Alors que l’Islande pourrait devenir le premier pays européen à interdire totalement la circoncision à but non médical, l’opération est de moins en moins pratiquée chez les nouveaux-nés australiens. Explications.
S’il y a bien une opération qui suscite doutes et interrogations, c’est la circoncision. Réalisée depuis l’Antiquité, cette pratique commune dans les religions juive et musulmane consiste à retirer le prépuce, c’est-à-dire le repli de peau à l’extrémité du pénis, pour laisser le gland en permanence à découvert. Elle peut être pratiquée pour des motifs religieux, culturels, mais aussi médicaux : on parle alors de « posthectomie ». D’après un rapport de l’OMS, en 2009, 661 millions d’hommes de plus de 15 ans étaient circoncis dans le monde, soit un tiers de la population masculine mondiale.
Si en France, la circoncision est peu pratiquée (14% des hommes se déclaraient circoncis en 2008, selon un sondage TNS), elle concernait en Australie près de 60% des hommes en 2009, toujours selon l’OMS. Depuis quelques années, la pratique est néanmoins largement en baisse. D’après les données fournies par Medicare, 6309 nouveaux-nés auraient été circoncis en 2016/2017, contre 19 663 en 2007/2008. Les données de Medicare ne sont certes pas exhaustives, n’incluant notamment pas toutes les circoncisions pratiquées hors d’un cadre médical. Reste qu’aujourd’hui, il n’y aurait plus que 32% des hommes de moins de 30 ans qui seraient circoncis en Australie.
Peser le pour et le contre
Pour le professeur Paul Colditz, du département de pédiatrie du Royal Australasian College of Physicians, deux raisons expliqueraient cette baisse de la pratique de la circoncision en Australie. « S’il n’y a plus aujourd’hui que 4% des nouveaux-nés qui sont circoncis, c’est d’abord parce que le nombre de nouveaux pères non-circoncis augmentent, explique-t-il. Or, si vous n’avez vous-mêmes pas été circoncis, vous n’êtes pas incités à demander cette opération pour votre enfant. » D’autre part, le Pr. Colditz estime que le niveau de connaissances des parents sur la circoncision rentrerait lui aussi en jeu : « Nous sommes aujourd’hui dans une époque où tout le monde se demande si cette opération vaut le coup, si elle est efficace, et quels en sont les risques. D’après moi, les gens pèsent de plus en plus le pour et le contre, et, sur la base des connaissances actuelles sur le sujet, en viennent dans la plupart des cas à rejeter l’idée de faire circoncire leur fils ».
Il convient toutefois de rappeler que les bénéfices et les risques de la circoncision font toujours débat au sein de la communauté scientifique. D’un côté, de nombreuses instances médicales comme le Royal Australasian College of Physicians, la Royal Dutch Medical Association ou la British Association of Paediatric Urologists mettent en avant les risques de complications médicales liées à la circoncision, soulignent les problèmes posés par l’opération au regard du droit à l’intégrité physique, et en questionnent les bénéfices médicaux. A l’inverse, aux Etats-Unis, l’American Academy of Pediatrics affirme que les avantages de la circoncision des nouveau-nés surpassent les risques, tandis que, depuis 2007, l’OMS et l’ONUSIDA recommandent la circoncision dans les zones fortement touchées par le sida au motif que l’opération permet de réduire fortement le risque de transmission du VIH pour le partenaire masculin lors de rapports hétérosexuels.
Source : sbs.com.au
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