaux sociaux. Les premières photos et reportages proviennent souvent des téléphones portables d’inconnus, publiés sur un compte Twitter, Instagram ou Facebook. Pourquoi encore envoyer un journaliste sur place ?
La contribution citoyenne est sans aucun doute positive, mais les dérives dues à cette course folle à l’immédiat et aux clics laissent une place royale aux Fake News. Ces contributions citoyennes ne remplaceront jamais le travail effectué par des journalistes professionnels qui suivent les dossiers sur le long terme, recoupent leurs informations, posent des questions aux différents interlocuteurs afin de proposer un article fiable.
L’analyse ne pèse plus très lourd face à cette urgence que la société actuelle nous impose. Un monde où il faut toujours consommer davantage, au détriment de la réflexion et de la lecture.
Bien souvent aujourd’hui, les lecteurs se contentent d’une photo, d‘un titre, et d’une lecture en diagonale pour se forger une opinion rapide. Beaucoup la propagent par la suite sur ces nouveaux outils, qui donnent souvent le sentiment d’enfin être écoutés.
Une information gratuite, une évidence…
Alors qu’avant il était normal d’acheter son journal pour accéder à l’information, aujourd’hui, il semble fou de payer, même à un prix dérisoire, pour accéder à un contenu. Pourquoi le faire quand d’autres médias proposent de l’information gratuite ? Pourquoi le faire quand n’importe qui peut prétendre à un statut de pseudo-journaliste ?
Le nombre de journalistes en Australie est en baisse depuis 12 ans. Les réductions d’effectifs les plus fortes ont eu lieu ces 5 dernières années. A qui la faute ? Le modèle commercial publicitaire s’est effondré suite à l’émergence des médias digitaux. La fermeture de l’AAP devrait entrainer la perte de 180 emplois. Avec eux, c’est une institution d’intérêt public qui disparait.
La perte de cette source d’information indépendante, non partisane et d’intérêt public, vitale pour toute démocratie, signifie que nous sommes tous moins bien informés. On dit que l’information constitue le pouvoir, nous nous retrouvons donc tous moins puissants.
Sans subvention pour les médias locaux, sans un retour à un modèle d’information payante, sans l’instauration d’abattements fiscaux pour les investissements dans le journalisme, la disparition de l’information de qualité semble inéluctable.
Il ne s’agit probablement plus de savoir si la presse qualitative va mourir, mais plutôt quand.
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