Qui suis-je ?
Mains sur le buzzer…
20 secondes top chrono…
Top c’est parti…
Je suis un auteur français incontournable sur la scène littéraire française d’aujourd’hui. Anciennement directeur RH, critique littéraire, et animateur télé, je suis presque devenu écrivain diplomate puisque j’ai failli être nommé consul de France à Los Angeles avant qu’Emmanuel Macron ne fasse machine arrière en raison d’un arrêté qui était censé donner le droit à des non-fonctionnaires d’être nommés dans des postes de diplomatie à l’étranger, arrêté finalement annulé, et j’étais finalement resté à Paris…
Je suis… Je suis… Je suis…
Je suis Philippe Besson, bien sûr ! t
Un champion, Besson en est assurément un… Peut-être le seul auteur français à pouvoir rivaliser avec l’autrice belge Amélie Nothomb puisque tous les ans sans exception, il sort un roman et tous les ans, c’est un carton. Cette année il s’agit d’un roman intitulé •Ceci n’est pas un fait divers•, titre inspiré d’une collection du même nom chez Grasset.
Avec ce vingt-deuxième ou vingt-troisième ouvrage, je ne suis plus certain (mais est-ce si important, il y en a tant eu avant, il y en aura de nombreux autres après), on reconnait illico le style Besson, un style qui n’est pas sans rappeler celui d’une certaine Marguerite Duras, tant sur le fond que sur la forme. Sur la forme, car le style de Besson, comme celui de la Duras, est dans la simplicité et la sobriété, et sur le fond, parce qu’elle et lui ont la même unité thématique, à savoir la problématisation du couple, de la famille. Thèmes de beaucoup d’écrivains il est vrai, mais Duras comme Besson ont quelque chose d’original à dire là-dessus.
Dans Ceci n’est pas un fait divers, Léa, l’ado de la famille, a été témoin d’une scène d’une de ces cruautés qui peut à tout jamais marquer les esprits. Il s’agit d’un féminicide, un crime de propriétaire, un homme jaloux qui considère que sa femme lui appartient comme une chose, un mari violent qui le jour où elle lui annonce qu’elle part la tue de dizaines de coups de couteau, cette arme blanche qui nécessite un dernier corps à corps plutôt qu’une exécution sommaire à distance. Il faut mettre la main dans les entrailles, que le sang coule sur les mains. Un dernier rapport charnel d’un autre type, avant la mise à mort, ce n’est pas rien.
Pour autant le principal protagoniste de ce livre n’est ni la femme tuée, ni le mari tuteur, ni même le fils narrateur. Pour moi, c’est Léa qui au centre du roman, en son cœur sensible. C’est Léa qui rend la focale de ce roman si unique. Je m’explique… Au lendemain du meurtre, le narrateur qui est danseur à Paris après avoir passé sa vie à y travailler, va tout abandonner et revenir à Blanquefort près de Bordeaux pour aider sa sœur, la soutenir, moralement et physiquement. Ensemble ils sont les grandes victimes collatérales et invisibles de cet acte meurtrier. Elle surtout – du haut de ses 13 ans, c’est bien elle dont on voit la descente aux enfers même si elle essaie de se raccrocher aux bras de son frère, aux conseils des psys, à l’amour et la gentillesse de son grand père devenu tuteur, et même aux signes que son père meurtrier pourrait lui donner lors de sa visite au parloir. Signes qu’il ne daignera pas donner, en était-il seulement capable. Finalement, cet homme sera coupable non pas d’un meurtre unique – plutôt coupable d’avoir décimé la psyché de toute une famille, y compris celle de ses enfants, son fils et sa fille. Pour elle comme pour lui, ceci n’est pas un fait divers qui surnage tant bien que mal au milieu des news du jour avant d’être jeté à la poubelle avec le reste du journal ; non, ceci est un fait de société.
Avant de vous laisser, je voulais vous dire qu’un autre roman de Philippe Besson a été adapte au cinéma et fait partie de la programmation du French Film Festival de l’Alliance Française qui a lieu en ce moment-même un peu partout en Australie, à commencer par Sydney mais aussi dans l’état de Queensland dans lequel je me trouve – avec des films français à l’affiche du côté de Brisbane et de Gold Coast. Le film s’appelle « Lie with me » en anglais, « Arrête avec tes mensonges » en français dans le texte, et c’est un film d’Olivier Peyon, débordant d’émotion comme le livre, avec dans les rôles principaux Guillaume de Tonquédec, Victor Belmondo et Guilaine Londez. Je vous conseille d’aller le voir si vous en avez l’occasion, tous les détails sont le site de l’Alliance française.
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