Une étude présidée par Peter Shergold, ancien Secrétaire du Département du Premier ministre et du Cabinet, vient d’être publiée. Financé par plusieurs fondations, le rapport dénonce des décisions inadaptées prises par le gouvernement, qui auraient exacerbé des inégalités préexistantes au sein de la société australienne. Un temps saluée pour sa gestion de la pandémie (les politiciens s’étaient fiés à la lettre aux conseils des experts scientifiques), l’Australie serait finalement allée trop loin pour tenter de contenir le virus.
« Les cas et les décès ont encore augmenté au cours de l’année 2022, annulant de manière spectaculaire notre avantage concurrentiel initial »
La pandémie et les conséquences qu’elle a engendré ont surtout touché les familles à faible revenu, les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les migrants et les communautés multiculturelles. D’après cette étude, le fardeau du Covid-19 « n’a pas été partagé de manière égale. Le fait de ne pas avoir planifié de manière adéquate l’impact différent du Covid-19 a fait qu’il s’est propagé plus rapidement et plus largement ». Rappelons que certains hommes d’affaires ont été autorisés à voyager au-delà des frontières durant la pandémie, alors que ceux qui voulaient rendre visite à des proches mourants ne pouvaient pas le faire. Les personnes les plus vulnérables n’auraient donc pas été assez accompagnées.
Le rapport souligne aussi un recourt abusif aux mesures de confinement, à la fermeture des écoles et à celle des frontières.
De plus, le processus décisionnel n’aurait pas été assez transparent :
« L’absence de transparence dans les avis d’experts destinés aux dirigeants a contribué à masquer les calculs politiques (…) La base sur laquelle ils prenaient les différentes décisions était opaque. »
Les données récoltées sur la propagation du virus en Australie ont été comparées à celles de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) :
« Les dernières données officielles disponibles montrent qu’en mai 2022, la surmortalité en Australie avait atteint un pic de près de 359 décès par million d’habitants, soit 16% de plus que la moyenne de l’OCDE »
L’exclusion de certaines parties de la population des aides économiques apportées par le gouvernement, notamment dans le cas des migrants et des étudiants internationaux, a aussi été pointée du doigt.
Plusieurs recommandations pour mieux gérer les prochaines crises sanitaires
La principale recommandation formulée dans ce rapport est de prendre davantage en considération les conseils des experts. Mais ces experts ne doivent pas venir du seul domaine scientifique, d’autres voix doivent également se faire entendre :
« L’Australie devrait mettre en place un panel d’experts multidisciplinaires, comprenant des chefs d’entreprise et des travailleurs communautaires de première ligne (…) Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons être sûrs que les conseils présentés au Cabinet national pendant les crises sanitaires intègrent le plus large éventail de considérations sanitaires, économiques, sociales et culturelles, dans un cadre de gestion des risques qui équilibre les impacts à court et à long terme ». Les personnes les plus vulnérables pourraient, ainsi, être placées au centre du processus décisionnel.
Il a aussi été demandé au Cabinet de mieux définir son rôle en cas de nouvelle crise sanitaire, en précisant par exemple ses fonctions clés et les métiers considérés comme « essentiels ».
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