Sable blanc, eau turquoise, paysages chimériques… Rottnest Island a des airs de paradis sur terre. Particulièrement connue pour le petit marsupial souriant qui l’habite, le quokka, l’île a la cote auprès des touristes, instagrammable à souhait. Pourtant, l’île communément surnommée « Rotto » a bien des histoires à raconter, loin de l’Eden que l’on connaît aujourd’hui.
À portée de ferry, Rottnest Island est devenue au fil des années une véritable attraction touristique tant pour ses plages à couper le souffle que pour ses quokkas, pro des selfies. Dimanche dernier, les touristes étaient d’ailleurs cordialement invités à l’Inaugural Quokka Birthday Party. L’occasion de parcourir l’histoire de l’une des îles les plus visitées d’Australie.
Les études rapportent que l’île, située à 17km de la côte, se serait séparée du continent il y a environ 7 000 ans en raison de la montée des eaux. Aujourd’hui classée réserve naturelle, Rottnest Island abrite bien des histoires dont certains vestiges sont encore visibles. Sa découverte remonte XVIIe siècle, par des navigateurs hollandais à la recherche d’un itinéraire plus court allant du cap de Good Hope à Batavia. C’est Samuel Volkerson et son équipage du navire néerlandais Waeckende Boey qui auraient été les premiers Européens à avoir jeté l’ancre sur l’île alors qu’ils cherchaient les survivants d’un autre navire. Le doux nom de Rottnest Island, en français « L’île aux rats », lui a été donné par William de Vlamingh, le second explorateur enregistré en 1696, après avoir fait la rencontre des adorables quokkas qu’il qualifia de « gros rats ».
Aujourd’hui, l’île est le nid d’un certain patrimoine maritime, entourée d’épaves, vestiges des naufrages passés. Près d’une quinzaine de navires auraient été détruits au sein des eaux de Rottnest Island. Un héritage protégé par la législation du Commonwealth les naufrages historiques (1976), ainsi que par la législation de l’État sur l’archéologie maritime (1973).
Outre les explorateurs qui ont tour à tour découvert l’île, Rottnest a un certain passif maritime. Pendant plus de 50 ans, elle a été l’ancrage d’une station de pilotage, notamment pour guider les navires autour des récifs dangereux. Les deux phares (Wadjemup Hill et Bathurst Point) construits entre 1899 et 1900 sont d’ailleurs toujours visibles, dominant les paysages paradisiaques de l’île.
L’enfer, c’est les autres
Si les premières colonies qui se sont établies sur l’île étaient européennes, les habitants à sa genèse étaient en réalité le peuple Whadjuk Noongar, lorsque Rottnest était alors encore rattachée au continent. Aujourd’hui, les Whadjuk prêtent une importance spirituelle à l’île qu’ils considèrent comme le lieu de repos des esprits. Elle serait en effet un lieu de transition entre le monde physique et spirituel.
C’est dans les années 1830 que l’histoire de Rottnest Island s’assombrit. Alors que les colonies britanniques envahissent l’Australie Occidentale, Fremantle devient rapidement la base de l’une d’elles : « Swan River ». La terre sur laquelle vivaient les Whadjuk devient dès lors une source de conflit entre les colons et les autochtones. C’est finalement en 1838 que les premiers aborigènes ont été envoyés sur l’île pour leurs incarcérations. En 1939, le secrétaire d’État aux colonies officialise l’utilisation de l’île comme établissement pénal pour les autochtones, et ce jusqu’en 1904 avant de devenir un camp de travaux forcés jusqu’en 1934. L’Eden est alors l’Enfer des aborigènes pendant près d’un siècle, forcés de construire un grand nombre de bâtiments et d’autres structures, dont le Quod, le Seawall, certains cottages, le musée, des églises, des phares et d’autres infrastructures classées au patrimoine. Durant cette période, près de 370 prisonniers seraient décédés.
Destinée par la suite à devenir une île de loisirs, le répit n’aura pas duré longtemps. Au début de la Première Guerre mondiale, l’île a notamment été réquisitionnée pour servir de camp d’internement et de prisonniers de guerre. Mais elle a également joué un rôle primordial lors de la Seconde Guerre mondiale, déclarée comme station permanente pour les troupes destinées à repousser les navires ennemis avant qu’ils puissent atteindre la côte. Elle servit également de prison, Allemands et Autrichiens lors de la Première Guerre mondiale et Italiens lors de la Seconde.
A la fin de la guerre, toutes les troupes ont été démantelées et l’île a retrouvé sa quiétude, uniquement utilisée à des fins d’entraînements entre les années 50 et 70, jusqu’à devenir l’attraction touristique touristique qu’elle est aujourd’hui. Plus de 770 000 personnes auraient visité l’île en 2018.
Et les quokkas dans tout ça ?
Plus réjouissant, ce petit marsupial aux airs joyeux attire de plus en plus de touristes chaque année, devenu une véritable star des réseaux sociaux. Assaillis par les perches à selfies, les quokkas se prêtent généralement volontiers au jeu des photos. Qualifié comme étant « l’animal le plus heureux de la planète », le petit flemmard pointera principalement le bout de son museau en fin de journée. Étant un animal nocturne, il passe en effet ses journées à dormir dans les coins ombragés, sous les buissons ou les végétations denses.
Autrefois également présent sur le continent, la population du marsupial a considérablement diminué en dehors de l’île suite à l’arrivée des européens et de prédateurs tels que les renards. Néanmoins, l’île abrite aujourd’hui une population assez importante de quokkas, au vu du manque de prédateurs et de la présence de leurs plats de prédilection : les arbres de théier et les pins.
La réglementation de l’île est par ailleurs très stricte au sujet de la conservation des quokkas : interdiction de les nourrir et de les toucher. Mais quoi qu’il en soit, ils auront toujours ce petit sourire pour vous accueillir.
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