David Clement, bien connu de la Communauté française à Sydney pour ses différentes activités comme co-organisateur de Theget2gether ou comme importateur de Single Mat français, possède une autre corde à son arc avec une passion particulière pour l’aéronautique. David est en effet un artisan-artiste qui redonne vie à des éléments d’avion qui ont marqué l’histoire.
Expliquez-nous finalement en quoi consiste ce loisir?
On pourrait simplifier en disant que mon activité est de donner une nouvelle vie à de vieux morceaux d’avion. On travaille en fait sur différentes pièces sans les restaurer à l’identique. On les transforme en des pièces esthétiques à des fins décoratives. Souvent, on me dit vous faites de l’art mais non! Je ne suis pas un artiste, je fais de la déco ! On fait du détournement d’objet. Une aile devient un bureau, un carburateur devient une lampe,…
Quand et pourquoi avez-vous eu l’idée de vous lancer dans cette activité?
D’abord, j’ai toujours eu une passion pour l’art et la décoration. Tout est partie d’une rencontre avec Etienne Proust, mon partenaire sur ce projet. En 2007, Etienne est revenu d’un voyage en France et m’a montré une photo d’une hélice d’avion détournée en œuvre d’art. Il m’a dit : « J’adore, j’en veux une aussi… ». Comme je retapais déjà avec lui des anciennes Daimler, Jaguar,… je ne voyais pas de difficultés majeures à me lancer dans ce projet. Cela ne devait pas être plus compliqué que de monter un v12! Techniquement, le défi me tentait mais on s’est tout de même heurté à la difficulté de trouver ces pièces car d’une part ce sont des objets assez rares et issus d’un milieu très fermé. On a mis 7 à 8 mois pour trouver les premières hélices, venues des USA.
Une fois en possession de ces hélices, il a fallu affuter la technique du poli-miroir. C’est en quelque sorte un polissage à l’extrême, on termine les pièces avec des disques à polir en coton pour donner un brillant particulier à ces pals en aluminium.
Au départ, nous en voulions chacun une dans notre salon mais après on s’est pris au jeu… Nous consacrons d’ailleurs chacun entre 10 et 15 heures par mois à cette passion.
Y a-t-il une demande importante en Australie ?
Pas vraiment! Les deux, trois premières années nous avons vendu 2 hélices/an. Aujourd’hui, on en vend une vingtaine. Mais c’est avant tout un hobby. Le but est de générer du cash flow afin de pouvoir investir dans des machines ou des nouveaux éléments d’avion. On augmente donc notre stock d’années en années. On possède presque 150 pals, on a aussi des cockpits et autres pièces de fuselage ancien,… Ce sont souvent des commandes pour des pilotes. On nous demande de retrouver des pals d’une année particulière, de les graver,… Il peut s’agit d’un anniversaire d’heures de vol, ou la fin d’une carrière,…
Est-ce que c’est compliqué d’importer des pièces d’avion ?
Mon background c’est justement la logistique. Après 11 années d’import-export en Australie, cela ne me pose pas de problème. J’utilise les mêmes sous-traitant avec qui je travaille au quotidien. En Australie, si on respecte la « to do list », il n y a pas de difficulté. On profite aussi d’un traité de 1967, qui précise que toutes les pièces aériennes détachées ne sont pas soumises aux taxes à l’import. Les pièces viennent d’Australie, d’Asie Pacifique et des Etats-Unis. On échange parfois des pièces avec d’autres collectionneurs ou sociétés spécialisées.
C’est un milieu très fermé et finalement on se connaît tous car il n’y a que quelques concurrents dans le monde. On en dénombre une dizaine en France, trois en Angleterre, deux en Italie, … et un acteur majeur aux Etats-Unis qui réalise un chiffre de 4 millions de dollars !
La logistiques est donc maîtrisée mais vous faites face à d’autres difficultés…
Stocker les grandes pièces n’est pas véritablement un problème mais c’est la partie atelier qui nous cause aujourd’hui le plus de soucis. Trouver un endroit où on peut faire du bruit, de la poussière… dans le centre de Sydney n’est pas évident. On se fait d’ailleurs régulièrement éjecter des endroits que nous louons… Les gens se demandent ce que nous faisons, ils se méfient!
Vous étendez aujourd’hui vos activités
En effet, nous travaillons de plus en plus avec des bureaux d’architectes et décorateurs d’intérieur qui souhaitent des commandes sur mesure. C’est ce qui nous fait continuer car faire des pals c’est rigolo pendant deux ou trois ans mais cela devient répétitif.
Aujourd’hui, nous trouvons énormément de diversités dans le fait de discuter avec des professionnels qui ont des contraintes d’espace, de couts. Il faut donc créer un objet qui réponde à leur problématique tout en plaisant à leur client,
C’est beaucoup moins le coup de coeur du pilote qui recherche une hélice d’un avion qu’il a piloté mais par contre ce sont des projets beaucoup plus grand comme des bureaux, des tables de réunion,… Les possibilités de création sont infinies !
Vous avez aussi un stand dans une galerie.
Oui, nous avons rencontré une antiquaire qui nous a offert en quelque sorte un stand dans son magasin d’antiquité à Alexandria. C ‘est un bon deal. Cela nous donne une bonne visibilité et lui apporte en quelque sorte de la nouveauté dans sa galerie. Cela suscite en effet pas mal de curiosité et attire donc une clientèle de passionnés, de pilotes, d’enfants de pilote,…
Une pièce particulière dont vous êtes fier ?
La première on l a conserve et on la regarde avec beaucoup d’émotion et de nostalgie mais il y a deux pièces qui me tienne a cœur. Il s’agit d’une pal de Dakota DC3, nous en avions deux. On a vendu la dernière à un client de Dubaï en septembre dernier. Je contemple régulièrement la photo. C’est avion est tout un symbole. Le DC3 était en effet l’avion moyen courrier qui volait en Australie mais cet avion était aussi le premier long courrier d’Air France qui permettait de relier Paris à Ho Chi Minh en 16 arrêts dans les années quarante !
Le bureau que l on vient de terminer est aussi une pièce maîtresse pour moi. Il s’agit d’un morceau d’aile d’un Vampire. Un avion qui possède une forme particulière avec deux queues. Enfin, j’aime beaucoup les lampes basées sur des carburateurs de Fokker en titane…
Plus d’info:
www.propellart.com
#propellart
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