Le ministre des Finances australien Josh Frydenberg a déclaré hier soir que l’Australie irait dans le sens d’une réforme de l’Organisation Mondiale de la Santé après la crise. D’ici là, le gouvernement australien continuera néanmoins à soutenir l’institution. Le Président des Etats-Unis avait annoncé en début de semaine la suspension des paiements à l’OMS, accusant les organisations de l’ONU de trop grande proximité avec le gouvernement chinois.
« Le travail de l’organisation est crucial en Asie Pacifique »
Pour le gouvernement australien, il serait contre-productif d’arrêter de soutenir l’institution. La coalition reconnaît néanmoins que l’OMS doit remettre en question son fonctionnement, et reconnaître ses fautes dans la gestion de la pandémie de Covid-19.
« L’Australie va continuer à financer l’Organisation Mondiale de la Santé, dont le travail est particulièrement crucial pour les pays d’Asie Pacifique » a déclaré la ministre des Affaires Etrangères Marise Payne. « Les erreurs commises ces derniers mois ne doivent pas effacer le travail essentiel que l’organisation a fourni. »
Si le Premier Ministre Scott Morrison a confirmé hier soir le maintien des subventions à l’Organisation Mondiale de la Santé, il n’a pas manqué de critiquer les décisions de l’institution et sa lenteur dans la crise sanitaire qui frappe tous les pays depuis plusieurs mois.
« L’Australie a parlé de pandémie des semaines avant l’OMS »
« Si nous avions suivi les conseils de l’OMS, nous serions probablement dans une situation bien différente de celle que nous connaissons actuellement » a déclaré Scott Morrison à la radio 6PR. « L’OMS fait un travail remarquable dans notre région, l’Asie Pacifique. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Il est néanmoins indiscutable que des critiques doivent être faites sur la gestion de la crise. L’Australie a parlé de pandémie plusieurs semaines avant l’OMS ».
L’OMS sous le feu des critiques en Australie
Contre l’avis du Premier Ministre, plusieurs députés de tous bords ont appelé à suspendre les subventions à l’OMS, et à suivre le modèle des Etats-Unis. Pour rappel, l’Australie est un des 10 plus gros soutiens financiers du monde de l’organisation.
Pour le député Libéral Dave Sharma, ancien diplomate, l’Australie doit faire pression sur l’OMS « jusqu’à ce qu’une réforme soit entreprise. » « Plusieurs pays devraient demander une évaluation des actions de l’OMS, ainsi qu’une réforme. »
Même constat pour la députée libérale Concetta Fierravanti-Wells, ancienne Ministre du développement sous le gouvernement Turnbull. « Depuis le début de la pandémie que nous subissons en ce moment, les pays ont dû prendre leurs propres décisions, et n’ont compté que sur eux-mêmes. L’actualité a mis en lumière les dysfonctionnements de l’OMS. Sans réforme majeure, l’OMS va disparaître. »
« L’Australie a toujours été un fidèle soutien de l’OMS, et plus largement de l’ONU. Malheureusement, le système a ses failles, et se trouve aujourd’hui de manière regrettable sous l’influence d’Etats totalitaires, qui utilisent cet outil d’action multilatéral pour servir leurs intérêts » a ajouté l’ancienne ministre.
La proximité de l’OMS avec la Chine a été dénoncée par plusieurs députés australiens, libéraux comme travaillistes. Certains ont appelé l’institution à attribuer le statut de membre à Taiwan. Les demandes d’adhésion de Taiwan à l’OMS se sont jusqu’ici toujours vues refusées par le gouvernement chinois.
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