Il y a des trains qui font rêver : l’Orient-Express, bien sûr, ou le Transsibérien et même le Darjeeling Limited, né dans l’imagination débridée de Wes Andersen. Down Under, le Ghan est assurément de ceux-là. En vous faisant parcourir 2979 kilomètres en 54 heures (soit quatre jours, trois nuits) depuis Adélaïde jusqu’à Darwin, il vous propose un voyage unique au cœur de l’outback australien, un périple dont vous vous souviendrez longtemps.
Un nom directement lié… aux chameliers afghans
De 1770 à 1820, près de 20 000 dromadaires arrivent dans les ports australiens avec leur chameliers pour accompagner les colons anglais dans la découverte du pays, notamment ses parties les plus désertiques. Venus de Karachi ou de Bombay, ces « Ghans » feront partie du paysage australien jusqu’à la mise en place de la politique d’immigration restrictive de 1901.
Selon la version officielle, le nom d’origine « Afghan Express » aurait été choisi en hommage au circuit emprunté par l’un des camel trains de l’époque. Il aurait été raccourci par la suite. D’autres explications circulent néanmoins. Le nom moquerait gentiment les seuls voyageurs attendus sur cette ligne – le premier à avoir réservé une « couchette » était en effet un « Ghan ». Il pourrait aussi être un dérivé de « Gahan Express » – Gahan étant le responsable de la ligne à ses débuts et « express »… : l’opposé de la vitesse d’alors. Le symbole du Ghan reste, quoi qu’il en soit, un dromadaire, animal devenu mythique et familier de la région.
Plus d’un siècle pour atteindre Darwin
La ligne actuelle suit le trajet télégraphique qui va de port Augusta à Darwin en passant par Oodnadatta, mais il aura fallu plus d’un siècle pour que le projet se concrétise. Les travaux commencent en 1878 pour se terminer… en 2004, la portion d’Alice Springs à Darwin n’étant achevée que beaucoup plus tard, sur les vingt-quatre dernières années.
120 passagers seulement sont enregistrés lors du départ inaugural le 4 août 1929. De fait, le Ghan est surtout destiné au transport de matériaux de construction, charbon et cheptel. Le train embarque aussi à son bord nombre de pièces nécessaires à d’éventuelles réparations. En effet, les risques de pannes sont importants et l’étroitesse des rails rend le voyage difficile – elle engendrera d’ailleurs de coûteux travaux de rénovation.
A vapeur pour commencer (il subira donc l’impact des restrictions d’eau), le Ghan passera au diesel dans les années 70. Cette amélioration technique n’empêchera pas le train de continuer à faire les frais d’une météo capricieuse. En 1953, les inondations provoquent quatre jours de retard. Et en 1960, les voyageurs cuisent sous une température de 50,7° à Oodnadatta : un record jamais atteint depuis ! Plus récemment en 2007, ce sont des pluies diluviennes qui ont obligé le train à raccourcir son trajet. Enfin, on raconte qu’un arrêt prolongé de 2 semaines dans le désert a jadis obligé l’équipage du train à chasser des chèvres sauvages pour nourrir les voyageurs… légende ou histoire vraie ?
Un voyage de carte postale pour en prendre plein les yeux
Aujourd’hui, fini le temps des trajets à rallonge, éprouvants et ponctués d’arrêts intempestifs, le Ghan a profondément changé. Salon en velours, fauteuils en cuir, suite privée avec salle de douche privative en marbre, voiture restaurant avec menu gastronomique, excursion en hélicoptère au-dessus de Uluru : les conditions de voyage ont évolué jusqu’à atteindre un niveau de luxe exceptionnel. Et les prix s’en ressentent. Les Australiens (70 % des passagers) peuvent ainsi économiser des années pour s’offrir ce périple pour célébrer une occasion spéciale. Mais au-delà du confort, ce sont les paysages qui constituent, encore aux yeux des passagers, la plus belle des récompenses.
Avec trois longs arrêts intermédiaires (dans le sens Darwin à Adélaïde) à Katherine, Alice Springs et Coober Pedy, le Ghan vous fait découvrir, du nord au sud, les trésors du centre de l’Australie : Nitmiluk National Park, Tennant Creek, le désert rouge, Uluru, les mines d’opales et enfin, les MacDonnell Ranges. A une vitesse de 85 km/h : le temps s’étire tranquillement offrant mille occasions de surprises, de rêveries et de photos. De fait, voilà tout le charme de ce périple étonnant qui rappelle, à raison, que ce n’est pas tant la destination que le voyage qui compte.
Valentine Sabouraud
Le Ghan est géré par Great Southern Rail, à la tête de deux autres lignes (Indian Pacific et Overland). Les prix vont de 829 à 5999 $ pour un aller simple. Attention, le Ghan ne circule pas toute l’année. Pour en savoir plus, c’est ici.
Sources : pichi richi railway, sbs, telegraph, traveller
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