L’expatriation, Caroline Bouquet connaît ! Avant Sydney, l’artiste a vécu 4 ans en Egypte et 8 ans à Hong Kong. Si l’ex-gestionnaire de patrimoine a toujours eu un goût prononcé pour la peinture, ce n’est qu’après une longue carrière dans la Banque et avec les encouragements de groupes de femmes artistes en Egypte, qu’elle ose dévoiler son art au grand jour.
Fraîchement diplômée des Beaux Arts de Paris en 2011, Caroline part s’installer à Sydney et devient artiste à plein temps.
Qu’est-ce qui vous a amené en Australie ?
J’ai suivi mon mari qui est parti en tant qu’expatrié. Nous sommes arrivés il y a 4 ans maintenant. On est tombé sous le charme de l’hémisphère sud très vite après notre rencontre, suite à un voyage à Wallis-et-Futuna. On pensait revenir très rapidement mais le destin en a voulu autrement. On a vécu en France et on a eu 4 enfants. Par la suite, on est parti vivre en Egypte puis à Hong Kong. Et nous sommes rentrer vivre en France avant de plier bagage à nouveau, direction l’Australie.
Que pensez-vous de l’Australie ?
C’est bien mais c’est loin ! Bien qu’on ait eu envie d’habiter dans l’hémisphère sud, quand je suis arrivée ici, j’ai trouvé que les repères étaient bouleversés et qu’il était compliqué de faire avec les 9 ou 10 heures de décalage avec la France. Beaucoup de choses sont semblables à l’Europe mais en fait l’Australie a son identité propre : la culture, la mentalité, l’architecture, la faune, la flore… Et plus on y vit longtemps plus c’est frappant. J’ai vraiment eu besoin d’en parler via mes dessins.
Que faites-vous ici ?
Je suis artiste. Mon sujet de prédilection est intimement lié à mon expérience personnelle. Mon premier livre Five Senses est né de l’idée que les 5 sens sont bouleversés quand on arrive à Hong Kong. En 2013, j’ai renouvelé l’expérience avec la publication de mon livre Mapping Sydney. Encore une fois, il a fallu retrouver mes repères et apprivoiser ce nouveau territoire. J’ai beaucoup pensé aux bagnards arrivés de force il y a 200 ans dans ce pays immense et inconnu.
Je fais de la gravure, de la peinture, des collages… Mais finalement peu importe la technique, j’ai un seul message et c’est celui du rapport à la distance, à la cartographie et à l’empreinte. En ce moment, je travaille sur un nouveau carnet de voyage qui lui s’étend au territoire Australien. Je pars aux quatre coins de l’Australie pour m’imprégner des lieux. J’ai aussi commencé des résidences en terres aborigènes. C’est passionnant ! Les arts aborigènes sont à la fois des arts premiers et des arts contemporains, et souvent, ce sont des représentations de vues aériennes de leurs territoires.
En parallèle de mes carnets de voyage, j’ai créé Le Café des Artistes. L’idée m’est venue des groupes d’artistes que j’ai eu la chance de rencontrer en Egypte et à Hong Kong, et qui ont joué un rôle crucial dans le développement de mon art. Avec les membres du Café des Artistes, on se réunit une fois par mois pour discuter de nos projets personnels, de nos créations. Aux mois de mai/juin, j’organise avec eux une exposition de fin d’année chez moi, ouverte au public.
Qu’est ce qui vous inspire ?
La mer, les vagues… Depuis que je vis à Sydney, mes peintures sont dominées par le bleu. Le bleu ca évoque le « blues », le vague à l’âme… J’habite à Little Bay, et le paysage y est très sauvage. C’est aussi là que l’artiste Christo a emballé la côte avec des kilomètres de bâche pour symboliser l’isolement. C’est drôle le jeu des coïncidences !
Je m’intéresse aussi de prêt à l’art Australien. Brett Whiteley est l’un des artistes qui m’a le plus inspirée. On peut visiter son studio à Surry Hills, c’est à la fois impressionnant et émouvant.
Où aimez-vous vous détendre ?
J’aime particulièrement Botany Bay et ses alentours. L’endroit est beau et riche en symbolique. Quand j’y vais, je me dis toujours que c’est là que tout a commencé, que Cook est arrivé, qu’il a vu la terre, qu’il a trouvé que c’était beau et accueillant. Et 20 ans après, c’est là qu’est arrivé le capitaine Philip avec ses bateaux et sa flotte.
Quel est votre restaurant ou votre bar favori ?
J’aime beaucoup le café de l’Alliance Française, parce qu’il a ce côté « frenchy ». Idéalement situé sur la baie de Coogee, le Barzura est aussi très agréable. Et puis, je vais souvent déjeuner sur la terrasse du Musée d’Art Contemporain, avec vue sur l’Opéra et sur le pont.
Le livre Mapping Sydney est disponible à la librairie Abbeys, à Berkelouw, à la libraire le Forum et à la boutique du MCA.
Aimy Guez
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