Laurent-Frédéric Bollée et Laura Guglielmo,Les horizons amers, Paris :Robinson, 2023, 352 pages. ISBN : 978-2-01629- 117-7, 25 €
Laurent-Frédéric Bollée – co-auteur de Terra Australis (2013)et Terra Doloris (2018) avec Philippe Nicloux – ne démord pas des sagas australiennes de peuplement qu’il produit à intervals réguliers, tous les cinq ans. Après deux intrigues qui se nouent autour de l’implantation et de l’évasion des colons, le scénariste orléanais met désormais l’accent sur la circumnavigation et la cartographie de l’Australie avec, au cœur du récit, l’épopée audacieuse du capitaine anglais Matthew Flinders.

L’histoire de l’île-continent, on le sait, est scandée par les voyages maritimes dont le plus infortuné est sans doute le naufrage du Batavia au 17e siècle qui inspira de nombreux romans dont The Bellarmine Jug (1984) de Nicholas Hasluck ou The Company : The Story of a Murderer (2000) de Arabella Edge (lire Jean-François Vernay, Panorama du roman australien). Puis il y eut la venue du Capitaine Cook en 1770 et l’arrivée de la Première Flotte du Capitaine Arthur Phillip en 1788, événement que retrace Terra Australis (2013).
Les lecteurs retrouveront dans le premier album de cette trilogie toute la genèse de l’Australie, de la périlleuse traversée maritime (à savoir le convoi des premiers forçats britanniques sous le commandement du capitaine Arthur Phillip) jusqu’à l’implantation de la colonie sur des terres hostiles. Alors que le deuxième tome, Terra Doloris (2018), retrace ce moment précis où la colonie anglaise des antipodes se transformait en une « prison à ciel ouvert » (Éditions Glénat, p. 60), l’action des horizons amers se situe quant à elle à l’aube du XIXème siècle, peu après la date officielle de la colonisation de l’Australie.
Nantie de l’admirable dessin au trait de Laura Guglielmo, qui n’est pas sans rappeler celui de Corto Maltese qui fleure l’exotisme des mers du Sud, cette édition cartonnée aux couleurs passées se lit comme une fresque historique atemporelle. Le scénariste Laurent-Frédéric Bollée parvient habilement à nous propulser dans le passé pour suivre l’histoire trépidante et riche en péripéties d’un Matthew Flinders, plus déterminé que jamais face à la concurrence du navigateur français Nicolas Baudin, tous deux des pièces maîtresses sur l’échiquier géopolitique des enjeux coloniaux de l’époque, au moment même où tant l’empire britannique que français cherchaient à étendre leurs zones d’influences dans le Pacifique. Le graphisme précis et la qualité du récit sont une invitation immersive à ce voyage qui permettra aux lecteurs de se faire explorateurs d’un autre temps.
Jean-François Vernay.
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