La multinationale Unilever, acteur mondial du marché de l’agroalimentaire, a annoncé lancer un essai de semaine de quatre jours de travail pour une partie de ses employés australiens. Un test a déjà été effectué auprès de 80 salariés durant 18 mois en Nouvelle-Zélande et les résultats se sont révélés encourageants. La société néerlando-britannique souhaite donc maintenant faire un essai sur un plus grand nombre d’employés en Australie.
« Le réaménagement des tâches ne se fait pas du jour au lendemain. Le processus demande du temps et des ajustements »
Le passage d’une semaine de 5 à 4 jours oblige les employés à réorganiser complètement leur mode de travail. Un temps d’adaptation est donc nécessaire, mais l’efficacité n’en serait qu’améliorée. En effet, Unilever explique que le rendement et le salaire restent les mêmes pour l’employé, seul le nombre d’heures de travail est réduit. L’entreprise s’attend donc à ce que ses objectifs soient atteints malgré cette réduction du temps de travail.
« Nous avons enregistré de solides performances commerciales et noté un engagement élevé de la part des employés. Le personnel est plus heureux et plus motivé. Le temps passé en réunion a également diminué. Nous pensons qu’à l’avenir les entreprises qui proposeront plus de flexibilité compteront parmi les employeurs les plus attractifs, ceux qui bénéficieront d’une main-d’œuvre plus motivée », explique un responsable.
Dans le cadre de l’essai mené par Unilever Australia, le personnel pourra choisir le jour où il ne travaille pas ou répartir les heures réduites sur toute la semaine. Les travailleurs pourront également partager leurs 4 jours entre la maison et le bureau.
Des bénéfices pour les employés et pour l’entreprise
Le test réalisé par Unilever en Nouvelle-Zélande a été observé et analysé et temps réel par les chercheurs de l’Université Technologique de Sydney (UTS Business School). Les résultats montrent que l’absentéisme et le stress ont diminué respectivement de 34 et 33 %, tandis que les sentiments de « force et de vigueur » au travail ont augmenté de 15 %. Les conflits entre le travail et la vie privée ont, quant à eux, diminué de 67 %. Les chiffres obtenus par l’entreprise ont donc été excellents, notamment concernant la croissance du chiffre d’affaire et le bien-être des employés.
Le Dr Kristy Goodwin, chercheur, conférencier et auteur dans le domaine de la performance numérique, affirme que le fait de passer moins d’heures à travailler présente des avantages neurobiologiques :
« Il s’agit d’optimiser nos performances en travaillant en congruence avec la façon dont notre cerveau et notre corps sont conçus… cela peut paraître désuet à dire, mais il s’agit vraiment de travailler plus intelligemment et non plus durement. »
L’épuisement professionnel serait ainsi évité et la coopération au sein de l’entreprise renforcée.
D’autres pays ont déjà fait l’expérience avant la Nouvelle-Zélande et l’Australie
Les essais se sont multipliés à travers le monde ces dernières années. Les États-Unis, le Canada, ou encore le Japon ont par exemple déjà effectué des tests. En Belgique aussi, depuis le début de l’année, de nouvelles lois permettent aux employés à temps plein de demander à travailler 10 heures par jour sur quatre jours. Ils peuvent ainsi bénéficier d’un jour de congé supplémentaire dans la semaine.
Depuis la pandémie de Covid-19, de nombreuses entreprises ont fait évoluer leur façon de fonctionner et de faire travailler leurs employés. Si de nombreux aspects de la vie sont maintenant revenus à la normale, les régimes de travail hybrides sont devenus monnaie courante, les employés travaillant souvent à domicile.
Mais plusieurs questions restent en suspend quant à l’efficacité de cette semaine de travail de 4 jours. Chez Unilever, tous les employés ne seront pas concernés par le test. L’instauration d’un système à deux niveaux, dans lequel certaines catégories de personnel sont encore tenues de travailler cinq jours, risque donc de faire débat.
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