Carline Bouilhet n’en est pas à son coup d’essai dans le secteur de l’édition. Cette Française installée en Australie depuis plus de 20 ans publie cette année son 4ème roman en Australie, The Samui Conspiracy, un thriller qui vous emmène aux quatre coins du monde. Nous l’avons rencontrée à cette occasion.
Vous êtes arrivée en Australie en 1996, mais ce n’était pas votre première expérience d’expatriation. Qu’est-ce qui vous y a amené ?
J’ai passé chaque tranche de 20 ans de ma vie sur des continents différents : j’ai grandi en France, puis je suis partie faire mes études aux États-Unis. J’y ai ensuite été professeure d’histoire de l’art à l’université. Mon départ pour l’Australie a simplement été une question de chance. La maison d’arts de la table Christofle m’a proposé un poste à Sydney parce qu’ils savaient que l’expatriation ne me faisait pas peur, et je suis partie ! Aujourd’hui, je n’imagine pas vivre ailleurs qu’en Australie. Même si on y trouve beaucoup moins d’opportunités par son isolement et la petite taille de sa population, c’est un pays très sûr. Aux États-Unis, on ressent constamment un certain danger physique, du fait des lois libérales en termes d’armement.
Vous êtes donc directrice Australie chez Christofle, mais en parallèle vous avez déjà publié 4 romans, et en avez écrit 6 autres. D’où vous vient cette passion ?
J’ai toujours beaucoup écrit. Aux Etats-Unis, je publiais beaucoup de contenus académiques, parce que c’est le standard lorsque l’on est enseignant là-bas. Un peu après mon arrivée en Australie, j’ai déjeuné avec un ami qui travaillait dans le cinéma. Il avait du mal à écrire son nouveau script, et j’ai tenté de le motiver. Il m’a répliqué que j’étais assez mal placée pour le pousser à écrire alors que cela faisait des années que je disais vouloir écrire des romans sans jamais le faire. J’ai commencé mon premier roman ce jour-là, et j’ai été publiée en 2012. Écrire est l’activité qui me rend heureuse, j’écris pour ne pas mourir intellectuellement.
Vous avez depuis publié chez quatre éditeurs différents, trouvez-vous que l’édition en Australie est un milieu ouvert à tous ?
C’est un milieu très compétitif, car les éditeurs refusent de prendre des risques pour des « nouveaux auteurs ». Même après avoir été publié tout le marketing du livre est à la charge de l’auteur, ce qui peut représenter un certain coût, et les éditeurs refusent les romans qui suivent si le premier n’a pas été un best-seller dès les trois premières semaines de sa parution. Beaucoup d’écrivains publient donc leurs manuscrits sous format électronique. Personnellement, je préfère toujours les livres imprimés.
Quels conseils donneriez-vous à des auteurs non-anglophones qui veulent se lancer en Australie ?
Je leur conseillerais d’abord d’écrire en anglais car cela ouvre des portes à un marché conséquent. Pour cela, il faut cependant être totalement bilingue, afin d’éviter des erreurs qui amenuisent la qualité du livre. Sinon je recommande de faire appel à un traducteur, tout en faisant attention à ne pas perdre l’esprit du roman dans la traduction.
Comment décririez-vous ce nouveau livre ?
Tous mes romans commencent sur des faits inspirés de ma vie, et ensuite cette réalité est romancée. Concernant The Samui Conspiracy, il est vrai que j’ai deux sœurs et que j’ai perdu un frère dont le cercueil a été ramené sous scellé. J’ai trouvé cet anonymat très troublant et choquant, et c’est à partir de là que le roman est né. J’ai imaginé comment des sœurs réagiraient à cet évènement. Dans mon livre, elles partagent un rêve qui les emmène jusqu’en Thaïlande, le dernier endroit où leur frère a été aperçu.
En effet, un des personnages principaux de votre livre, Sophie, a grandi en France, étudié aux États-Unis, et habite en Australie. Un peu comme vous finalement.
Oui, les gens peuvent trouver des parallèles, mais pas du tout les mêmes personnalités, mes deux sœurs ne s’y reconnaissent pas.
En 2017, vous déclariez au Courrier Australien commencer les intrigues de vos romans par un titre qui vous inspirait. Cela a-t-il été le cas pour The Samui Conspiracy ?
Je me suis rendue a Koh Samui (Thaïlande) pendant plus de 10 ans 2 à 3 fois par an, c’est un endroit que j’aimais beaucoup par sa beauté, sa culture et ses habitants (hors touristes bien sûr). Samui. Conspiracy. Cela rime et a un sens par rapport à l’intrigue du roman.
Pourquoi avoir choisi d’écrire en anglais plutôt qu’en français ?
Je ne pense pas de la même manière dans les deux langues, et l’anglais est plus adapté à des romans policiers. Il y a un côté immédiat de la langue anglaise qui convient très bien au roman policier.
Un dernier mot ?
J’espère que mon roman fera voyager les lecteurs. Le plus grand compliment que l’on puisse me faire est d’être si passionné par l’intrigue qu’on ne peut plus le refermer.
Pour acheter The Samui Conspiracy, cliquer ici.
Discussion à ce sujet post