Une lourde porte en bois s’ouvre sur une longue volée de marches s’enfonçant dans la terre. Il fait sombre et frais dans ce vaste réseau de tunnels creusés par l’homme. De minuscules chauve-souris serrent leurs ailes contre leur corps et s’accrochent au plafond de la grotte.
L’archéologue Gilles Prilaux fait courir sa torche sur les murs de pierre calcaire et s’exclame avec enthousiasme : « C’est ici que l’histoire commence. »
Ces grottes, sous le village rural de Naours, dans le nord de la France, font partie de l’histoire militaire australienne. Dans un immense réseau de salles et de tunnels, certains datant du Moyen Âge, on trouve les signatures préservées de centaines de soldats australiens qui y ont laissé leur marque pendant la Première Guerre Mondiale.
Les grottes de Naours s’étendent sur des kilomètres et sont situées à environ 30 mètres sous terre. Il y a des centaines d’années, elles étaient utilisées par les habitants du village pour conserver leurs biens ou se cacher des envahisseurs.
A une époque, 3000 personnes vivaient dans cette ville souterraine, construisant leurs propres églises, boulangeries et écuries. Les cheminées remontaient à travers les maisons de façon à ce que personne ne puisse soupçonner la présence de toute une population sous terre.
A la fin du XIXèmesiècle, les célèbres grottes étaient devenues une attraction touristique locale, et pendant la Première Guerre mondiale les soldats australiens qui se battaient dans les tranchées toutes proches venaient les visiter.
« Certains seraient morts le lendemain »
Il y a quatre ans, un habitant de la région, M.Prilaux, étudiait l’histoire ancienne des grottes lorsqu’il s’est soudain demandé ce que les noms sur les parois signifiaient. « Ici vous pouvez voir un numéro de régiment, de bataillon et là vous pouvez lire Australia », dit-il en pointant du doigt les signatures.
C’est alors qu’il a compris que les grottes contenaient les signatures de jusqu’à 2000 Australiens. Certaines sont assez détaillées, comprenant non seulement leur bataillon mais aussi leur adresse, leur taille et poids.
« Derrière cette signature je peux deviner une partie de la vie de ce soldat » explique M.Prilaux. « Je sais que pour beaucoup d’entre eux, c’était le dernier ‘acte d’écriture’ de leur vie. Certains seraient morts le lendemain sans avoir écrit à leur famille, mais ils l’ont fait sur ces murs. »
La nationalité australienne est la plus représentée parmi les auteurs de graffitis. « Ils viennent du bout du monde et ils veulent laisser un message sur ce mur : ‘Je suis là aujourd’hui, mais demain ?’ Ce pouvait être Pozières, ou Mouquet Farm » explique-t-il, citant des champs de bataille.
Deux soldats ont écrit sur le mur qu’ils se sont perdus pendant 2 heures, en juillet 2016. Quelqu’un d’autre a fait un petit dessin au crayon d’un soldat portant un chapeau à larges bords. Parmi les inscriptions : « C Spark (Blazes) Sydney », « C Hide, Perth », « AH Edmonds, Sydney.”
Un indice déterminant
Les soldats profitaient d’un moment de répit loin de la guerre des tranchées lorsqu’ils visitaient les grottes. Un jeune soldat de Sydney, Allan Allsop, a écrit dans son journal qu’alors qu’il était posté dans le village voisin de Vignacourt « … dans l’après-midi, dix d’entre nous sommes allés voir les célèbres grottes de Naours, où les réfugiés avaient l’habitude de se cacher en période d’invasion. Les grottes comprennent environ 300 pièces… ». C’était l’indice dont les historiens avaient besoin pour comprendre pourquoi les soldats étaient là — ils visitaient le site.
La priorité est maintenant de protéger ce site important. Le gouvernement australien travaille avec les autorités françaises et les agences de tourisme des grottes de Naours pour protéger les fragiles graffitis. Le ministre australien des Anciens Combattants, Darren Chester, a visité les grottes et offert 30 000 $ pour leur protection.
Le maire de Naours, Jean-Michel Bouchy, espère que les Australiens viendront nombreux visiter les grottes. « L’affluence est importante pour nous mais ce qui est encore plus important, c’est que les Australiens viennent découvrir ces inscriptions — ce sont des souvenirs exceptionnels ».
Glossaire :
affluence (n.f.) attendance
champ de bataille (exp.n.m.) : battlefield
chapeau à larges bords (exp.n.m.) : slouch hat
chauve-souris (n.f.) : bat
écurie (n.f.) : stables
exceptionnel (adj.) : rare
grotte (n.f.) : cave
indice (n.m.) : clue
pierre calcaire (n.f. + adj.) : limestone
profiter d’un moment de répit (exp.v.) : to take respite
réseau (n.m.) network
souterrain (adj.) : underground
tranchées (n.f.pl.) : trenches
volée de marches (exp.n.f.) : flight of steps
Anzac graffiti ‘from the end of the world’ unearthed in ancient French cave city
A heavy wooden door opens onto a long flight of steps leading deep underground. It is dark and cool in this large network of man-made tunnels. Tiny bats hug their wings close to their bodies and hang tight to the cave’s roof.
Archaeologist Gilles Prilaux swings his torchlight onto the limestone walls and exclaims excitedly: « This is where the story starts. »
These caves, underneath the rural village of Naours, in northern France, are a part of Australia’s military history. In a vast network of chambers and tunnels, some of them dating back to the Middle Ages, are the preserved signatures of hundreds of Australian soldiers who left their mark here during World War I.
The Naours caves stretch for kilometres and are about 30 metres below ground. Hundreds of years ago they were used by local villagers to store their goods or hide from invaders.
At one point 3,000 people lived in this underground city, building their own chapels, bakeries and stables. Chimneys were routed up through cottages above so no-one would know there was a population below ground.
By the late 19th century the famous caves had become a local tourist attraction, and during World War I Australian soldiers fighting in the trenches nearby would head there for sightseeing.
‘Some would be dead tomorrow’
Four years ago local man Mr Prilaux was studying the caves’ ancient history when he suddenly wondered what the names on the walls meant. « Here you can see regiment number, battalion and here you see Australia, » he says, pointing to the signatures.
He has now realised the caves contain the signatures of as many as 2,000 Australians. Some of them are quite detailed, including not only battalions, but their home addresses, even their height and weight.
« Behind this signature I can discover a part of the life of this soldier, » Mr Prilaux says. « I know for a lot of these soldiers it was the last ‘write’ of their life. Some would be dead tomorrow and they wouldn’t have written to their family, but they wrote on these walls. »
Australians are the dominant nationality among the graffiti artists. « They’re coming from the end of the world and they want to put on the wall a message: ‘I am here today, what’s tomorrow?’. « It could be Pozieres, it could be Mouquet Farm, » he says, naming battlefields.
Two soldiers have marked on the wall that in July 1916 they were lost for two hours. Someone else has drawn a small pencil picture of a soldier wearing a slouch hat. Among the markings: « C Spark (Blazes) Sydney », « C Hide, Perth », « AH Edmonds, Sydney ».
A decisive clue
The soldiers were taking respite from the trench warfare when they visited the caves. A young private from Sydney, Allan Allsop, wrote in his diary that while stationed in nearby Vignacourt « … in the afternoon, a group of 10 of us went to the famous caves near Naours, where refugees were accustomed to hide in times of invasion. The caves contain about 300 rooms … ». It was the clue historians needed to understand why the soldiers were there — they were simply sightseeing.
The priority now is to ensure the protection of this significant site. The Australian Government is working with French officials and Naours Caves operators to protect the fragile graffiti. Veteran Affairs Minister Darren Chester visited the caves and offered $30,000 towards preserving them.
The mayor of Naours, Jean-Michel Bouchy, says he hopes Australians will visit. « The attendance is important to us but it’s more important that Australians can come and discover these writings, » he said. « They’re very rare memories ».
Source: abc.net.au
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