Le discours de politique générale de Gabriel Attal mardi est une « déclaration de guerre aux pauvres » selon la gauche, un « catalogue » prononcé par un « figurant » d’Emmanuel Macron pour le RN, tandis que LR souligne que l’avenir du gouvernement « dépend » de l’Assemblée nationale.
. Pour la gauche, Attal fait la « guerre aux pauvres »
Avant même la déclaration de Gabriel Attal, les quatre groupes de gauche ont déposé une motion de censure contre son gouvernement à l’Assemblée, qui pourrait en débattre d’ici la fin de semaine. Elle a peu de chance d’être adoptée, mais insoumis, socialistes, écologistes et communistes veulent en faire une « motion de défiance » contre Gabriel Attal.
A peine l’intervention du Premier ministre entamée, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon – qui n’est plus député – a fustigé sur les réseaux sociaux le discours « le plus réactionnaire depuis un siècle ».
Selon la cheffe du groupe LFI Mathilde Panot, en matière de logement, « c’est la pire régression de la dernière décennie » avec un assouplissement de la loi SRU sur la part de logements sociaux dans les territoires.
Le socialiste Arthur Delaporte dénonce de son côté « la suppression de l’allocation de solidarité spécifique » annoncée par le Premier ministre. « C’est une énorme bombe sociale », a-t-il estimé.
« Vous êtes le jeune visage du vieux monde », a dit le patron du groupe socialiste Boris Vallaud au Premier ministre de 34 ans, comparé par plusieurs élus à l’ancienne Première ministre britannique des années 80 Margaret Thatcher.
« Nous avons droit à une déclaration de guerre aux pauvres et à la nature », a aussi commenté l’eurodéputée Marie Toussaint, tête de liste des Ecologistes aux européennes, pendant que le chef des députés communistes André Chassaigne critiquait un « gouvernement mondain et de l’entre-soi », « au service des riches ».
La gauche dénonce aussi la réforme annoncée par « voie règlementaire » de l’aide médicale d’Etat pour les étrangers sans papiers, sans passer par un vote du Parlement.
. Un discours de « figurant », selon le RN
A l’extrême droite, Marine Le Pen a dénoncé le « rituel presque mécanique » de Gabriel Attal, un « catalogue » sans « aucun souffle » d’un Premier ministre « ravalé » au rang de « figurant », derrière Emmanuel Macron. Le discours du Premier ministre « tombe lourdement d’une des fenêtres du château » de l’Elysée, a-t-elle tancé, avec « le pire de la droite et le pire de la gauche ».
L’ex finaliste de la présidentielle a fustigé un « arrimage aveugle et inconditionnel sur l’agenda bruxellois » et « un grand effacement de la France ».
Mais la motion de censure de la gauche « annoncée avant même le discours (…) décrédibilise ceux qui l’ont déposée », a-t-elle estimé devant la presse ensuite.
La députée RN Laure Lavalette a reproché à Gabriel Attal de vouloir « parler comme Marine Le Pen », notamment sur l’uniforme à l’école, « mais sa violence eurobéate le trahit, il ne fera rien et tout le monde le sait », a-t-elle estimé.
Le RN a critiqué les annonces de régularisations de médecins étrangers ou la nomination d’un « émissaire » pour rechercher des médecins dans d’autres pays. « Cette annonce est cynique et indigne de la France. Nous n’avons pas à aller chercher des médecins en privant les pays étrangers de leurs talents », a réagi le député Thomas Ménagé.
. Pour LR, une « trahison » sur l’AME
A droite, le président de LR Eric Ciotti a dénoncé devant la presse « une trahison de la parole donnée » sur l’Aide médicale d’Etat, dont Gabriel Attal a annoncé qu’elle serait réformée par voie réglementaire plutôt que législative. L’ancienne Première ministre Elisabeth Borne avait promis en décembre que les parlementaires seraient « pleinement associés à ces travaux ».
Le président du groupe LR, Olivier Marleix, a mis en garde dans l’hémicycle le Premier ministre: « Souvenez que la durée de vie de votre gouvernement (…) dépend aussi de cette Assemblée nationale où vous êtes minoritaire et dont vous n’aurez pas la confiance », a-t-il dit.
Après la censure large du projet de loi immigration, et alors que gronde la colère des agriculteurs, Les Républicains font monter la pression sur le gouvernement: les députés LR « sont absolument prêts à déposer une motion de censure », a affirmé dans la matinée le député Pierre-Henri Dumont, mais seulement « au moment opportun ».
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