Vendredi 13 mars, le gouvernement fédéral a recommandé l’interdiction des rassemblements de plus de 500 personnes, effective lundi 16 mars. Si les gouvernements locaux conservent leurs prérogatives quant à l’application de telles mesures sur leur territoire, il s’agit d’un coup dur pour les organisateurs et artistes impliqués dans les manifestations culturelles de grande ampleur des trois prochains mois, ainsi que pour les salles de spectacles les plus fragiles financièrement.
Concerts et tournées annulés
Avec l’obligation de s’isoler durant 14 jours étendue à tous les voyageurs en provenance de l’étranger, la plupart des artistes internationaux n’ont eu d’autre choix que d’annuler leurs dates australiennes.
La liste publiée par The Guardian s’est allongée avec l’annulation des concerts de Robbie Williams, Miley Cyrus, Billie Eilish, du Download Festival, Drop Festival, Big Pineapple Music Festival, et du Bluesfest de Byron Bay.
D’autres décisions sont en suspens selon le site de la ABC, notamment pour les évènements dont l’annulation pure et simple pèserait lourd sur l’économie locale. C’est le cas de The Drop, Splendor in the Grass, ou encore le National Folk Festival.
Annulation de festivals « phares » du premier semestre 2020
En Tasmanie, le directeur du MONA de Hobart (fermé jusqu’à nouvel ordre) David Walsh annonçait mercredi 11 mars l’annulation de Dark Mofo, le festival phare de l’hiver tasmanien prévu en juin.
En Nouvelles Galles du Sud,Vivid Sydney n’aura plus lieu du 22 mai au 13 juin. Le festival de lumières et d’installations en plein air attire chaque année plus de deux millions de touristes dans les rues de Sydney.
Dans l’état du Victoria, déception également pour les adeptes du stand up comedy avec l’annulation du fameux Melbourne International Comedy Festival initialement prévu du 25 mars au 19 avril.
Théâtres fermés ou en proie au dilemme
Ils ne bénéficient pas de l’attrait des grandes stars de la pop ou de l’électro, ni du soutien des sponsors du secteur privé : les théâtres sont particulièrement touchés par les mesures annoncées pour endiguer le COVID-19.
Certaines institutions nationales ont promptement annoncé leur fermeture complète durant au moins quatre semaines. Le plus grand centre culturel d’Australie Arts Centre Melbourne a fermé ses portes pour une période de quatre semaines. « Dire que cette décision est contre-intuitive et bouleversante est un euphémisme », a déclaré sa directrice Claire Spencer.
Sydney Theatre Company et Melbourne Theatre Company ont annulé l’intégralité des représentations des pièces qui se jouaient sur scène. C’est également le cas de plusieurs compagnies indépendantes pour lesquelles la situation présente un risque financier (de liquidités) très lourd. Le directeur artistique de Red Line Productions (Old Fitz Theatre) a prié les détenteurs de billets de ne pas se ruer au box-office : « Nous vous invitons à considérer la donation de la valeur de votre billet pour nous aider à survivre ou encore à attendre quelques semaines afin utiliser votre bon d’achat pour de futures productions ».
Précarité des institutions et travailleurs du spectacle
Dans son communiqué du vendredi 13 mars, Live Performance Australia a appelé le gouvernement fédéral à « proposer au plus vite un plan de sauvetage pour l’industrie du spectacle vivant, génératrice de plus de deux milliards et demi de revenus chaque année ».
L’organisation représentant le secteur a confirmé que « de nombreuses institutions ne bénéficient pas de ressources propres suffisantes pour encaisser l’impact d’une chute des ventes de billets tout en honorant leurs obligations contractuelles [de paiement des fournisseurs] ».
Sa directrice Evelyn Richardson s’est inquiétée des ramifications financières des annulations en masse. « En tant que secteur dépendant des travailleurs intermittents, nous exhortons le gouvernement à mettre en place un plan similaire au Farm Relief [venu en aide aux agriculteurs victimes de la sècheresse en 2019] ».
Contrairement au régime des intermittents français qui garantit un revenu fixe pour les travailleurs de la culture entre deux contrats courts, moyennant 507 heures travaillées par an, le système Australien ne prévoit pas pour les employés précaires de « filet de sécurité » autre que le statut de chômeur, l’obtention duquel peut nécessiter plusieurs semaines d’attente.
Crédits Photo : Mark Gambino
Discussion à ce sujet post