A trois jours du référendum sur les droits des Aborigènes australiens, voici cinq chapitres importants de leur histoire depuis le début de la colonisation britannique, il y a deux siècles.
Les Australiens autochtones, dont les ancêtres sont présents sur le continent depuis plus de 60.000 ans, représentent désormais 3,8% des 26 millions d’habitants du pays.
– Colonie pénitentiaire –
Le 22 août 1770, le capitaine James Cook déclare toute la côte est de l’Australie possession britannique, ignorant la présence des peuples autochtones qu’il a rencontrés.
Le 26 janvier 1788, une flotte de onze navires britanniques sous le commandement du capitaine Arthur Phillip débarque à Sydney Cove pour y établir une colonie pénitentiaire. La date du 26 janvier, devenue fête nationale de l’Australie, est appelée par ses détracteurs « Le jour de l’invasion » en raison de son impact sur les peuples autochtones.
– Maladies et massacres –
Une épidémie de variole en 1789 tue plus de la moitié des peuples autochtones du bassin de Sydney, selon le Bureau du patrimoine aborigène de Sydney.
De 1788 à 1930, plus de 11.250 autochtones sans défense sont tués en 421 lieux, dans des massacres qui ont accompagné la colonisation australienne, selon les données rassemblées par l’Université australienne de Newcastle.
En 1845, l’archevêque de Sydney John Bede Polding témoigne devant un comité de Nouvelle-Galles du Sud qu’il a entendu un propriétaire d’élevage de moutons « instruit » dire « qu’il n’y avait pas plus de mal à tirer sur un indigène qu’à tirer sur un chien sauvage ».
– Générations volées –
Des milliers de jeunes aborigènes et insulaires du détroit de Torres ont été arrachés à leurs foyers et placés dans des familles d’accueil blanches dans le cadre des politiques d’assimilation qui ont perduré jusque dans les années 1970.
L’ancien Premier ministre Kevin Rudd présente ses excuses en 2008 pour ces « générations volées ». « La douleur, l’humiliation, la dégradation et la pure brutalité de l’acte qui consiste à physiquement séparer une mère de ses enfants est une profonde atteinte à nos valeurs et à notre humanité la plus élémentaire », déclare-t-il au Parlement.
– Enfin recensés –
Une nouvelle loi électorale est adoptée en 1962, accordant aux peuples autochtones le droit de voter aux élections fédérales.
Les États fédérés constitutifs du pays, qui restreignent encore le vote des autochtones, emboîtent le pas au cours des années suivantes.
Plus tard, un référendum en 1967 a amendé la Constitution afin d’inclure les peuples autochtones dans les recensements.
– Droits fonciers –
La loi fédérale australienne de 1993 sur les titres de propriété autochtones permet aux Aborigènes de revendiquer leurs droits sur leurs terres et à demander une compensation, après des décennies de lutte.
Le titre de propriété autochtone peut prendre diverses formes – du droit de visiter les terres traditionnelles au droit exclusif de les posséder et de les occuper.
La loi fédérale fait suite à des décennies de lutte pour les droits fonciers autochtones au niveau des États, avec certaines victoires notables.
En 1992, la Haute Cour s’est prononcée en faveur des droits sur la terre du peuple Mabo du détroit de Torres dans le Queensland (nord-est).
L’Australie n’était pas une « terra nullius » – une terre n’appartenant à personne – à l’époque de la colonisation blanche, reconnaît ce jugement.
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