Depuis longtemps, la France a pour habitude de donner aux rues ou aux gares des noms de personnes illustres — et pas seulement des Français. Avallon, une ville de Bourgogne, a suivi la tradition en donnant à l’une de ses rues le nom d’une députée britannique du Labour Party.
En France, la reconnaissance pour services rendus à la nation prend la forme d’une Légion d’Honneur si vous êtes encore vivant, ou d’un nom de rue — ou de gare — lorsque vous êtes mort.
A Paris, plus de 100 rues, places et boulevards portent le nom de seuls mathématiciens, dont Newton, Galilée, Copernic et Euler.
L’été dernier, la ville bourguignonne d’Avallon a renommé l’une de ses rues « Rue Jo Cox », en hommage à la députée britannique du Labour Party assassinée pendant la campagne précédant le Brexit par un homme qui avait crié « l’Angleterre d’abord ». La plaque de rue, inscrite en lettres traditionnelles blanches sur un fond bleu, sur laquelle on peut lire «Députée Britannique. Assassinée pour ses idées», reflète le souhait de la communauté de «rendre hommage à une députée pro-européenne», a commenté le journal local L’Yonne Républicaine.
Lors de la cérémonie du changement de nom de cette rue banale passant à travers un lotissement derrière la bibliothèque, dans le quartier de la Morlande, le maire Jean-Yves Caullet a déclaré que Mme Cox était « une femme politique engagée, assassinée pour ses idées et ses convictions ».
L’hommage n’a pas reçu beaucoup d’échos au-delà de la presse locale française. De fait, donner à des lieux le nom de personnages illustres est l’une des façons dont la France honore les morts, pas seulement les siens mais aussi — comme pour Mme Cox — des étrangers.
Vous pouvez trouver de tels hommages à Emile Zola, Victor Hugo, Alexandre Dumas, André Citroën, Pierre et Marie Curie et Charles de Gaulle un peu partout dans le pays, mais des stations du métro parisien s’appellent George V (en hommage au soutien du Royaume-Uni à la France durant la première guerre mondiale), Michel-Ange et Franklin Delano Roosevelt. Plusieurs villes françaises, dont Montpellier et Tours, ont des rues Edmund Halley, l’astronome britannique, et à Angers, entre autres, on trouve une rue Anne Frank. Il y a aussi une station de RER Rosa Parks au nord de Paris.
Cependant, certains esprits critiques reprochent à la France de s’engager dans une démarche de « politiquement correct » et de tenter d’éliminer de son paysage urbain tous ceux dont la réputation est clivante ou même douteuse.
Le nom de Jo Cox, par exemple, remplace celui de Pierre-Etienne Flandin, un parlementaire originaire d’Avallon décédé en 1958, mais qui était membre du gouvernement de Vichy du Général Pétain sous l’occupation nazie.
La mairie socialiste de Paris a également refusé de donner le nom de Maximilien de Robespierre à l’une de ses rues, celui-ci étant un révolutionnaire controversé et l’architecte de la Terreur, mais aussi le premier à avoir déclaré « Liberté, Egalité, Fraternité » — et opposé à l’esclavage. Aucune station de métro ne porte son nom, mais pour combien de temps ?
Il y a deux ans, le groupe féministe Osez le féminisme a fait remarquer qu’en France, seules 2% des rues (2,6% à Paris) et 3% des stations de métro parisiennes portaient des noms de femmes. Il avait proposé qu’il y ait un pont Joséphine Baker et un quai Nina Simone. Après cela, La Ville-aux-Dames près de Tours a renommé toutes ses rues d’après des femmes.
Le fait de baptiser l’une de ses rues Jo Cox peut aussi être considéré comme l’expression de la consternation de la France après le Brexit et de l’affection durable qu’elle porte au peuple anglo-saxon. Il est cependant difficile d’imaginer le Royaume-Uni baptiser l’une de ses rues Jean de Broglie, l’un des ministres de De Gaulle qui a été abattu dans la rue en 1976, ou Joseph Fontanet, ancien ministre lui aussi abattu à Paris en 1980.
Glossaire :
abattu(e) (adj.,p.p. v.abattre) : shot
assassiner (v.) : to murder
Bourgogne (n.f.) : Burgundy
bourguignon(ne) (adj.) : from Burgundy
clivant(e) : divisive
consternation (n.f.) : dismay
esclavage : slavery
députée (n.m. et f.) : MP
durable (adj.) : enduring
plaque de rue (exp.n.) : street sign
reconnaissance (n.f.) : recognition
IN ENGLISH:
From Rue Jo Cox to Place Victor Hugo: how France honours the dead
France has a long history of naming roads or train stations after notable people – and not just its own. The Burgundy town of Avallon followed the tradition by naming a street after the Labour MP
In France, recognition for public service and achievement comes in the form of a Légion d’honneur if you’re still alive, or a street name – or train station – when you’re dead.
In Paris, more than 100 rues, places and boulevards are dedicated to mathematicians alone, including Isaac Newton, Galileo, Nicolaus Copernicus and Leonhard Euler.
During the summer, the Burgundy town of Avallon named one of its streets Rue Jo Cox in honour of the Labour MP murdered during the Brexit campaign by a gunman who shouted “Britain first”.
The street signs, in traditional white lettering on a blue background reading “British MP. Killed for her convictions”, reflect the community’s wish “to pay homage to the pro-European MP”, local newspaper L’Yonne Republicaine wrote.
At a name-changing ceremony on the unremarkable road running through a housing estate behind the library in the town’s Morlande district, mayor Jean-Yves Caullet said Cox was a “committed female politician murdered for her ideas, her convictions”.
The tribute went largely unnoticed beyond the local French press at the time. Indeed, naming places after notable people is one particular way France pays tribute not just to its own but – like Cox – foreigners, too.
You can find Emile Zola, Victor Hugo, Alexander Dumas, André Citroën, Pierre and Marie Curie, and Charles de Gaulle, represented across the country, but the Paris metro also stops at George V (named in appreciation of the UK’s support for France during the first world war), Michel-Ange (Michelangelo) and Franklin D Roosevelt. Several French cities, including Montpellier and Tours have streets named after the British astronomer Edmund Halley, and Angers has one of many rue Anne Frank. There’s a Rosa Parks station on the RER suburban line in north Paris.
However, the practice has also brought criticism that France is engaging in political correctness and whitewashing its urban landscape of those whose reputations are more divisive, even dubious.
Cox’s name, for example, replaces that of Pierre-Étienne Flandin, an Avallon MP who died in 1958, but who was a member of collaborationist General Philippe Pétain’s Vichy government during the Nazi occupation.
Paris’s socialist administration has also refused a request to name one of the city’s streets after Maximilien de Robespierre, the controversial revolutionary and architect of the “Terror”, who is also credited with first saying “Liberté, egalité, fraternité” – and opposed slavery. Robespierre does have his own metro station – but for how long?
Two years ago, the feminist group Osez le féminisme pointed out only 2% of French streets (2.6% in Paris) and 3% of Paris metro stations had female names. They suggested there should be a Pont Josephine Baker and Quai Nina Simone. Afterwards, La Ville-aux-Dames near Tours named all its streets after women.
The naming of Rue Jo Cox can also be seen as a mark of French dismay over Brexit and the country’s enduring fondness for “Anglo-Saxons”. It’s hard to imagine though, that the UK would name a street after Jean de Broglie, one of General de Gaulle’s ministers, shot dead in the street in 1976, or former government minister Joseph Fontanet, also gunned down in Paris in 1980.
Source: the guardian.com
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