Cet article est publié en exclusivité par Le Courrier Australien et l’Alliance française de Melbourne.
S’il n’y avait qu’un acteur français à aimer, on hésiterait peut-être entre Jean-Paul Belmondo et… Jean-Paul Belmondo. Cascadeur hors-pair, personnalité solaire, ami charmeur et facétieux : il a imposé son style dans une carrière prolifique, couronnée à Venise par un Lion d’or en 2016. Cette année, l’Alliance Française Classic Film Festival lui rend hommage avec six de ses films diffusés à Sydney, Canberra, Perth et Melbourne, l’occasion de revenir aux sources de sa légende.
Avant Bébel, l’icône de la nouvelle vague…
« Après Les Blondes, sublimées dans la première édition du Classic Film Festival l’année dernière, nous avons eu envie de mettre un homme à l’honneur », explique Philippe Platel, le directeur artistique du festival. Oui mais… pas n’importe lequel. Entre Alain Delon et Gérard Depardieu, c’est l’acteur Jean-Paul Belmondo qui a été choisi. Sa carrière et son énorme succès populaire – 5 millions de spectateurs en moyenne par film – ont bien sûr pesé, mais le festival a décidé d’orienter sa sélection de manière originale et cinéphile.
« Nous avons choisi d’éclairer le parcours de l’acteur à ses débuts, explique Philippe Platel, avant les cartons du box-office comme L’As des As ou Le Professionnel. » Entre 1960 et 1974, Jean-Paul Belmondo a en effet tourné dans de nombreux films d’auteur, certains réalisateurs lui offrant des rôles à contre-emploi avec des personnages ambivalents, mélancoliques ou presque statiques. C’était avant Bébel… Cette année en Australie, les spectateurs découvriront donc ces facettes moins connues de l’acteur avec plusieurs films de La Nouvelle Vague en noir et blanc, récemment restaurés pour certains, et d’autres en couleurs.
Un programme qui joue sur tous les registres
Film de guerre, film d’aventure ou film noir, le Classic Film festival propose une sélection riche et variée. Philippe Platel peut-il nous confier quel est son préféré ? « Absolument pas. Je les aime tous, puisque je les ai choisis personnellement. Dans Léon Morin, prêtre, Jean-Paul Belmondo a un rôle minimaliste qui contraste fortement avec celui qu’il endosse dans L’Homme de Rio où il joue un personnage plein de charme et d’insouciance. Dans Le Doulos, Jean-Paul Belmondo est certes sympathique mais trouble. Quant au Soldat de Week-end à Zuydcoote, il distille une subtile énergie du désespoir. » On est loin des blockbusters habituels, mais les films ont leur personnalité – certains relevant même de l’icône.
« C’est un drôle de concours de circonstances », enchaîne Philippe Platel. « Quentin Tarantino est né l’année de sortie du Doulos et il a souvent cité ce film comme l’une de ses références. Jim Jarmusch ou John Woo aussi d’ailleurs. On peut le considérer à juste titre comme la quintessence du film noir. » Le voir sur grand écran en Australie est une chance qui ne se représentera pas de sitôt.
Un clin d’œil appuyé à l’actualité cinéma
S’il est recommandé de les voir tous, Philippe Platel ose enfin ajouter un septième film hors catégorie puisque Jean-Paul Belmondo n’y joue pas. « C’est un beau hasard du calendrier que je voudrais mettre en exergue en suggérant aux spectateurs de voir Dunkirk (de Christopher Nolan) en parallèle de Week-end à Zyudcoote. » En effet, les deux films se complètent, puisqu’ils évoquent la même période de l’histoire… chacun la traitant de façon très différente. L’un est surtout visuel et met en avant la masse plutôt que l’individu. L’autre donne plus de clés, avec des références historiques et des personnages principaux auxquels se raccrocher.
« Ce qui est intéressant, c’est que le début des deux films est presque le même avec un procédé narratif qui permet de situer le contexte immédiatement (diffusion de tracts de propagande par les airs, Ndlr). Comparer ces deux scènes d’entrée très similaires offre une vraie leçon de cinéma. » Avis aux étudiants et autres passionnés d’histoire.
Cette année, le festival débutera le 23 août à Sydney. Il tournera ensuite dans les grandes villes du pays. Un pass propose 3 films pour 39 $… une opportunité à saisir ! Et si vous êtes fan de cinéma français, n’oubliez pas que le French Film Festival revient dans quelques mois. Philippe Platel y travaille déjà.
Valentine Sabouraud
Alliance Française Classic Film Festival : 6 films dans 4 grandes villes australiennes
> LÉON MORIN, PRIEST (Léon Morin, prêtre) – 1961 (drame) version restaurée
De Jean-Pierre Melville avec Jean-Paul Belmondo, Emmanuelle Riva, Irène Tunc…
> DOULOS: THE FINGER MAN (Le Doulos) – 1963 (policier) version restaurée
De Jean-Pierre Melville avec Jean-Paul Belmondo, Serge Reggiani, Jean Desailly…
> THAT MAN FROM RIO (L’homme de Rio) – 1964 (aventure)
De Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais
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> WEEKEND AT DUNKIRK (Week-end à Zuydcoote) – 1964 (guerre) version restaurée
De Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, Catherine Spaak, Jean-Pierre Marielle…
> PIERROT LE FOU (Pierrot le fou) – 1965 (thriller – romance)
De Jean-Luc Godard avec Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Graziella Galvani…
> STAVISKY – 1974 (drame)
De Alain Resnais avec Jean-Paul Belmondo, Anny Duperey, Charles Boyer, Gérard Depardieu…
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A Sydney : du 24 au 27 août au Palace Norton Street / Hayden Orpheum Picture Palace
A Canberra : du 31 août au 3 septembre au Palace Electric Cinema
A Perth : du 1er au 3 septembre au Blacklot Perth
A Melbourne : du 12 au 15 octobre à The Astor Theatre
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