En ce matin très frais de mars, une trentaine de personnes s’est rassemblée en bord de Seine. A deux pas de l’ambassade d’Australie sur la promenade du même nom, au pied de la Tour Eiffel : on ne pouvait imaginer meilleur endroit pour rencontrer Christophe Vissant, cet « ultra-runner » qui s’est lancé le défi fou de faire le tour de l’Australie en courant. Venu présenter son projet à l’ambassadeur d’Australie en France, Brendan Berne (dont vous pouvez également lire notre portrait ici), il a convaincu ce dernier de faire quelques foulées avec lui. Ce sont donc deux coureurs que le groupe de sponsors et amis attend ce matin-là, en chantant « Waltzing Matilda » pour se réchauffer. Le Courrier Australien, partenaire de la première heure de l’Australian Challenge Tour de Christophe Vissant, était bien sûr au rendez-vous.
Une énergie incroyable
Nous les voyons approcher de loin, vêtus tous deux du T-shirt rouge du défi. Ils arrivent en trottinant.
Et c’est sous les vivats de la foule qu’ils franchissent la banderole de drapeaux australiens !
La première chose que l’on perçoit de Christophe Vissant, c’est l’énergie incroyable qu’il dégage. Grand, solide, il est toujours en mouvement. Son visage rieur est mobile et ouvert. Quand il vous salue, il se penche vers vous, ses yeux plantés dans les vôtres.
De l’énergie, il lui en faudra pour aller au bout du défi monstrueux qu’il s’est lancé. Les chiffres donnent le tournis : 15 500km à parcourir, soit 190 jours de course sans interruption à une moyenne de 84km par jour (deux marathons quotidiens) : un record mondial.
Une source de rêve et d’inspiration pour nos deux peuples.
Dans les salons de l’ambassade où tout ce petit monde est convié, notre hôte Brendan Berne, qui a repassé son costume d’ambassadeur, le confesse : il est très admiratif de l’exploit que Christophe s’apprête à accomplir. Et très touché aussi : Christophe démarrera et terminera son tour dans « sa » ville, Sydney. « Christophe Vissant va défendre des valeurs qui sont chères à mon pays : le sport, le dépassement de soi et la culture des grands espaces, » déclare M.Berne, ajoutant qu’il sera « une source de rêve et d’inspiration pour nos deux peuples. »
Lorsque Christophe Vissant prend à son tour la parole, c’est d’abord pour remercier tous ceux qui sont à ses côtés, et particulièrement l’ambassadeur pour cette réception. « Ma réussite, je la dois à 90% à mon mental. Quand ça devient difficile, je pense à ceux qui me soutiennent. Cette rencontre d’aujourd’hui restera gravée dans ma mémoire, je suis sûr que j’y repenserai quand j’aurai besoin de courage » répète-t-il plusieurs fois.
Un coup de fil du champion olympique Alain Bernard
Un petit film présente à l’assemblée le défi de Christophe. En préambule, on le voit courir dans le brouillard, sous la pluie, en
plein soleil… il commente les images en direct : « C’était en Croatie, je venais de voir un groupe de dauphins ». « Là, c’était en Sibérie, ces longues lignes droites étaient interminables… » Car Christophe n’en est pas à son premier défi : il a déjà parcouru 25 000 km… soit deux fois le tour de la terre.
On le voit aussi marcher avec difficulté, raide de douleur. Une photo impressionnante de ses pieds nus très abîmés tire des murmures désolés à l’assistance. On prend alors conscience de la douleur, et de la force mentale nécessaire pour la dépasser. « Lorsque je démarre le matin, je vise petit : juste les 20 premiers kilomètres. Quand j’ai bouclé 40 kilomètres, je me dis que j’ai fait plus de la moitié, que c’est déjà presque l’arrivée. » Et pas question d’accélérer quand on se sent mieux car ensuite « on le paye ».
Un jour, en Croatie, il était si fatigué qu’il n’était presque plus lucide. Tout à coup, il reçoit un coup de fil sur le téléphone satellite dans la voiture qui le suivait. Il finit par accepter de prendre la communication : c’était Alain Bernard, le champion olympique de natation, qui souhaitait l’encourager. « Je lui ai caché mon état, je lui ai dit que j’allais bien, j’étais si heureux de son appel ! Et ensuite je suis reparti comme une gazelle», se souvient-il en souriant.
Un rêve de gosse
On l’interroge : qu’est-ce qui le pousse à courir et pourquoi avoir choisi l’Australie ?
« L’Australie est un rêve de gosse. J’ai toujours voulu voir la Grande Barrière de corail et je me suis promis d’aller au bout de ce rêve lorsque j’ai été victime d’un grave accident de plongée à la suite duquel j’ai perdu quelque temps l’usage de mes jambes. »
Quant à sa motivation, elle est simple : c’est le plaisir des rencontres qui le comble. A ce sujet, il a toujours de nouvelles anecdotes à raconter. « En Albanie, les femmes que je croisais pensaient que je courais parce que j’avais été puni ! Un jour, l’une d’elle s’est approchée. Elle m’a regardé droit dans les yeux, a pris ma main et y a déposé une pâte de fruit. Comme pour me dire : OK, tu as fait quelque chose de mal mais je vais quand même t’aider. »
Parmi les personnes présentes ce matin-là, sa fille Marie, venue soutenir son héros de père, et deux des trois parrains de son défi. Lorsqu’il les présente, la voix de Christophe se brise : Erwan et Anaïd sont les enfants de Philippe de Dieuleveult, l’animateur vedette de la Chasse au Trésor. « Leur père était un modèle pour moi, c’est lui qui m’a donné le goût du voyage, de l’aventure et des rencontres. Je suis si heureux et fier de les avoir à mes côtés. »
Le drapeau australien et le bonnet de l’OM
Christophe sera ravitaillé tous les cinq kilomètres : il ne portera donc qu’un petit sac à dos équipé d’une balise de détresse. Il nous présente son contenu. D’abord, quelques nécessaires barres énergétiques. Ensuite, un accessoire indispensable en Australie : le chapeau anti-mouche équipé d’un filet pour les empêcher de se nicher dans les yeux ou le nez. Puis, il sort un petit bonnet bleu marine : celui de l’OM, dont il ne se sépare jamais ! Et tout au fond du sac : le drapeau australien…
Christophe conclut en formulant le vœu de courir de nouveau un bout de chemin avec Brendan Berne à ses côtés, cette fois en Australie — défi relevé par l’ambassadeur, qui promet d’être à l’arrivée. Alors, pour lui permettre de s’entraîner d’ici là, Christophe lui offre, en clin d’œil, une paire de baskets. De son côté, il a prévu d’en user 35 paires sur les terres australiennes…
Karine Arguillère
Photo en une : © Anaïd de Dieuleveult / Hans Lucas
Christophe Vissant travaille depuis 2 ans et demi à ce projet. Son exploit nécessite une logistique importante, et celle-ci a un coût. A plusieurs reprises, il a dû repousser la date de son départ parce qu’il n’avait pas réuni tout le budget nécessaire — il espère actuellement pouvoir partir au mois d’août. Vous pouvez vous aussi contribuer à rendre possible l’Australian Challenge Tour : en faisant un don ici, tout simplement. Un justificatif ouvrant à une déduction fiscale vous sera transmis.
Votre entreprise peut également devenir partenaire : toutes les informations sur le site de l’Australian Challenge Tour.
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Pour en apprendre davantage sur Christophe Vissant et la préparation de son exploit, vous pouvez relire notre entretien en 4 parties :
3- Pourquoi et comment l’Australie ?
4- La préparation à l’Australian Challenge Tour, et la suite…
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