Le Premier ministre australien Scott Morrison a annoncé mercredi la réouverture du centre de détention de réfugiés de l’île Christmas, durcissant d’un cran sa politique migratoire suite une défaite historique au Parlement.
Après plus de dix années de fonctionnement, le célèbre centre de détention de l’île Christmas avait tranquillement fermé ses portes en octobre 2018.
Beaucoup plus près de l’île indonésienne de Java que de Perth, de Broome ou de n’importe où sur le continent, l’île Christmas est hors de vue et hors de l’esprit de la plupart des Australiens. Au-delà d’une géographie époustouflante, l’île était surtout célèbre pour abriter un grand centre de détention d’immigrants impitoyable, point zéro pour des milliers de demandeurs d’asile depuis son ouverture en 2008.
Pour la première fois en dix ans, aucun demandeur d’asile ou candidat à l’immigration n’était emprisonné sur l’île Christmas depuis le mois d’octobre.
Le gouvernement n’a pas mis à jour ses statistiques sur la détention des immigrants depuis le 30 juin 2018. A cette date, il y avait 239 hommes dans le camp de l’île Christmas — beaucoup moins que son pic d’environ 2400 personnes en 2010, lorsque le gouvernement travailliste de l’époque était inondé d’arrivées de bateaux clandestins.
En décembre de cette même année 2010, l’île a été le théâtre d’une tragédie de masse lorsqu’un bateau de demandeurs d’asile s’est écrasé sur des rochers au nord de Flying Fish Cove, le principal établissement. Cinquante personnes sont mortes, dont 15 enfants. Le temps étant mauvais, les résidents avaient tiré la sonnette d’alarme au sujet du bateau en bois, mais il n’a pas été intercepté à temps. Dans un recours collectif qui s’est terminé l’an dernier seulement, la Cour suprême de Nouvelle-Galles du Sud a statué contre les familles des victimes, concluant que le Commonwealth n’avait aucun contrôle sur les événements.
Commandité par John Howard mais utilisé pour la première fois par Kevin Rudd, le centre de détention de l’île Christmas est depuis longtemps l’emblème de la gestion controversée par l’Australie des demandeurs d’asile qui arrivent par bateau.
Pamela Curr, avocate auprès des réfugiés a visité l’établissement à deux reprises et s’en souvient comme d’une prison brutale.
« Il n’y a pas de douceur, il n’y a pas de tapis, il n’y a pas de rideaux« , dit-elle. « Tout est interdit. Les chambres sont en métal dur et froid« .
M. Morrison a justifié sa décision de rouvrir ce centre de détention, fermé depuis plus de quatre mois, par la nécessité de « gérer la probabilité d’arrivée » d’un nombre croissant de migrants.
David Coleman, Ministre de l’Immigration, de la Citoyenneté et des Affaires multiculturelles avait déclaré en octobre dernier que l’installation serait « maintenue opérationnelle afin qu’elle puisse être rouverte dans un bref délai si nécessaire« . Selon la presse australienne, à ce moment là, le gouvernement était pourtant déterminé à tenir la promesse faite par le ministre de l’Intérieur Peter Dutton avant les dernières élections de fermer 17 centres de détention, dont l’île Christmas.
Le centre de détention et son administrateur contractuel, Serco, qui employait quotidiennement environ 70 travailleurs locaux avant sa fermeture d’octobre 2018, va permettre par sa réouverture, de relancer en partie l’économie de l’île.
— avec AFP et Sydney Morning Herald / © Glen Mccurtayne
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