Les familles connaissent bien l’acronyme CJC et elles sont nombreuses à vouloir scolariser leur enfant dans cette école primaire bien connue du sud de Melbourne. Les 20 ans tout ronds de son programme bilingue sont aujourd’hui l’occasion de revenir sur son évolution. On en parle avec Chris Chant, le nouveau Principal de Caulfield Junior College, et Caroline Pommier, directrice du programme binational français.
Le grand bâtiment en briques chauffe dur sous le soleil de cette après-midi de décembre. La chanson de Stromae « Papaoutai » résonne à l’extérieur. Est-elle diffusée depuis l’école ou une maison voisine ? On ne saurait dire… Dès l’entrée, on entend parler français, mais Chris Chant, dynamique nouvelle tête de l’établissement (ci-contre), n’a pas eu le temps de s’y mettre et il s’en excuse presque. Souriant, le Principal raconte rapidement qu’il connaissait déjà CJC pour y avoir été dépêché en urgence quelques mois auparavant. « J’ai passé 6 mois ici, et j’ai insisté pour revenir » affirme-t-il. Une volonté clairement exprimée qui dit son envie et se démarque de la nomination parfois subie de ses prédécesseurs.
De 18 à 312 élèves en deux décennies
Le bâtiment de CJC abrite une école publique depuis 1914, une information « qui n’a rien d’un détail, explique le Principal, car cela permet de situer l’établissement dans un contexte historique plus vaste ». CJC est ancré depuis plus d’un siècle dans ce quartier de Melbourne : des élèves, il en a vu défiler et de toutes les nationalités ! En 1998, il a fait un pas important vers les petits Français en accueillant l’Ecole Française de Melbourne (EFM) voulue, organisée et gérée en toute autonomie par des parents très actifs, réunis en association.
A l’époque, une seule classe de 18 élèves est ouverte. En 2019, ils devraient être 312 à suivre le programme bilingue, une progression spectaculaire. Mais outre la capacité d’accueil, la structure elle-même a changé. Il y a deux ans, une majorité de parents a voté pour devenir partie intégrante de CJC, un tournant décisif. « Cela signifie que les familles doivent désormais faire confiance à l’établissement pour gérer le programme, le recrutement, les enfants… » Pas si simple.
« Nous avons traversé une période de transition », explique Caroline Pommier, ravie de pouvoir aujourd’hui compter sur un Principal pérenne bien décidé à valoriser le programme bilingue. « Nous avons parfois eu le sentiment d’être un poids pour CJC, désormais, nous sommes considérés comme un atout qui peut faire la différence. »
Systèmes français et australien apprennent l’un de l’autre
Accrédité par l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger), ce programme dit « French elective » répond aux attentes du curriculum français… en parallèle de celles du département de l’éducation du Victoria. Après avoir testé plusieurs emplois du temps, c’est finalement la formule « un jour sur deux » qui prévaut. Au total, 16 membres du personnel sont complètement francophones et les anglophones se voient proposer des leçons de français. Les deux systèmes vivent-ils bien ensemble ? « Chacun apprend de l’autre », déclare diplomatiquement Chris Chant, ajoutant que ce qui compte, c’est « l’intérêt de l’enfant. »
« Quand je demande à un enseignant français s’il est meilleur après son expérience en Australie, il me répond oui » assure Chris Chant qui insiste sur la bienveillance qui a cours ici. « Il me semble aussi, ajoute-t-il, que notre système est moins individualiste et compétitif ». En termes de niveau académique, tout dépend de l’impulsion donnée par le chef d’établissement. « Les résultats sont importants », s’exclame Caroline, qui précise qu’ils sont publiés chaque année, donc sans échappatoire. Chris est déterminé : il veut que tout le monde progresse. Il l’explique d’ailleurs individuellement à chaque enfant dont il connaît le nom, la race de chien ou la couleur du vélo. Il passe en outre beaucoup de temps dans les couloirs et à la porte de CJC pour saluer les parents. Il veut placer son établissement au même niveau que certaines écoles publiques dites « sélectives », Albert Park, McKinnon ou Brighton Secondary College : un projet ambitieux.
Il reste des places !
A ses débuts, le programme donnait la priorité aux enfants de nationalité française. Cela a changé. Désormais on peut venir de tous horizons, du moment que l’on peut témoigner d’un intérêt pour la langue ou de plusieurs mois de vie en France par exemple. Beaucoup d’élèves viennent aussi d’un circuit international : ils ont été scolarisés en français à Hong-Kong ou Singapour. Ensuite, il faut, de préférence, vivre dans le secteur, à Caulfield. « Nous avons mis en place un système de points transparent et sans entretien. Les parents savent ainsi comment et quelles chances ils ont d’obtenir une place. » C’est aussi la fin des listes d’attente, pour le meilleur ? A voir. En attendant, Caroline Pommier l’affirme : « Il reste des places. » Peut-être pas dans les plus petites classes mais dans les niveaux supérieurs. Et en cours d’année, il y a toujours des entrées possibles car il y a souvent des départs pour l’hémisphère nord avec rentrée en septembre. Il faut tenter sa chance !
Et ensuite ? Près de la moitié des élèves vont à Auburn High ou Glen Eira College (deux structures bilingue ou avec du CNED). Un quart va dans le public et le dernier quart dans le privé. Des données intéressantes, selon Chris Chant qui tient à défendre la qualité des « state schools ». Avant d’être Principal, il a été professeur d’éducation physique et il a aussi eu la responsabilité d’aider les établissements du Victoria à s’améliorer. Il en a eu jusqu’à vingt-huit sous son aile, un travail lourd qu’il a laissé sans états d’âme, préférant de loin le contact de terrain avec les professeurs et les élèves. Ravi d’être à CJC « mon école », il nous donne rendez-vous dans un an pour un premier bilan. On y sera.
Valentine Sabouraud
Caulfield Junior College, 186 Balaclava Rd, Caulfield North VIC 3161. En plus du programme binational français, l’établissement de primaire accueille un programme immersif en hébreu ainsi que l’école russe le dimanche. Plus d’informations ici.
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